Le silence des pantoufles est plus dangereux que le bruit des bottes » Texte de Martin Niemöller (1892-1984) > > > Un homme dont la famille faisait partie de lâaristocratie allemande, avant la seconde guerre mondiale, possĂ©dait un certain nombre de grandes usines et
Photo. Aujourdâhui, lâEtat de droit est mort. Ou peut-ĂȘtre hier je ne sais pas. Jâai reçu une notification sur mon portable Vote Ă lâAssemblĂ©e Nationale. 415 voix pour, 127 contre. Le projet de loi sĂ©curitĂ© est adoptĂ©e ». Cela ne veut rien dire. CâĂ©tait peut-ĂȘtre hier. Beaucoup auront sans doute reconnu dans ces quelques mots introductifs un rappel de lâincipit de LâEtranger dâAlbert Camus. Si jâai souhaitĂ© dĂ©buter ce billet grave par une telle analogie câest bien parce que je me sens complĂštement Ă©tranger Ă cette sociĂ©tĂ© de la suspicion quâils sont en train de construire, cette sociĂ©tĂ© oĂč chacun surveille autrui, cette sociĂ©tĂ© oĂč il y aura demain une prĂ©somption de culpabilitĂ© de philosophe franco-algĂ©rien met en scĂšne, dans son roman, la thĂšse philosophique quâil porte dans son essai sur lâabsurde, Le Mythe de Sisyphe. Dans ledit essai, il affirme que la seule question philosophique vraiment sĂ©rieuse est celle du suicide. Il me semble quâil est possible de paraphraser les dires de lâintellectuel et dâaffirmer que dans un systĂšme qui se prĂ©tend ĂȘtre un Etat de droit il nây a quâune question vĂ©ritablement sĂ©rieuse, celle des libertĂ©s publiques. Quâest lâEtat de droit sinon un rĂ©gime qui protĂšge tous ses rĂ©sidents de lâarbitraire Ă©tatique ? Un Etat oĂč les pouvoirs sont clairement sĂ©parĂ©s et non infĂ©odĂ©s les uns aux autres ainsi que lâexpliquait dĂ©jĂ Montesquieu en son temps ? En regard de cette dĂ©finition, il ne me parait malheureusement pas exagĂ©rĂ© de dire que depuis mardi 3 octobre 2017 et le vote de ce projet de loi monstrueux, la France est sortie de lâEtat de lĂ©gislateurs criminelsMardi lors du vote, il flottait comme un air de 1940 au-dessus du Palais Bourbon. Les 127 dĂ©putĂ©s qui ont votĂ© contre ce projet de loi qui dĂ©nature totalement notre rĂ©gime en faisant de lâĂ©tat dâexception la norme ressemblaient furieusement Ă ces 80 parlementaires qui ont refusĂ© de donner les pleins pouvoirs au marĂ©chal PĂ©tain le 10 juillet 1940. Il ne sâagit bien Ă©videmment pas de dire que nous sommes dans la mĂȘme situation quâen cette sombre Ă©poque ni mĂȘme de jouer les Cassandre mais simplement de remarquer que, de la mĂȘme maniĂšre que les 80 parlementaires reprĂ©sentaient en 1940 lâhonneur dâune RĂ©publique souhaitant rester debout devant lâoccupant nazi, les 127 dĂ©putĂ©s ayant votĂ© contre le projet de loi sĂ©curitaire et liberticide, dĂ©sormais adoptĂ©, sont la figure martyrisĂ©e dâune RĂ©publique qui ne veut pas se travestir au prĂ©texte dâune lutte qui nâest pas la de ces considĂ©rations, les 415 dĂ©putĂ©s ayant votĂ© pour lâadoption de ce projet de loi sont Ă mes yeux des criminels. Criminels Ă lâĂ©gard de lâavenir, criminels Ă lâĂ©gard de tous ceux qui vont subir injustement les foudres dâun systĂšme disciplinaire et liberticide Ă©tant dĂ©sormais la norme mais surtout criminels envers nos droits et donc leurs propres droits, les dĂ©putĂ©s qui ont votĂ© favorablement en laissant leur dignitĂ© et leur dĂ©cence enfouies bien plus profondĂ©ment que ne lâest la fosse des Mariannes sont lâautre face de la bĂȘte immonde qui frappe le monde et fauche des vies. Djihadistes et hauts fonctionnaires / Sont les deux faces dâune mĂȘme piĂšce » rappe MĂ©dine dans Allumettes. Il faudrait y ajouter ces dĂ©putĂ©s qui parient et jouent sur les peurs et les plus viles passions de lâĂȘtre humain. LâHistoire jugera leurs actes et jâose espĂ©rer quâelle le fera sĂ©vĂšrement, tant leur inconscience ou leur cynisme va avoir des consĂ©quences court-termisme mortifĂšreQue guide, en effet, le vote de cette loi sinon le court-termisme le plus absolu ? Câest effectivement pour de sombres raisons politiciennes que la gangrĂšne a Ă©tĂ© enfoncĂ©e plus profondĂ©ment dans notre systĂšme. Monsieur Macron avait promis de sortir de lâĂ©tat dâurgence et en intĂ©grant toutes les mesures ou presque de lâĂ©tat dâexception dans la loi, il va pouvoir se targuer dâavoir tenu sa promesse de sortir de lâĂ©tat dâurgence. A ceci prĂšs que ce sera une sortie pour mieux y entrer de maniĂšre perpĂ©tuelle puisque lâĂ©tat dâurgence est appelĂ© Ă devenir obsolĂšte dans la mesure oĂč le droit classique contiendra les principales mesures perquisition administrative, interdiction de dĂ©placement, assignation Ă rĂ©sidence arbitraires de lâĂ©tat dâurgence. Parce que câest bien cela qui sâest jouĂ© en ce triste 3 octobre 2017, la fin de lâEtat de droit, le crĂ©puscule dâune sociĂ©tĂ© non-arbitraire, lâattentat le plus grand contre les libertĂ©s. DĂ©sormais, au prĂ©texte de motifs aussi flous quâĂ©vanescents, lâEtat pourra dĂ©cider de persĂ©cuter et dâharceler des terroristes potentiels dont la dĂ©finition pourra allĂšgrement ĂȘtre modifiĂ©e selon les circonstances ou le pouvoir en se rappelle que lâĂ©tat dâurgence avait Ă©tĂ© utilisĂ© pour rĂ©primer des contestations sociales ou Ă©cologistes. Rien ne nous dit que ce nouvel arsenal lĂ©gislatif liberticide ne sera pas utilisĂ© Ă nouveau contre les opposants politiques et contre la rue ainsi que la caste appelle dĂ©daigneusement les mobilisations sociales du haut de sa dĂ©mophobie patente. Nombreux sont pourtant ceux Ă accepter ce totalitarisme doux qui sâannonce au prĂ©texte quâils nâauraient rien Ă se reprocher. Les mĂȘmes expliquent que si lâon nâa rien Ă se reprocher lâon nâa rien Ă craindre de ces lois liberticides mais dĂ©fendre les libertĂ©s des gens qui nous ressemblent ça nâest pas dĂ©fendre la libertĂ©, simplement ses petits intĂ©rĂȘts. Au-delĂ de ça, lâĂ©tat dâurgence a montrĂ© Ă quel point ces pratiques se passant de lâautorisation judiciaire Ă©taient bien plus prĂ©sentes pour persĂ©cuter quâautre chose. Sur les prĂšs de 6000 perquisitions administratives quâil faudra dĂ©sormais appeler visites domiciliaires », une pratique que nâaurait pas reniĂ© le novlangue orwellien, seulement 20 personnes ont Ă©tĂ© mises en examen pour un lien quelconque avec le terrorisme. 99,7% des perquisitions administratives Ă©taient donc abusives et ont sans doute créé ou renforcĂ© une dĂ©fiance Ă lâĂ©gard de lâEtat. Parce que câest lĂ lâun des points les plus dramatiques de cette frĂ©nĂ©sie sĂ©curitaire elle ne fait que renforcer la dĂ©fiance voire la haine que certains peuvent avoir envers lâEtat et elle peut mĂȘme crĂ©er cette dĂ©fiance chez des personnes qui Ă©taient Ă mille lieues dâun tel ressentiment. MĂȘme dâun point de vue pratique, ces mesures sont absurdes. La gangrĂšne injectĂ©eAu cours de la campagne prĂ©sidentielle â et encore plus lors de lâentre-deux tours â les injonctions Ă ne pas laisser le pouvoir Ă Madame Le Pen et in fine au Front National ont Ă©tĂ© lĂ©gion. Lâun des principaux arguments matraquĂ©s comme une antienne a sans doute Ă©tĂ© de dire quâau vu de nos institutions et de lâĂ©tat dâurgence, lâarrivĂ©e du parti dâextrĂȘme-droite aurait vite fait de transformer la France en rĂ©gime autoritaire. Il est assez dĂ©licieux de constater le cynisme de tous ces antifascistes dâopĂ©rettes qui sâoffusquent tous les cinq ans au moment de lâĂ©lection puis retournent Ćuvrer pour construire la parfaite petite boite Ă outil du dirigeant fasciste le reste du temps. Il est, en effet, ironique de voir ces antifascistes dâun mois ĂȘtre Ă©pouvantĂ© de lâarrivĂ©e au pouvoir de lâextrĂȘme-droite et de ce quâelle pourrait faire avec les outils Ă sa disposition sans jamais remettre en question lesdits outils et mĂȘme pire en les utilisant allĂšgrement pour mater les opposants quâils soient politiques ou membre de la mobilisation postulat de base est sans doute de croire que lesdits outils sont axiologiquement neutres, quâils ne sont pas porteurs en eux-mĂȘmes dâune vision de la sociĂ©tĂ© â il est dâailleurs assez intĂ©ressant de constater que les mĂȘmes ont une maniĂšre identique de voir les outils du nĂ©olibĂ©ralisme et le New Public Management notamment. Il va sans dire que je suis farouchement opposĂ©e Ă cette vision des choses. Je crois, en effet, que, tout comme le chemin est aussi sinon plus important que le point dâarrivĂ©e, les outils utilisĂ©s sont aussi sinon plus importants que la politique que lâon entend mener. Aussi ces mesures liberticides sont-elles, Ă mes yeux, pareilles Ă une gangrĂšne quâon enfonce toujours un peu plus profondĂ©ment. LâHistoire mĂȘme de lâĂ©tat dâurgence nous lâa appris. NĂ© en 1955 en pleine guerre dâAlgĂ©rie, il a accouchĂ© dâune RĂ©publique tortionnaire oĂč les pouvoirs spĂ©ciaux avaient Ă©tĂ© votĂ©s. 72 ans plus tard, loin dâavoir pris sa retraite, voilĂ lâĂ©tat dâurgence qui aboutit Ă la construction dâun systĂšme monstrueux qui remet en cause comme jamais lâEtat de droit dans notre pays. Un jour ou lâautre, si rien nâest fait pour aller contre cette bĂȘte immonde que nous nourrissons, ce systĂšme tombera dans des mains qui feront ressurgir le fascisme dans sa version la plus dure. Celui-ci en effet, comme lâexplique trĂšs poĂ©tiquement Camus dans La Peste, nâest jamais vaincu et son bacille peut se rĂ©veiller bien des dĂ©cennies aprĂšs que lâon croyait lâavoir silence terrifiantPar-delĂ lâinconscience et le caractĂšre totalement cynique du comportement des dĂ©putĂ©s ayant votĂ© pour ce projet de loi, il est un Ă©tat de fait que je trouve particuliĂšrement effrayant le silence presque total qui accompagne cet enterrement de lâEtat de droit. Les grands mĂ©dias, supposĂ©s ĂȘtre les chiens de garde de la dĂ©mocratie et de lâEtat de droit, sont bien silencieux sur ce quâil se passe actuellement alors mĂȘme que câest une vĂ©ritable catastrophe au sens grec du terme le renversement auquel nous sommes en train dâassister. Nous basculons de lâEtat de droit, certes dĂ©jĂ fortement amochĂ©, Ă un totalitarisme mou et personne ne trouve rien Ă redire. Câest sans doute cela le plus effrayant et comme le disait si bien Benjamin Franklin, un peuple prĂȘt Ă sacrifier un peu de libertĂ© pour un peu de sĂ©curitĂ© ne mĂ©rite ni lâune ni lâautre, et finit par perdre les deux ». Bien plus que le bruit des bottes qui se fait entendre câest le silence des pantoufles qui est Ă la fois glaçant et serait facile de concentrer ses critiques sur les mĂ©dias qui ne joueraient pas le rĂŽle qui est censĂ© leur ĂȘtre dĂ©volu. Toutefois, adopter une telle position serait Ă la fois facile et partial. Le silence des pantoufles ça nâest pas seulement le silence des mĂ©dias mais aussi notre silence Ă nous tous autant que nous sommes. Pourquoi sommes-nous des centaines de milliers dans la rue pour protester contre la casse sociale et ne manifestons-nous pas pour protĂ©ger nos libertĂ©s publiques ? La question sociale serait-elle plus importante que celle des libertĂ©s publiques ? Je crois au contraire que sans libertĂ©s publiques il nây aura plus de moyens de lutter pour de meilleures conditions sociales. Sans doute cette indiffĂ©rence Ă cette question â aussi scandaleuse que lâindiffĂ©rence au sort des migrants â est-elle liĂ©e aux termes thĂ©oriques associĂ©s au dĂ©bat. Comme lâexplique trĂšs bien FrĂ©deric Lordon dans Les Affects de la politique, pour quâun argument pĂ©nĂštre et infuse les masses politiques, il faut rendre le problĂšme concret aux yeux des citoyens. En prenant lâexemple de la surveillance gĂ©nĂ©ralisĂ©e aux Etats-Unis, le sociologue et Ă©conomiste montre bien cette dynamique aussi longtemps que lâon parle de maniĂšre abstraite de surveillance globale le sujet nâintĂ©resse pas mais dĂšs lors que lâon explique par exemple que lâĂ©tat pourrait voir vos parties intimes alors les oreilles sâouvrent et la rĂ©volte naĂźt. VoilĂ quel est lâenjeu afin de pouvoir sâĂ©poumoner comme lâĂ©crivait Camus dans LâHomme rĂ©voltĂ©, je me rĂ©volte donc nous sommes ». Il est grand temps de transformer ces idĂ©es en force en suivant le prĂ©cepte de Marx une idĂ©e devient une force lorsquâelle sâempare des masses ».Nous le voyons donc, câest un vĂ©ritable monstre sĂ©curitaire et liberticide qui vient dâĂȘtre libĂ©rĂ©. Dâaucuns expliqueront que lâattentat de Marseille montre que de telles mesures sont nĂ©cessaires. Je crois au contraire que rendre hommage Ă toutes les victimes du terrorisme est prĂ©cisĂ©ment de ne pas renier nos valeurs ou notre Etat de droit. A tous ceux qui rĂ©pĂštent telle une litanie lâargument du si on nâa rien Ă se reprocher on nâa rien Ă craindre », jâaimerais rappeler les mots du pasteur Martin Niemöller Quand les nazis sont venus chercher les communistes, je nâai rien dit, je nâĂ©tais pas communiste. / Quand ils ont enfermĂ© les sociaux-dĂ©mocrates, je nâai rien dit, je nâĂ©tais pas social-dĂ©mocrate. / Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je nâai rien dit, je nâĂ©tais pas syndicaliste. / Quand ils sont venus me chercher, il ne restait plus personne pour protester ». Puissent ces phrases rĂ©sonner dans leurs tĂȘtes creuses. Dans cette longue nuit qui sâannonce, nous devons nous atteler, je crois, Ă tenter de rallumer les Ă©toilesSource
Le bruit des bottes et le silence des pantoufles » PubliĂ© le 22 mars 2014 par jean-paulmarthoz. Tweet; Tweet; Ils Ă©taient des opposants, ils sont devenus des traĂźtres. Dans lâemballement nationaliste qui a saisi la Russie depuis lâĂ©clatement de la crise en Ukraine, il y a encore moins de place aujourdâhui pour ceux qui contestent Vladimir Poutine. Les services de
Ătiquette Kommandantur 6 juin 2019 Pire que le bruit des bottes, le silence des pantoufles ! par Claude Janvier auteur de Coup de Gueule dâun jour, Coup de Gueule toujours ! aux Ăditions du Ver Luisant. La corvĂ©e est enfin terminĂ©e. Vous venez de voter pour les EuropĂ©ennes 2019. Le mĂȘme cirque vous sera proposĂ© pour les municipales en 2020. Dâici lĂ , dormez tranquilles braves gens, La Dictature En Marche veille sur vous LDEM Rappel de quelques chiffres â RN 23,3 % [âŠ]
Pire que le bruit des bottes, le silence des pantoufles ». Cette phrase de Max Frisch, dont on cĂ©lĂšbre aujourdâhui le 100Ăšme anniversaire de la naissance, dĂ©signe par
Je trouve cette phrase cĂ©lĂšbre tellement d' repensais justement Ă un pote quand cette phrase m'est venu, dĂšs qu'on lui posait des questions sur un sujet d'actualitĂ© genre le mariage gay, le hallal Ă l'Ă©cole, la gay pride il me disait toujours "bof, tu sais, moi je m'en fous, les gens font ce qu'ils veulent etc...Bordel c'est tellement la solution de facilitĂ© ça Cette maniĂšre un peu vicieuse de vouloir toujours prĂ©server la paix sociale, pendant que certains souffrent en silenceA croire qu'aujourd'hui en France prendre partie, mĂȘme modĂ©rĂ©ment, c'est dĂ©jĂ un tort
Pire que le bruit des bottes, le silence des pantoufles" Accueil; Articles; Photos; Articles. Tous les articles; Album photos. Toutes les photos ; Diaporama; Membres. 4 membres. Pour ĂȘtre tenu au courant des futures mises Ă jour du blog et y participer, inscrivez-vous: S'inscrire au blog. A dĂ©couvrir. Tous les partenaires; Proposer un partenaire; Politique de confidentialitĂ© du blog Ce
Pire que le bruit des bottes le silence des pantoufles. » Max Frisch, 29 mars 1958. Il y a trente ans, le 4 avril 1991, est mort Ă Zurich lâĂ©crivain suisse Max Frisch Ă quelques jours de ses 80 ans il est nĂ© le 15 mai 1911 Ă Zurich. Il fait partie des grands Ă©crivains de langue allemande de la seconde moitiĂ© du VingtiĂšme siĂšcle, avec Friedrich DĂŒrrenmatt. Auteur de journaux, de romans, de piĂšces de théùtre, Max Frisch fut une figure suisse de lâengagement, conscience "de gauche", pacifiste il Ă©tait pour une "Suisse sans armĂ©e" en 1989 et terriblement anxieux face Ă lâamour et Ă la mort. Ăcrivain trĂšs engagĂ©, dans le sillon de lâexistentialisme et marquĂ© par lâĆuvre de Bertolt Brecht quâil a rencontrĂ©, il fut dâabord architecte, fils dâarchitecte, dirigeant un bureau dâĂ©tudes pendant une quinzaine dâannĂ©es il a conçu une piscine Ă Zurich devenue monument historique avant de se consacrer totalement Ă lâĂ©criture. Ses premiĂšres publications datent de 1934 il avait 23 ans. Il est allĂ© en Allemagne la premiĂšre fois en 1935, en pleine effervescence nazie. Dans sa vie littĂ©raire, il a habitĂ© aprĂšs la guerre Ă Rome en 1960 et Ă Berlin en 1973 oĂč il a Ă©crit son "Journal Berlinois". Usant souvent dâironie, Max Frisch est devenu cĂ©lĂšbre aprĂšs la sortie de "Stiller" en 1954 et de "Homo Faber" en 1957, le plaçant devant ses responsabilitĂ©s dâhomme public. "Homo Faber" fut un best-seller traduit dans de nombreuses langues, et fut mĂȘme adaptĂ© deux fois au cinĂ©ma. Comme beaucoup de ses Ćuvres, ce livre contient des indications autobiographiques et revient sur le thĂšme de lâidentitĂ©. La vie de Max Frisch principal ingrĂ©dient de ses Ćuvres ? Cela paraĂźt trĂšs probable. Selon IrĂšne OmĂ©lianenko, sur France Culture le 28 aoĂ»t 2016 Le vertige identitaire de Frisch trouverait Ă la fois un socle, mille possibilitĂ©s dâamĂ©nagement, et surtout un axe autour duquel enrouler la fiction comme autant de plans dessinĂ©s prĂ©cisĂ©ment, rötring et tĂ© Ă plat sur le papier. ». Max Frisch lâengagĂ©, câest sans doute lâaspect la plus parlant de son Ćuvre. Dans sa piĂšce "Monsieur Bonhomme et les incendiaires" créée le 29 mars 1958 Ă Zurich, Max Frisch a Ă©crit cette formule cĂ©lĂšbre Pire que le bruit des bottes le silence des pantoufles. ». En quelque mot, sans mĂȘme de verbe, dâune concision suprĂȘme, il rĂ©sume la lĂąchetĂ© des citoyens libres qui boudent leur dĂ©mocratie. Avocat genevois, dĂ©putĂ© et ministre suisse, Mauro Poggia a en effet expliquĂ© le contexte de cette phrase le 15 mai 2011 100e anniversaire de la naissance de Max Frisch Ce nâest pas la dictature ou la tyrannie dâun homme ou dâun rĂ©gime que nous devons craindre, mais bien la sournoise victoire du conformisme et de la dĂ©mission des esprits. Max Frisch lâavait bien compris. Au sortir de la guerre, la Suisse avait Ă©chappĂ© au pire de la violence et de la nĂ©gation de lâHomme, mais le fait dâavoir dĂ» se battre bien moins quâailleurs pour maintenir la dĂ©mocratie et rĂ©tablir lâĂtat de droit, nâavait sans doute pas permis de sensibiliser autant quâailleurs la population sur lâimpĂ©rieuse nĂ©cessitĂ©, mais aussi lâincomparable privilĂšge de pouvoir sâexprimer sur lâavenir de la nation. ». Et de poursuivre avec une pointe de culpabilisation Les dĂ©cennies ont passĂ©, mais le danger menace plus que jamais. Alors quâailleurs, des hommes et des femmes sont prĂȘts Ă donner leur vie pour accĂ©der Ă la dĂ©mocratie, chez nous [en Suisse], 60% des citoyens considĂšrent sans doute indigne de leur emploi du temps de consacrer quelques minutes pour exprimer leur point de vue sur les sujets qui leur sont soumis, ou pour Ă©lire ceux qui devront les reprĂ©senter Ă la tĂȘte de lâĂtat. » Mauro Poggia. Cet aspect-lĂ de lâĆuvre de Max Frisch, celui de lâengagement, est lâune des trois faces du "philosophe" Frisch dĂ©finies par RĂ©gine Battiston, professeure de littĂ©ratures germaniques Ă lâUniversitĂ© de Haute-Alsace, dans un article pour la revue "Germanica" n°48 en 2011, oĂč elle Ă©voque trois pĂ©riodes de lâaventure littĂ©raire de Max Frisch existence et identitĂ© ; altĂ©ritĂ© et engagement ; dĂ©sillusion et transcendance. Elle explique notamment Ă la recherche de leur Moi, les personnages du monde littĂ©raire de Frisch se dĂ©couvrent une identitĂ© plurielle dâĂȘtre en devenir. Le fait dâĂȘtre pour lâAutre, de le chercher, de le rencontrer, dâĂ©chouer aussi dans sa relation Ă lâAutre fĂ©minin, montre un sujet en quĂȘte de lui-mĂȘme et de sa propre identitĂ©, dans la seule voie de vie quâest le chemin difficile Ă deux et en pointillĂ©s aussi. ⊠LâĆuvre de Frisch sâinscrit globalement dans trois grandes phases, qui vont des relations amoureuses et Ă©phĂ©mĂšres, Ă lâengagement citoyen et enfin au pessimisme et Ă la dĂ©sillusion, qui est prĂ©sente Ă travers les mĂ©ditations de la fin de lâĆuvre. ». Quelques petits Ă©chantillons de la pensĂ©e de Max Frisch, Ă©videmment exprimĂ©e parfois par la bouche dâun de ses personnages. Dans "Don Juan, ou LâAmour de la gĂ©omĂ©trie" 1953 Tous les autres maris se sont au moins battus, je suis la seule ici Ă ne pas ĂȘtre veuve. ». Aussi Sais-tu ce que câest quâun triangle ? Une chose inĂ©vitable comme un destin des trois Ă©lĂ©ments que tu possĂšdes ne peut rĂ©sulter quâune figure et une seule et lâespoir, lâapparence de possibilitĂ©s Ă lâinfini qui si souvent jette le trouble dans notre cĆur, se dissipe comme une chimĂšre devant ces trois segments. Une solution et une seule, dit la gĂ©omĂ©trie. Une solution et non pas la premiĂšre venue. ». Encore Pour Dieu, dit-il, et moi, je dis pour la gĂ©omĂ©trie ; tout homme qui reprend ses esprits retrouve quelque idĂ©al supĂ©rieur Ă la femme. ». Dans "Stiller" 1954 Nous vivons au siĂšcle de la reproduction. La plupart des reprĂ©sentations que nous nous faisons du monde, nous ne les avons pas vues de nos propres yeux plus exactement, nous les avons vues de nos propres yeux, mais sans ĂȘtre allĂ©s sur place ; nous voyons les choses de loin, nous entendons de loin, nous connaissons de loin. ». Dans "Homo Faber" 1957 Ce qui mâĂ©nervait les tĂȘtards dans chaque flaque dâeau, dans la moindre petite mare, une foule de tĂȘtards, partout cette obsession de la reproduction, cela pue la fĂ©conditĂ©, la pourriture florissante. ». Aussi Je ne me sens pas bien, quand je ne suis pas rasĂ© ; ce nâest pas pour les autres, mais pour moi-mĂȘme. JâĂ©prouve alors la sensation de devenir quelque chose comme une plante, quand je ne suis pas rasĂ©, et je ne puis mâempĂȘcher de me tĂąter le menton. Jâallai chercher mon appareil et jâĂ©tudiai toutes les possibilitĂ©s, câest-Ă -dire impossibilitĂ©s, puisque sans courant Ă©lectrique il nây a rien Ă faire avec cet appareil, je le sais, et câest bien ce qui mâĂ©nervait ; quâil nây ait pas de courant dans le dĂ©sert, pas de tĂ©lĂ©phone, pas de prise, rien. ». Encore Mon appartement, Central Park West, depuis longtemps me coĂ»tait beaucoup trop cher, deux piĂšces avec jardin sur le toit, situation unique, sans aucun doute, mais beaucoup trop cher quand on nâest pas amoureux. ». Dans "Le DĂ©sert des miroirs" 1964 Ennui en regardant la mer, ennui dĂ©licieux nâĂȘtre pas mort et ne pas ĂȘtre obligĂ© de vivre⊠». Dans "LâHomme apparaĂźt au Quaternaire" 1979 Dieu existerait-il le jour oĂč il nây aurait plus de cerveau humain, qui ne peut concevoir une crĂ©ation sans crĂ©ateur, M. Geiser se le demande. ». Dans "Esquisse pour un troisiĂšme journal" 2010 Notre tourisme, notre tĂ©lĂ©vision, nos changements de mode, notre alcoolisme, notre toxicomanie et notre sexisme, notre aviditĂ© de consommation sous un feu roulant de rĂ©clames, etc., tĂ©moignent de lâennui gigantesque qui affecte notre sociĂ©tĂ©. Quâest-ce qui nous a amenĂ©s lĂ ? Une sociĂ©tĂ© qui, certes, produit de la mort comme jamais, mais de la mort sans transcendance et sans transcendance, il nây a que le temps prĂ©sent, ou plus prĂ©cisĂ©ment lâinstantanĂ©itĂ© de notre existence, sous forme de vide avant la mort. ». Pour terminer ce trĂšs modeste hommage Ă Max Frisch, revenons Ă RĂ©gine Battiston qui concluait ainsi, dans lâarticle dĂ©jĂ citĂ© Pour cet Ă©picurien conscient quâil faut profiter des instants qui nous sont donnĂ©s, ce grand amoureux des femmes et vivant dans la crainte de lâimpuissance, la vieillesse, la dĂ©gĂ©nĂ©rescence, la dĂ©crĂ©pitude et la mort Ă©taient ses pires ennemis. Sâil fut un homme jamais satisfait de ce quâil avait, malgrĂ© les nombreuses rĂ©compenses, les importants succĂšs littĂ©raires et le soutien artistique dont il bĂ©nĂ©ficia, il resta jusquâau bout un homme soucieux de sa postĂ©ritĂ©, des traces quâil laissera et du devenir de son Ćuvre et de lâhumanitĂ©. » 2011. Aussi sur le blog. Sylvain Rakotoarison 03 avril 2021 Pour aller plus loin Max Frisch. Ăric Zemmour. MaĂźtre Capello. Marguerite Duras. Michel Houellebecq. Jacques Rouxel. Roland OmnĂšs. Ăvry Schatzman. De Charles Trenet Ă Claude Lelouch. "Changer lâeau des fleurs" de ValĂ©rie Perrin. Dominique Jamet. Ădouard Glissant. Arnaldur Indridason. Bienvenue Ă WikipĂ©dia ! Friedrich DĂŒrrenmatt. Henri Bergson. Patrice Duhamel. AndrĂ© Bercoff. Jean-Louis Servan-Schreiber. Claude Weill. Anna Gavalda. Alfred Sauvy. Françoise Sagan. Jean dâOrmesson. Les 90 ans de Jean dâO.
Ily a pire que le bruit des bottes, c'est le silence des pantoufles Le 25 octobre 2017 le collectif a envoyé une lettre aux élus ayant voté la loi « renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme » (Messieurs Blanchet, Bouyx, Levigoureux,
Humour EntrĂ©e 15/12/9 euros Le Silence des Pantoufles est aussi terrible que le bruit des bottes » On ne le dira jamais assez, Manu Pratt est diaboliquement drĂŽle et irrĂ©vĂ©rencieux, et est donc rĂ©dempteur. DĂ©noncer par lâhumour ce qui dĂ©range tel est son crĂ©do. CensurĂ© Ă la radio, interdit Ă la tĂ©lĂ©, le seul moyen dâentendre Pratt Le voir sur scĂšne ! Ăa tombe bien on en a encore une⊠Religion, politique, amour, actualitĂ©, tout est dĂ©cortiquĂ©, condamnĂ©, Ă©gratignĂ© par le rire. Toujours aussi caustique, drĂŽle mordant, irrĂ©vĂ©rencieux, sans tabous bref LIBRE !!! Il nây avait que lui pour pondre un titre de spectacle pareil⊠et nous pour lâaccueillir en Auvergne ! âŠPratt est un Humoriste, un rebelle, un terroriste de lâhumour, il nây a que lui et moi qui prenions encore de vrais risques» Marc Jolivet âŠManuel Pratt ne cherche pas Ă choquer pour choquer ; lâintelligence du propos, son talent dâinterprĂšte rĂ©ussissent Ă rendre drĂŽlissimes des rĂ©flexions qui, dites par dâautres, pourraient ĂȘtre insupportables. Cela sâappelle juste le talent » TĂ©lĂ©rama Avec Manuel Pratt, il y a une vraie leçon dâhumanitĂ© par le rire » LibĂ©ration
Plusterrifiant que le bruit des bottes Citations philo | Citations politiques | Citations sur la force « Plus terÂriÂfiant que le bruit des bottes, le silence des pantoufles. » Max Frisch CitĂ© par Maxime Dalle in ElĂ©Âments, n°170, 2018. â
par Claude Janvier auteur de Coup de Gueule dâun jour, Coup de Gueule toujours ! aux Ăditions du Ver Luisant. La corvĂ©e est enfin terminĂ©e. Vous venez de voter pour les EuropĂ©ennes 2019. Le mĂȘme cirque vous sera proposĂ© pour les municipales en 2020. Dâici lĂ , dormez tranquilles braves gens, La Dictature En Marche veille sur vous LDEM Rappel de quelques chiffres â RN 23,3 % â LREM 22,4 % â Abstentionnistes 49,9 % LREM est second derriĂšre le RN. Et en totalisant les abstentionnistes â49,9% â, le RN â 23,3 % â, et les autres, nous obtenons un total de 77,6 % qui ont refusĂ© de voter pour Macron et son parti. DĂ©saveu Ă©norme, mĂȘme si sa porte-parole affirme le contraire cliquez ici. Les mĂ©dias se gaussent dâune participation Ă©lectorale en hausse, mais il y a quand mĂȘme 49,9 % dâabstentionnistes. Bien loin dâĂȘtre neutre ! Nonobstant ces chiffres, jâai poussĂ© lâanalyse un peu plus loin. GrĂące Ă un article trĂšs pertinent de Jean-Loup Izambert on voit que la vĂ©ritĂ© est ailleurs LâHistoire en tĂ©moigne rĂ©sister nâest pas votre fort. Lâoccupation, aujourdâhui, du Capital de vos entreprises par la grande finance spĂ©culative, principalement anglo-saxonne, dans les sociĂ©tĂ©s de bourse avec les consĂ©quences qui en rĂ©sultent pour la santĂ© du pays vous laisse Ă peu prĂšs aussi indiffĂ©rents que celle, hier, de votre pays par le Reich allemand. » Ă ces lignes, vous pouvez froncer les sourcils, câest, ne vous en dĂ©plaise, la triste rĂ©alitĂ©. Petit rappel lors de la IIe Guerre mondiale, moins de 500 000 Français â estimation trĂšs-trĂšs haute » â sur une population de 40 millions de Français en 1940 sâengagĂšrent dans la RĂ©sistance pour dĂ©livrer leur pays. SĂ©nat, sĂ©ance du 10 octobre 1996, question de M. Philippe Marini au ministre dĂ©lĂ©guĂ© aux anciens combattants et victimes de guerre sur la prise en compte, pour le calcul des droits Ă la retraite, des services accomplis dans la RĂ©sistance avant lâĂąge de seize ans. Il est important de rappeler que si un peu plus de 260 000 cartes de Combattant Volontaire de la RĂ©sistance ont Ă©tĂ© dĂ©livrĂ©es jusquâen 1996, tous les rĂ©sistants nâont pas sollicitĂ© la reconnaissance nationale beaucoup sont morts dĂ©portĂ©s, fusillĂ©s ou morts au combat, certains nâont pas pu ou voulu faire âhomologuerâ leurs actions. MĂȘme, en doublant ce chiffre, le nombre de Français engagĂ©s dans la dĂ©fense de leur pays nâa rien de glorieux. Les autres ? Au mieux, ils firent silence, au pire, ils collaborĂšrent avec lâennemi quand ils ne dĂ©nonçaient pas leurs compatriotes Ă la Kommandantur par de faux tĂ©moignages. Soixante-dix ans plus tard, câest encore la France du silence qui lâemporte⊠» Depuis le 17 novembre 2018, le deuxiĂšme plus grand mouvement social aprĂšs Mai 68, secoue le pays du Nord au Sud. Estimation large entre 300 000 et 600 000 personnes dans les rues, avec en plus des sympathisants actifs, sur une population de 66,99 millions de Français. Ai-je besoin de dĂ©velopper plus avant la comparaison ? RĂ©sister nâest pas votre fort effectivement. Vous engager pour une cause non plus. Disparition progressive des gilets jaunes derriĂšre les pare-brise, pourcentage dâabstentionnistes Ă©levĂ©, manque de conviction, etc. Et pourtant, la cause des gueux de ce pays nous concerne tous. Le pourcentage des courageux qui sâengagĂšrent dans la rĂ©sistance en 1940 est quasiment le mĂȘme que le pourcentage des Gilets Jaunes et sympathisants qui osent dĂ©fier la LDEM, La Dictature En Marche. Les abstentionnistes prĂ©fĂšrent aller Ă la pĂȘche plutĂŽt que dâaller voter ou se ruer Ă Lidl pour acheter le dernier autocuiseur Ă la mode. DĂ©finir les prioritĂ©s serait le bienvenu, en en ayant un peu plus dans le pantalon cliquez ici. Pire que le bruit des bottes, le silence des pantoufles ! Coup de Gueule dâun jour, Coup de Gueule toujours ! deClaude Janvier Ăditions du Ver Luisant. EuroLibertĂ©s toujours mieux vous rĂ©-informer ⊠GRĂCE Ă VOUS ! Ne financez pas le systĂšme ! Financez EuroLibertĂ©s ! EuroLibertĂ©s rĂ©-informe parce quâEuroLibertĂ©s est un mĂ©dia qui ne dĂ©pend ni du SystĂšme, ni des banques, ni des lobbies et qui est dĂ©gagĂ© de tout politiquement correct. Fort dâune audience grandissante avec 60 000 visiteurs uniques par mois, EuroLibertĂ©s est un acteur incontournable de dissection des politiques europĂ©ennes menĂ©es dans les Ătats europĂ©ens membres ou non de lâUnion europĂ©enne. Ne bĂ©nĂ©ficiant dâaucune subvention, Ă la diffĂ©rence des mĂ©dias du systĂšme, et intĂ©gralement animĂ© par des bĂ©nĂ©voles, EuroLibertĂ©s a nĂ©anmoins un coĂ»t qui englobe les frais de crĂ©ation et dâadministration du site, les mailings de promotion et enfin les dĂ©placements indispensables pour la rĂ©alisation dâinterviews. EuroLibertĂ©s est un organe de presse dâintĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral. Chaque don ouvre droit Ă une dĂ©duction fiscale Ă hauteur de 66 %. Ă titre dâexemple, un don de 100 euros offre une dĂ©duction fiscale de 66 euros. Ainsi, votre don ne vous coĂ»te en rĂ©alitĂ© que 34 euros. Philippe Randa, Directeur dâEuroLibertĂ©s. Quatre solutions pour nous soutenir 1 Faire un don par virement bancaire Titulaire du compte Account Owner EURO LIBERTES Domiciliation CIC FOUESNANT IBAN International Bank Account Number FR76 3004 7140 6700 0202 0390 185 BIC Bank Identifier Code CMCIFRPP 2 Faire un don par paypal paiement sĂ©curisĂ© SSL Sur le site EuroLibertĂ©s en cliquant, vous serez alors redirigĂ© vers le site de paiement en ligne PayPal. Transaction 100 % sĂ©curisĂ©e. 3 Faire un don par chĂšque bancaire Ă lâordre dâEuroLibertĂ©s Ă retourner Ă EuroLibertĂ©s BP 400 35 â 94271 Le Kremlin-BicĂȘtre cedex â France 4 Faire un don par carte bancaire Pour cela, tĂ©lĂ©phonez Ă Marie-France Marceau au 06 77 60 24 99
Lesilence des pantoufles est plus dangereux que le bruit des bottes. Texte de Martin Niemöller(1892-1984), pasteur protestant arrĂȘtĂ© en 1937 et envoyĂ© au camp de
Tout ça pour ça » Patrick Dupriez fait avec nous le bilan dâune annĂ©e politique mouvementĂ©e. Crise de la gouvernance, changement de majoritĂ© en Wallonie, sortie du nuclĂ©aire⊠nous sommes revenus sur les grand thĂšmes qui ont marquĂ© 2017. Avec de lâactualitĂ© chaude aussi, notamment la gestion de la politique migratoire par Theo Francken que le coprĂ©sident dâEcolo qualifie dâindĂ©cente et inefficace ». Le pire pour lui? Ceux qui ne rĂ©agissent pas le MR dâabord, et la masse silencieuse qui sâen Dupriez, si vous deviez dĂ©finir cette annĂ©e politique en une expression?Si je dois choisir une expression, je dirais tout ça pour ça ». CâĂ©tait une annĂ©e trĂšs agitĂ©e politiquement, au niveau belge francophone, comme au niveau international. Mais dans beaucoup de cas, on peut sâinterroger sur ce qui a rĂ©sultĂ© de cette agitation. Beaucoup dâĂ©nergie politique, beaucoup de dĂ©bats, beaucoup de tension voire de combats entre acteurs politiques. Et finalement pour quel rĂ©sultat par rapport Ă la qualitĂ© de vie des hommes et des femmes de ce pays, par rapport Ă lâavenir des politiques internationales, aux grands enjeux quâon a Ă relever ensemble? Le bilan ne me paraĂźt pas spĂ©cialement rĂ©jouissant mĂȘme si un peu partout sur le terrain, il y a des choses positives qui de guĂ©guerres politiciennes?ĂnormĂ©ment. On lâa vu, singuliĂšrement en Wallonie et Ă Bruxelles, avec cette crise de lâĂ©tĂ© oĂč les gouvernements tombent ou ne tombent pas suite Ă de grandes discussions, sans quâon ne sache trĂšs bien sur base de quel enjeu la crise a Ă©tĂ© dĂ©clenchĂ©e. Et puis il y a un nouveau gouvernement qui sâinstalle en Wallonie, mais en fait, on peine vraiment Ă voir quelle est la diffĂ©rence fondamentale entre les politiques qui sont menĂ©es aujourdâhui par rapport Ă celles qui Ă©taient menĂ©es les affaires Publifin et du Samusocial au-delĂ des fautes personnelles, nâest-ce pas la remise en cause de tout un systĂšme?On ne peut pas considĂ©rer que ces affaires soient simplement le rĂ©sultat de fautes personnelles de lâun ou lâautre individu. Bien sĂ»r quâil y a des gens qui se comportent de façon inadmissible, qui font des erreurs, qui parfois commettent des dĂ©lits totalement inacceptables. Mais si cela a Ă©tĂ© rendu possible dans les deux cas, câest parce quâil y avait un systĂšme. Et ce systĂšme, ce nâest mĂȘme pas quâil dysfonctionne, câest justement quâil fonctionne comme ça. Il fonctionne par un systĂšme de rĂ©partition du pouvoir oĂč on achĂšte un peu le silence des uns en donnant des rĂ©tributions, des avantages qui sont totalement excessifs. Et cette façon dâexercer le pouvoir est un problĂšme parce quâelle dĂ©tourne lâensemble des institutions de lâintĂ©rĂȘt Publifin, câĂ©tait Ă©vident. Quelques personnes avaient un pouvoir absolu pour crĂ©er des sociĂ©tĂ©s, toute une nĂ©buleuse dans lâopacitĂ©, et finalement, il nây a plus de contrĂŽle. Et donc au-delĂ de ce que chacun fait ou ne fait pas, il y a vraiment un enjeu dĂ©mocratique qui est en vue des Ă©lections qui arriventâŠPartout oĂč on se trouve dans les institutions publiques, dans le fonctionnement de la dĂ©mocratie, il faut des contre-pouvoirs. Il y a des gens qui ont des responsabilitĂ©s, qui les exercent plus ou moins bien, mais il faut Ă chaque fois quâil y ait ce quâon appelle une opposition, des gens qui sont prĂȘts Ă mettre le doigt lĂ oĂč ça fait mal, pas parce quâil faut toujours ĂȘtre nĂ©gatifs, mais parce que ce contrĂŽle est important pour Ă©viter les dĂ©rives ou le fonctionnement dâun systĂšme comme celui de Publifin ou du pour lâheure, câest toute la classe politique qui est pointĂ©e du doigt, comment sortir de cette impasse?Ăa accroĂźt la mĂ©fiance des citoyens Ă lâĂ©gard de la politique, câest clair, mais aussi la dĂ©fiance. On entend de plus en plus de citoyens qui ne croient plus que lâaction politique peut changer les choses. Câest trĂšs inquiĂ©tant. Alors pas pour nous, mĂȘme si câest parfois dĂ©sagrĂ©able pour celles et ceux qui sâengagent avec gĂ©nĂ©rositĂ©, avec un idĂ©al, etc. Mais câest surtout inquiĂ©tant pour la dĂ©mocratie. Car si nous ne croyons plus, et jây inclus les citoyens, que lâon puisse changer les choses, que lâon puisse amĂ©liorer les choses en sâengageant, en exerçant des responsabilitĂ©s dans tel ou tel espace, un conseil communal, un parlement, un conseil dâadministration, si on nây croit plus, comment est-ce quâon fait?Bien sĂ»r, chacun peut agir individuellement, mais il y a aussi des dĂ©fis quâon doit relever ensemble. Et pour quâon puisse le faire, il faut de la confiance. Et donc des scandales comme les affaires Publifin et le Samusocial, câest Ă la fois bien et sain au sens oĂč on va modifier les choses, parce quâon a rĂ©vĂ©lĂ© des dysfonctionnements majeurs, mais câest aussi dĂ©sastreux par rapport Ă la confiance que nous pouvons avoir vis-Ă -vis du monde politique de maniĂšre une responsabilitĂ© particuliĂšre pour le Parti socialiste?Oui, mais pas exclusive. Oui parce que le Parti socialiste est dominant en Wallonie, Ă Bruxelles aussi, et depuis longtemps. Et donc, je rĂ©pĂšte, si on veut Ă©viter des dĂ©rives et des scandales, il faut un contre-pouvoir. Quand on a un parti extrĂȘmement dominant, il se comporte en dominant, il se comporte en plaçant ses gens, en attribuant des fonctions, des mandats, parfois aussi des emplois pour des raisons qui sont aristocratiques, politicienne et pas en fonction des compĂ©tencesâŠâŠ mais pour service renduPour service rendu, et ça, câest le dysfonctionnement du systĂšme ou plutĂŽt câest le fonctionnement du systĂšme qui aboutit Ă du pire. Le Parti socialiste est le champion de cette maniĂšre de fonctionner dans notre rĂ©gion Wallonie, ndlr. Mais il est le champion dâabord parce quâil est le plus fort. Parce que quand on regarde le MR et le cdH, les deux autres partis traditionnels, ils ne se comportent pas vraiment diffĂ©remment. Ils ont simplement un peu moins lâoccasion dâoccuper lâespace politique. Et donc câest vraiment cette maniĂšre de faire de la politique, cette maniĂšre dâexercer le pouvoir quâil faut deux affaires ont menĂ© Ă un changement de majoritĂ© en Wallonie, pourquoi Ecolo a dĂ©cidĂ© de ne pas y aller?Vous dites que les deux affaires ont menĂ© Ă un changement de majoritĂ©. Est-ce que câest vraiment ça? Bon, Ă un moment, le cdH a dit on veut changerâ. Je crois plutĂŽt que câest un enjeu du cdH lui-mĂȘme qui a fait quâil y ait eu du changement. Le cdH est un parti vieillissant, un parti qui peine aujourdâhui Ă voir quel est son avenir et qui sâest dit Il faut quâon change quelque chose pour sauver notre peauâ. Parce quâau final, dans lâaffaire Publifin par exemple, le cdH est aussi impliquĂ© que le PS. Alors moi, je nâai pas envie de dire tous pourrisâ ou quoi que ce soit du genre, mais en tout cas, je ne suis pas convaincu que ce qui sâest passĂ©, ce changement de gouvernement, ça soit la rĂ©ponse au scandale Publifin. Mais donc on nous a dit il y a tellement de scandales que lâon doit changer la maniĂšre de faire de la politique, changer la gouvernance, remettre de lâĂ©tique⊠Nous sommes prĂȘts Ă©videment et on le fait sans arrĂȘt. Alors on a commencĂ© Ă nĂ©gocier en disant ok, Ă un an des prochaines Ă©lections, avec un pouvoir limitĂ© â puisquâEcolo aujourdâhui câest seulement quatre dĂ©putĂ©s au Parlement de Wallonie, il faut se rendre compte de ça â on a dit Câest pas grave, on veut bien continuer, mais nous nâentrerons dans un gouvernement que si, vraiment, il y a un accord fort pour dire on change les pratiques politiques, on refonde la dĂ©mocratie pour crĂ©er plus de confiance et plus dâefficacitĂ©â. Au final, nous nâavons pas obtenu ce changement de systĂšme auquel nous aspirions et nous avons dit Ăcoutez, dans ces conditions-lĂ , faites votre gouvernement maintenant, nous, on attendra les prochaines Ă©lections en espĂ©rant les gagner et avoir un meilleur rapport de force pour changer les chosesâ.Ce nouveau gouvernement ne jure que par la transparence pourtant, Ă tort?Il y a des avancĂ©es. Il faut les saluer. Dont par exemple le fait que le nouveau gouvernement ait annoncĂ© que tous les subsides accordĂ©s, toutes les aides Ă lâemploi, seront transparents. Câest une bonne nouvelle âŠ. Maintenant, ce qui fonde lâaction politique dâun gouvernement, ce nâest pas seulement de rĂ©gler le fonctionnement du moteur, mais câest quel horizon. OĂč va-t-on? Il faut que la voiture fonctionne, mais il faut aussi dĂ©finir la destination. Et lĂ pour lâinstant, transparence ou pas transparence, par rapport aux grands enjeux de notre rĂ©gion, câest la continuitĂ©. On a de grands discours sur le changement climatique, mais pas de dĂ©cisions qui nous permettent de penser que la Wallonie va dans une autre direction. On a de grands discours sur le redĂ©ploiement Ă©conomique, mais en fait, on nâa pas lâimpression quâil y a quoi que ce soit qui ait changĂ© par rapport Ă niveau fĂ©dĂ©ral, un grand dossier a marquĂ© cette annĂ©e câest la gestion de la politique migratoire de Theo Francken. Comment la qualifieriez-vous?Alors je vais dâabord prĂ©ciser par Theo Francken ET lâensemble du gouvernement. Theo Francken est le champion de la petite phrase, il est trĂšs mĂ©diatisĂ© pour son action, mais peut-ĂȘtre aussi pour sa communication qui a des effets dĂ©lĂ©tĂšres en termes dâimage politique. Mais câest lâensemble du gouvernement qui endosse une politique que je qualifierais dâindĂ©cente et inefficace. IndĂ©cente parce quâelle mĂ©prise la personne humaine. Quand on a ici, Ă Bruxelles, des hommes, des femmes et des enfants qui dorment dans la rue, dans un parc, en plein hiver, et que ce sont des citoyens qui sâoccupent de les hĂ©berger, mais que le gouvernement dit Non, ils sont illĂ©gaux, donc on peut les laisser dans le froid ». Quand on a un gouvernement qui considĂšre que la fermeture des frontiĂšres est la seule rĂ©ponse aux flux migratoires, alors quâon les laisse en fait aux mains des passeurs, des gens qui en font un business, de ceux qui gagnent du pognon en faisait courir des risques Ă ces personnes âŠ, eh bien câest un gouvernement qui, en plus de mĂ©priser la personne humaine, met en place une politique inefficace âŠ. Ăa ne marche pas. Jamais ces politiques nâont enrayĂ© ces flux migratoires. Parce que les gens qui fuient les guerres, dont nous sommes parfois coresponsables, les gens qui fuient la sĂ©cheresse et les changements climatiques, dont nous sommes aussi coresponsables, ils cherchent un avenir meilleur et ils vont arriver. Ils vont de toute façon arriver, quels que soient les barbelĂ©s que lâon quelles sont les solutions alors?Il faut des politiques qui permettent aux gens de se dĂ©placer dans de bonnes conditions, dans les deux sens, mais de façon organisĂ©e. Sinon ceux qui ont le pouvoir, ce sont les criminels. Mais comment Ă©viter un nouveau Calais en Belgique? Un argument que Theo Francken utilise souventâŠComme souvent, il agite des slogans qui sont trĂšs peu Ă©tayĂ©s par les faits. Il parle des migrants. De façon gĂ©nĂ©rale. Sans se rappeler que ce sont dâabord des femmes, des enfants et des hommes, et que chacun dâentre eux est dans une situation diffĂ©rente. Alors oui, il y a un tas de gens qui veulent aller en Angleterre parce que câest ce quâon leur a vendu quand ils ont quittĂ© leur pays. On leur a dit En Angleterre vous aurez une vie meilleure, allez-y », donc ils partent, mais ils ne savent rien de rien bien souvent. Ils ne savent pas comment ça se passe, ils ne connaissent pas leur droit. Donc la premiĂšre chose Ă faire quand des gens arrivent ici, câest de les informer. Dâabord leur donner un toit, et puis de les informer voilĂ vos droits, voilĂ vos possibilitĂ©s, voilĂ ce Ă quoi vous nâaurez jamais droit, ici ou pouvez-vous faire des choix quand vous avez traversĂ© pendant des semaines des situations terribles, parfois en fuyant la guerre, la torture, etc. et que vous nâavez aucune information et que vous dormez dans un parc? Accueillons les gens convenablement, expliquons-leur, et aprĂšs on verra. On voit que quand ce travail est fait, et des ONG le font, certains disent ok, je vais continuer mon rĂȘve dâAngleterreâ, dâautres demandent lâasile ici, et dâautres encore acceptent lâidĂ©e quâen fait, il nây a pas vraiment dâavenir ici et sont prĂȘts Ă retourner chez eux. Mais pour ça, il faut accueillir pour ce quâils sont, et ce gouvernement ne le fait au sujet de Calais. La situation quâon a aujourdâhui au parc Maximilien est un tout petit Calais. Mais câest simplement parce que le gouvernement ne prend pas ses responsabilitĂ©s. Qui peut croire quâun pays comme la Belgique, un pays riche, a un problĂšme Ă accueillir dignement 200 Ă 300 personnes? Câest parce quâil nây a pas de structure dâaccueil correcte que lâon se retrouve dans une situation pareille avec des gens qui campent dans un une plateforme citoyenne qui se substitue Ă lâĂtatâŠEn effet, lĂ il y a des citoyens qui se substituent Ă lâĂtat, ce qui est Ă la fois extraordinaire de gĂ©nĂ©rositĂ© et de sens de la solidaritĂ©, et en mĂȘme tant effrayant de se dire quâun Ătat comme la Belgique nâest pas capable dâexercer une de ses missions fondamentales et que ce sont des citoyens qui doivent supplĂ©er un le recul, est-ce que la caricature de Theo Francken en uniforme nazi rĂ©alisĂ©e par Ecolo J Ă©tait pertinente?Deux choses dâabord câest toujours trĂšs dĂ©licat de faire des caricatures qui font rĂ©fĂ©rence Ă la DeuxiĂšme Guerre mondiale, câest trĂšs chargĂ© de plein de choses âŠ. Câest trĂšs dĂ©licat pour des tas de personnes qui ont connu la guerre et qui peuvent se sentir mal en voyant cette caricature, en disant quâon exagĂšre, mĂȘme temps, je pense quâEcolo J a raison. Il y a aujourdâhui une dĂ©rive dans le discours, et parfois dans lâaction, de Theo Francken et dâautres, en Belgique et dans dâautres pays, qui chemine vers le fascisme. Je ne dis pas vers la Shoah, les massacres ou vers la guerre, mais vers le fascisme compris comme dĂ©ni, comme indiffĂ©rence Ă la personne humaine, dĂšs quâelle est considĂ©rĂ©e comme Ă©trangĂšre, migrante, musulmane. Câest extrĂȘmement dangereux, car le fascisme, il nâarrive pas en un jour, paf, comme ça, dâun jour Ă lâautre. La guerre, elle nâarrive pas un jour, pouf, ça commence. Câest cette lente Ă©rosion des valeurs qui fait que, progressivement, on enlĂšve aux gens leur humanitĂ©, et ça commence aujourdâhui avec ce quâil se passe. Un jour on se rĂ©veille en se retournant en arriĂšre et on se dit, comme ça a Ă©tĂ© le cas en 45, bon sang, comment avons-nous laissĂ© faire ça?â. Il y a toujours cette phrase de Max Frisch Pire que le bruit des bottes, le silence des pantoufles ». Et donc Ă un moment donnĂ©, ce sont nos pantoufles bien Ă lâaise, qui regardent tout doucement les choses empirer. Donc voilĂ , Francken nâest par lâarmĂ©e allemande de 40, mais son discours prĂ©pare ce type de pensĂ©e et ça, câest trĂšs sur le gouvernement fĂ©dĂ©ral. Souvent, il se fĂ©licite de ses rĂ©formes Ă©conomiques. Mais est-ce que les jeunes ne sont pas les oubliĂ©s dans cette histoire?Je trouve ça trĂšs inquiĂ©tant. On a un peu lâimpression dâune gĂ©nĂ©ration sacrifiĂ©e. Alors, elle est sacrifiĂ©e dâabord parce quâil y a une prĂ©carisation des jeunes le nombre dâĂ©tudiants inscrits au CPAS, le nombre de jeunes au CPAS sans emploi, parfois sans rien, parfois des jeunes qui avaient quittĂ© leur famille pour revenir chez leurs parents vu les difficultĂ©s dâaccĂšs au marchĂ© du travail, câest en soi extrĂȘmement inquiĂ©tant et difficile Ă vivre pour de nombreux jeunes. Au-delĂ rĂ©gression sociale, il y a aussi un vide de sens. Qui peut croire aujourdâhui que demain va ĂȘtre meilleur? Beaucoup de jeunes ont cette impression que demain sera pire quâaujourdâhui, que lâon est confrontĂ© Ă de grands dĂ©fis de justice sociale, mais aussi de justice environnementale, de problĂ©matiques de climat, de biodiversitĂ©, qui ne sont pas pris en compte. Et ces jeunes se rendent mieux compte que leurs aĂźnĂ©s quâil sâagit du dĂ©fi de ce siĂšcle. Comment va-t-on continuer Ă vivre correctement sur cette planĂšte alors que ce dĂ©fi nâest pas pris en compte par la politique? Ce sont les jeunes dâaujourdâhui qui vont payer les pots cassĂ©s dâ aujourdâhui, le message qui est donnĂ© aux jeunes, câest souvent attendez de voir, dĂ©brouillez-vousâ et puis vous allez devoir subir le reste. Câest dĂ©sastreux parce que câest tout le contraire quâil faudrait faire. Ce monde, le monde du XXIe siĂšcle, câest vous, les jeunes, qui allez devoir lâinventer, avec vos valeurs, votre culture, avec votre crĂ©ativitĂ©, avec un potentiel qui est lĂ . Et donc, dĂ©ployez-les! Il y a des choses concrĂštes Ă mettre en place par rapport à ça et si je dois en retenir une qui fait le lien entre les politiques sociales et les jeunes, et que nous avons dĂ©posĂ© cette annĂ©e-ci, câest lâidĂ©e quâil faut permettre aux jeunes dâessayer. Aujourdâhui, câest dur de trouver un boulot. Et si on en trouve un, on sây accroche, parce que si on le quitte on a droit Ă rien. Nous pensons quâun jeune qui a un boulot, si Ă un moment donnĂ© ça ne va pas, quâil ne trouve pas de sens, que les conditions sont mauvaises ou simplement quâil a envie de faire autre chose, eh bien il doit avoir la possibilitĂ© de dire jâarrĂȘteâ, tout en conservant son droit au chĂŽmage. Il sera remplacĂ© par quelquâun dâautre, donc ça ne coĂ»tera pas plus cher Ă la sociĂ©tĂ©, mais il va pouvoir rebondir et faire autre les questions environnementales, tout le monde semble reprendre les idĂ©es dâEcolo Ă son compte. Est-ce que le parti Ecolo a encore un sens finalement?Plus que jamais. Alors il y a un cĂŽtĂ© positif de voir quâaujourdâhui, dans tous les partis, et plus largement dans la sociĂ©tĂ©, il y a enfin une vraie prise de conscience de lâenjeu Ă©cologique et du fait que les grandes questions politiques de ce siĂšcle seront de toute maniĂšre liĂ©es Ă lâĂ©cologie, au lien entre les activitĂ©s humaines et la planĂšte et la nature. Donc câest bien que la prise de conscience progresse. Câest vrai que l »on voit aussi tous les partis mettre une petite gommette verte, on rebaptise le socialisme Ă©cosocialisme, trĂšs bien. On a un ministre libĂ©ral qui dit je suis environnementalisteâ, trĂšs bien. On a le cdH dont on a lâimpression que le programme politique est un copiĂ©-collĂ© du nĂŽtre, fort bien. Mais on parlait au dĂ©but de lâinterview de confiance des citoyens Ă lâĂ©gard des politiques. Tout ça fait pire que mieux si toutes les intentions ne sont pas suivies dâactes. Or aujourdâhui, on reste profondĂ©ment dans lâincohĂ©rence. Il y a de grands discours sur le changement climatique, et puis la rĂ©alitĂ©, câest quâil y a moins dâargent pour les trains, moins dâargent pour les bus, quâon subventionne les embouteillages, quâon est prĂȘt en Wallonie Ă investir sur de nouveaux tronçons autoroutiers. Eh les gars, il y a un problĂšme de cohĂ©rence! Lâenvironnement ce nâest pas seulement discourir et mettre des Ă©tiquettes. Câest Ă un moment agir et oser faire des choix qui ne sont pas toujours faciles parce quâon va devoir changer notre sociĂ©tĂ© en profondeur. Ăa veut dire quâon ne va pas traiter lâenvironnement Ă cĂŽtĂ©, mais que lâon doit intĂ©grer la question Ă©cologique dans toutes les politiques, avec bien en tĂȘte lâidĂ©e que le monde dans 20 ans, celui des jeunes, sera trĂšs diffĂ©rent de celui dâaujourdâhui. Donc ajouter un chapitre environnementâ a un programme politique, ça ne changera rien. Il est temps de passer du discours aux un dossier brĂ»lant en fin dâannĂ©e, celui de la sortie du nuclĂ©aire dâici 2025âŠCe qui est certain, câest que plus on attend, plus câest difficile. On voit que la Belgique a votĂ© une loi de la sortie du nuclĂ©aire en 2003. On est en 2017. Depuis 2003, on a attendu, on a hĂ©sitĂ©, on est revenu en arriĂšre, on a dit oui peut-ĂȘtre quâon va le faire, peut-ĂȘtre quâon va prolonger les centralesâ. Mais en fait, si on ne prend pas de dĂ©cision claire, les investisseurs alternatifs, ceux qui sont prĂȘts Ă investir dans les Ă©nergies renouvelables, ils attendent. Puisque le signal politique nâest pas assez il faut dĂ©cider vite pour que ça soit possible. Et câest possible, ça on le sait que câest possible. Elia, qui est la sociĂ©tĂ© qui gĂšre le rĂ©seau Ă©lectrique belge, a sorti tout rĂ©cemment une Ă©tude, trĂšs dĂ©taillĂ©e, trĂšs chiffrĂ©es qui dit voilĂ il y a plusieurs scĂ©narios, mais on peut sortir du nuclĂ©aireâ. Mais pour quâon puisse le faire, il faut trĂšs trĂšs vite le confirmer, et commencer les investissements dans lâĂ©nergie alternative, et donc de nouveau câest une question de choix politique. Qui fĂąche-t-on? Qui sont les lobbies derriĂšre la N-VA ou certains au MR qui disent non, non, il faut continuer avec le nuclĂ©aireâ? En fait, ça rapporte beaucoup dâargent Ă des grosses sociĂ©tĂ©s le nuclĂ©aire. VoilĂ la aussi une vision du monde, ce nâest pas seulement comment produisons-nous lâĂ©nergieâ, câest une vision du monde par rapport Ă lâĂ©conomie. Veut-on que quelques trĂšs grosses sociĂ©tĂ©s produisent lâessentiel de lâĂ©lectricitĂ© ou est-ce quâon veut un monde oĂč plein de petits acteurs, de PME, de coopĂ©ratives, de citoyens, produisent aussi de lâĂ©nergie et participent au dĂ©veloppement Ă©conomique? Tout en gardant les revenus sur notre territoire. Ce sont deux visions politiques diffĂ©rentes, mais ce qui est certain, câest que certaines personnes, Ă la N-VA sĂ»rement et au MR peut-ĂȘtre, se disent que si on retarde la sortie du nuclĂ©aire, ça sera devenu impossible de sortir du nuclĂ©aire, on sera obligĂ© de contre-critique, Ă©mise par Charles Michel, pointait le manque de prĂ©vision au moment du dossier sur les panneaux photovoltaĂŻques. Une critique rĂ©currente contre EcoloâŠCâest Ă chaque fois ce que tout le monde ressort parce que les adversaires dâEcolo savent que ça nous fait mal. De façon injuste dâailleurs, parce quâil faut toujours le rappeler, on avait un systĂšme de soutien au renouvelable qui Ă©tait maĂźtrisĂ©, qui anticipait correctement les choses pour dĂ©velopper la filiĂšre. Mais Ă un moment donnĂ©, certains, en lâoccurrence dans un gouvernement sans Ecolo, ont dit ah, nous allons faire du marketing, et booster le soutien au photovoltaĂŻque » âŠ. Cela a menĂ© Ă ce que cela coĂ»te trĂšs cher Ă la sociĂ©tĂ©, en faveur de ceux qui avaient dĂ©cidĂ© dâinstaller des une mauvaise gestion, qui nâest pas Ă©cologiste, mais que lâon nous a attribuĂ©e. Il ne faut plus faire ça. Il faut Ă©videmment soutenir les choses de façon cohĂ©rente. Mais rappelons-nous que par kilowattheure, quand on est dans le renouvelable, on a quatre fois plus dâemplois créés, que quand on est dans le fossile, le pĂ©trole, le charbon ou le nuclĂ©aire. Donc mĂȘme quand parfois ça coĂ»te un peu plus cher Ă lâinvestissement, câest beaucoup plus intĂ©ressant pour notre Ă©conomie, beaucoup plus intĂ©ressant pour notre environnement, et Ă terme, dans dix ou quinze ans, quand lâinvestissement est amorti, câest gratos le soleil, câest gratos le vent, câest gratuit la biomasse ou la gĂ©othermie! Donc il faut oser investir aujourdâhui pour avoir vraiment une sociĂ©tĂ© beaucoup plus autonome et 2019, sont deux annĂ©es Ă©lectorales, quels sont les objectifs dâEcolo?Je souhaite dâabord que soit lâoccasion de vrais moments dĂ©mocratiques. Ăa veut dire des dĂ©bats dĂ©mocratiques. Quelle sociĂ©tĂ© veut-on? Quel choix fait-on? Comment on avance dans cette direction? Mais aussi de la participation. Si on veut, en 2018, des communes qui avancent, eh bien il faut des citoyens qui sâengagent. Des hommes et des femmes qui disent je suis prĂȘt Ă y allerâ. Avec Ecolo, dans le meilleur des cas, mais aussi avec dâautres, sur des listes dâautres partis, sur des listes citoyennes âŠ. Je ne vais pas seulement rĂąler contre tous ces politiciens qui ne font pas correctement le travail, je vais y allerâ, on a besoin de citoyens qui sâengagent et de mandataires qui se renouvellent. On a besoin de jeunes qui sâengagent. De femmes qui sâengagent davantage, des gens de toutes origines. Et quâĂ un moment donnĂ©, le bourgmestre qui est lĂ depuis 45 ans, bon sang, quâil soit bon ou mauvais, quâil laisse la place aux câest vrai que jâaimerais quâil y ait plus dâĂ©lus Ă©cologistes, dans les communes et dans les futurs gouvernements, parce quâil est temps de passer du discours aux actes. Pour plus de justice sociale et pour rĂ©concilier nos activitĂ©s avec la une alliance de la gauche avec le PS et le PTB?Ă cette heure-ci, toutes les alliances sont possibles. On nous pose toujours la question, mais la question câest est-il possible dâavoir une alliance politique sur les enjeux Ă©cologistes qui sont au cĆur du XXIe siĂšcle? Donc moi, je suis toujours embĂȘtĂ© quâon me demande Ă chaque fois la mĂȘme chose. Moi je prĂ©fĂšre dire Ă dâautres partis, en tant que coprĂ©sident dâEcolo Est-ce que vous ĂȘtes prĂȘts Ă faire des alliances, des compromis avec les Ă©cologistes, pour amener la sociĂ©tĂ© vers plus de respect de lâenvironnement et plus de justice sociale?â. Et donc le pivot pour moi, le cĆur de lâaction politique, ça doit ĂȘtre lâĂ©cologie politique. Et on verra bien qui est prĂȘt Ă nous rejoindre lĂ
. tupw0l7yl3.pages.dev/76tupw0l7yl3.pages.dev/227tupw0l7yl3.pages.dev/329tupw0l7yl3.pages.dev/102tupw0l7yl3.pages.dev/4tupw0l7yl3.pages.dev/103tupw0l7yl3.pages.dev/342tupw0l7yl3.pages.dev/382
pire que le bruit des bottes le silence des pantoufles