Cest une posture qui requiert de la curiositĂ© et de la bienveillance Ă  l’égard de soi-mĂȘme. Accepter de se regarder tel qu’on est et tel qu’on a agi. 1.3 La rĂ©flexion. Il ne faut pas confondre Pratique RĂ©flexive avec rĂ©flexion. Schön parle de rĂ©flexion dans l’action (au cours de l’action) et de rĂ©flexion sur l’action (a posteriori) (Schön, 1994). Dans le langage La notion de karma est gĂ©nĂ©ralement comprise comme l’effet en retour des actes sur la personne mĂȘme qui les a commis. Mais est-ce bien ce dont il est question ? Le mot karma » s’est largement rĂ©pandu dans notre monde contemporain, que l’on soit ou non adepte de disciplines orientales telles que le yoga ou le bouddhisme. C’est mon karma, c’est ton karma » ce type d’expression passe dans le langage courant, au sens de destinĂ©e, ainsi que les Inconnus chantaient, en 1991, une parodie de rap C’est ton destin ! ». Mais la notion – Ă©ventuellement avec une bonne dose de naĂŻvetĂ© voire de superstition – de l’effet en retour des actes sur la personne mĂȘme qui les a commis a un caractĂšre universel. Le paradis, l’enfer, le purgatoire, en fonction des mĂ©rites ou dĂ©mĂ©rites acquis par nos actions Il ne l’emportera pas au paradis », dit-on. Ou encore Mais comment ai-je pu ĂȘtre touchĂ© par cette grave maladie, alors que je fais du yoga et ai une trĂšs bonne hygiĂšne de vie ? » Qu’en penser ? L’acte de faire » La racine sanskrite káč›, Ă  l’origine de nombre de mots sanskrits, dĂ©signe l’acte de faire », au sens le plus large. Nous la retrouvons dans le français crĂ©er ». Le nom mĂȘme de la langue sanskrite est construit sur cette racine, dĂ©signant la langue parfaite, complĂšte, parachevĂ©e parfaitement et complĂštement faite ». Citons dans le Yoga SĆ«tra, entre autres le kriyā yoga 1 – noyau actif quotidien de la pratique ; les saáčƒskāra 2 – sillons, tracĂ©s dans nos diffĂ©rents corps par les Ă©vĂšnements qui nous ont marquĂ©s, engendrant une forme de rĂ©pĂ©tition du mĂȘme type de fonctionnement ; le mot mĂȘme de karma employĂ© au 4e chapitre et sur lequel nous reviendrons. Influence du passĂ© À propos du mot karma 3, commençons par un sens qui n’est pas le premier mais qui, utilisĂ© dĂšs les textes vĂ©diques, concerne l’influence de notre passĂ© sur notre vie actuelle maturation vipāka des actes antĂ©rieurs, d’oĂč leur rĂ©tribution ; accumulation de mĂ©rites et de fautes y compris au cours des existences passĂ©es, si l’on croit Ă  la rĂ©incarnation ; reliquat des consĂ©quences bonnes ou mauvaises Ă  subir pour les actes passĂ©s. Selon Tara Michael 4 Ă  propos du jñāna yoga De mĂȘme que la flĂšche dĂ©cochĂ©e par un chasseur, mĂȘme s’il s’aperçoit une seconde trop tard d’une erreur de tir, ne peut plus ĂȘtre arrĂȘtĂ©e dans sa course et doit fatalement atteindre la cible visĂ©e, le karman qui a dĂ©jĂ  commencĂ© Ă  fructifier prārabdha doit inĂ©luctablement produire ses rĂ©sultats jusqu’au bout. » Les actions du yogi ne sont ni blanches, ni noires, ni grises ». [
] il s’est suffisamment transformĂ© pour pouvoir poser des actes dont les consĂ©quences sur autrui seront d’un ordre diffĂ©rent » Accent sur les traces On peut dire que ce point de vue met l’accent sur les traces, les saáčƒskāra Ă©voquĂ©s ci-dessus. Pour Patañjali, l’auteur du Yoga SĆ«tra, la mĂ©ditation sur celles-ci est en effet un moyen d’acquĂ©rir un savoir sur le passĂ© personnel, de se rapprocher de l’origine de ce qui se rĂ©pĂšte en nous – YS III. 18 5 orientation pour l’investigation qui, dans le texte du Yoga SĆ«tra, est proposĂ©e tout en ne semblant pas plus valorisĂ©e que celles qui permettraient, par exemple, un nouveau savoir concernant l’organisation du corps, ou celle du systĂšme des Ă©toiles, ou la possibilitĂ© de s’élever dans les airs, ou bien d’autres domaines encore
 Cette conception du karma comme effet des actes passĂ©s comporte aussi l’idĂ©e que certains actes sont bons et d’autres mauvais. Or, dans le sĆ«tra IV. 7 6, Patañjali Ă©voque la situation particuliĂšre du yogi Ă  cet Ă©gard ses actions ne sont ni blanches, ni noires, ni grises ». Il est sous-entendu qu’il s’est suffisamment transformĂ© pour savoir poser des actes dont les consĂ©quences sur autrui seront d’un ordre diffĂ©rent. D’une certaine maniĂšre, il Ă©chappe Ă  la bipolaritĂ© entre Bien et Mal dont l’évaluation comporte une grande part subjective. Que disent de nous nos actes ? Alors revenons maintenant aux traductions essentielles de ce terme acte rituel ; tout acte, action, Ɠuvre ; travail, activitĂ©. L’action, l’acte. C’est Ă  chaque instant que nos actions disent quelque chose de nous et il y a lĂ  quelque chose Ă  observer sans relĂąche. Nos paroles aussi peuvent ĂȘtre des actes au sens oĂč elles viennent faire de l’effet autour de nous. Que nous disent, sur nous-mĂȘmes, nos actions qui rĂ©ussissent, celles qui ratent, celles qui dĂ©vient du projet initial, qui sont freinĂ©es, bloquĂ©es, les prĂ©mĂ©ditĂ©es et celles qui Ă©chappent Ă  toute prĂ©mĂ©ditation consciente ? Desikachar savait bien que les actions peuvent rater, d’oĂč sa traduction particuliĂšre – Soyez prĂ©parĂ©s » – Ă  propos du sĆ«tra II. 16 heyam duhkham anāgatam, le plus souvent rendu par La souffrance Ă  venir peut et doit ĂȘtre Ă©vitĂ©e. » Les saáčƒskāra – sillons, tracĂ©s dans nos diffĂ©rents corps par les Ă©vĂšnements qui nous ont marquĂ©s. » Coupure Jacques Lacan distinguait radicalement l’action et l’acte. La premiĂšre peut ĂȘtre connotĂ©e par les critĂšres du bon ou du mauvais, elle peut ĂȘtre automatique, utilitaire
 Seul l’acte fait coupure en consĂ©quence aprĂšs qu’il ait Ă©tĂ© posĂ©, ce n’est plus comme avant tel le passage dĂ©cisif du Rubicon par Jules CĂ©sar. Ses consĂ©quences sont irrĂ©versibles et le sujet ne peut pas s’en dĂ©fausser ; c’est la question de la responsabilitĂ© et de l’éthique. C’est par l’acte que le yogi est censĂ© ĂȘtre concernĂ©. Ainsi, particuliĂšrement, le professeur de yoga, vis-Ă -vis de son Ă©lĂšve, dont il vise Ă  catalyser » la transformation – cf. nimitta karaáč‡a, YS IV. 3 7. Les qualitĂ©s de l’acte D’ailleurs la traduction de karma comme acte rituel » apporte une rĂ©flexion sur le soin accordĂ© aux actions avec, Ă  dĂ©faut de faire le bien », une recherche du bien faire », en trouvant le bon processus. Acte rituel en ce sens, non pas avec l’attente de rĂ©compenses comme dans les sacrifices vĂ©diques mais avec un dĂ©tachement par rapport Ă  ses fruits, comme dans la Bhagavad GÄ«tā. Ce dernier texte affirme d’ailleurs qu’on ne peut pas ne pas agir, mais qu’il y a des qualitĂ©s Ă  trouver Ă  l’acte ; et il nous invite Ă  agir conformĂ©ment Ă  notre singularitĂ© svadharma. L’acte a toujours des consĂ©quences, Ă  assumer, prĂ©visibles ou imprĂ©visibles, au-delĂ  du bien et du mal. Cherchons Ă  le poser en Ă©tant au plus juste de ce qui peut ĂȘtre perçu, soupesĂ© avec et sans l’intellect, avec le ressenti du corps, du souffle, des mouvements intĂ©rieurs. Nous nous sommes ainsi Ă©loignĂ©s de la notion de destin, pour passer Ă  celle de l’action reflet de soi, et de l’action responsable, que nous pouvons toujours approcher davantage. Ne jamais savoir Et puisque cette interrogation sur la notion de karma trouve place dans ce numĂ©ro consacrĂ© particuliĂšrement au concept de santĂ©, proposons-en l’application suivante Les actes que nous posons dans notre vie peuvent certes avoir une incidence sur notre santĂ© nous y avons une part de responsabilitĂ© et il est indĂ©niable que nous nous donnons plus de chances de trouver un Ă©quilibre satisfaisant en prenant au sĂ©rieux les facteurs rĂ©putĂ©s ĂȘtre Ă  contrĂŽler cf. āgama et nos ressentis propres cf. pratyakáčŁa, en rĂ©flĂ©chissant aussi sur nos rĂ©actions cf. anumāna, en agissant en consĂ©quence. Mais nous ne pourrons jamais savoir, au fond, Ă  quel point les hasards de la gĂ©nĂ©tique, des Ă©vĂšnements vĂ©cus, des rencontres environnementales et personnelles, des affects traversĂ©s du fait des circonstances
 jouent sur notre santĂ©. En quelque sorte, nous sommes responsables mais pas coupables ». Ici aussi, un dĂ©tachement est nĂ©cessaire. Laurence Maman Formatrice IFY 1 Yoga SĆ«tra de Patañjali, II. 1, traduction Laurence Maman tapas-svādhyāya-īƛvarapraáč‡idhānāni kriyāyogaáž„ Le travail du yoga a comme composantes une discipline ardente, l’étude de soi et du Soi » et l’abandon du fruit des actes Ă  ce qui nous dĂ©passe ». C’est l’établissement de cette pratique, dont la premiĂšre composante est une action sans tiĂ©deur, qui ouvre la voie Ă  tout le processus de transformation du yoga. 2 de saáčƒ-káč› prĂ©paration ; fait de faire subir un traitement ; sacrement ; Ă©ducation ; impression ; prĂ©disposition. Dans ce terme notons sa proximitĂ© avec le terme sanskrit » est prĂ©sente une connotation d’action s’étant complĂštement saáčƒ- dĂ©veloppĂ©e. Les rituels – y compris ceux qui rythment la journĂ©e des hindous – sont des saáčƒskāra, de mĂȘme que le sont, en yoga, les habitudes voire automatismes gĂ©nĂ©rĂ©s par les expĂ©riences passĂ©es. 3 Dictionnaire sanskrit-français en ligne GĂ©rard Huet, HĂ©ritage du sanskrit. Site 4 Tara Michael, Introduction aux voies de yoga, Ă©ditions du Rocher, 1987, 237 pages. 5 YS III. 18, traduction François Lorin saáčƒskāra sākáčŁÄt karaáč‡Ät pĆ«rva jāti jñānam Lorsqu’on voit ses habitudes directement, on connaĂźt ses naissances passĂ©es ». Pas nĂ©cessairement les vies passĂ©es il peut aussi s’agir d’évĂšnements vĂ©cus Ă  une pĂ©riode antĂ©rieure de notre vie. 6 YS IV. 7, traduction François Lorin karmāƛuklākáč›áčŁáč‡am yoginaáž„ trividhamitareáčŁÄm Pour les yogis, les actes ne sont ni bons ni mauvais ; pour les autres ils sont de trois sortes. » 7 YS IV. 3, traduction François Lorin nimittam aprayojakam prakáč›tÄ«nāáčƒ varaáč‡abhedastu tataáž„ káčŁetrikavat La cause instrumentale est sans effet sur les potentialitĂ©s de l’énergie et de la matiĂšre, mais elle entraĂźne une destruction des obstacles comme un paysan rompt la digue qui retient l’eau. » L’acte du guide en yoga est de creuser un trou au bon endroit pour que les potentialitĂ©s de l’élĂšve se fraient un chemin.
Le13 décembre dernier, l'association Ars Industrialis s'essayait à une forme de réflexion collective nouvelle pour elle : un atelier d'une demi - journée, sans véritable conférence, et faisant une place plus large aux débats. Une vingtaine de personnes participait à cette réunion. Le sujet retenu était " les techniques de soi ".
“ Oser, c’est perdre pied momentanĂ©ment, ne pas oser c’est se perdre soi-mĂȘme” KierkegaardIntroductionLa confiance en soi relĂšve d’une alchimie. Elle rĂ©sulte de la combinaison de plusieurs facteurs. Il n’y a qu’une confiance en soi, mais plusieurs façons de l’atteindre. Elle est une confiance en l’autre. La confiance en soi est une confiance en ses capacitĂ©s. Nous pouvons retrouver trois grands ressorts de la confiance en soi - la confiance en l’autre- la confiance en ses capacitĂ©s- la confiance en la vieChristian Bobin Ă©crit joliment que la confiance est la capacitĂ© enfantine d’aller vers ce qu’on ne connait pas comme si on le enfant ce n’est pas avoir conscience des risques et des dangers. Être adulte c’est ĂȘtre souvent anxieux au risque d’émousser notre audace. Se faire confiance, c’est garder son coeur d’enfant, une Ăąme d’enfant dans un esprit d’ l’époque nous y oblige. Dans les sociĂ©tĂ©s traditionnelles, chacun avait sa place. Pas besoin de confiance en soi quand la naissance dĂ©cide de tout, quand il n’y a rien Ă  conquĂ©rir. À l’inverse, la modernitĂ© fait de nous ĂȘtres libres, responsables de notre destin. À nous de prouver aujourd’hui, notre valeur et de construire notre bonheur Ă  nous d’inventer notre vie. Cela suppose d’avoir confiance en LES BONS LIENS la confiance relationnelleMADONNA Louise Ciccone Ă©tait une enfant timide, manquant de confiance en elle. À l’adolescence elle rencontrera Christopher Flynn, un professeur de danse qui va changer sa vie en une phrase. À l’occasion de la prĂ©paration du ballet de fin d’annĂ©e, il lui dit ce qu’on ne lui a jamais dit elle est belle et talentueuse, elle a un charisme fou. » Elle expliquera des annĂ©es plus tard, que ces mots changĂšrent sa confiance en soi n’exige parfois rien de plus que quelques mots bien sentit d’un ami ou d’un avait une dĂ©finition trĂšs originale et trĂšs juste de l’amitiĂ© un ami, c’est quelqu’un qui nous rend meilleurs, qui permet d’actualiser notre puissance ».La pĂ©dagogue italienne Maria Montessori insistera sur le fait qu’il est primordial de faire confiance dĂšs que possible », en ces termes Naidez jamais un enfant Ă  faire une tĂąche qu’il se sent capable d’accomplir. » Faire confiance, ce n’est pas faire Ă  sa place, c’est le laisser consĂ©quent il est important d’avoir Ă  l’esprit cette double maniĂšre de donner confiance d’abord mettre en confiance, ensuite faire ne peut, seul, prendre confiance en soi. La confiance en soi est d’abord une histoire d’amour et d’ Entrainez-vous Pratique de la confiance Le gĂ©nie, affirme Thomas Edison, c’est 1% d’inspiration et 99% de transpiration. » Quand le doute survient et que nous trouvons que nous manquons de talent, nous ne sommes simplement pas assez dans Ainsi parlait Zarathoustra, met en scĂšne un personnage grotesque, le Consciencieux », pour nous donner Ă  voir la distinction entre la compĂ©tence qui enferme et l’expĂ©rience qui libĂšre. Selon lui, on peut tirer une vĂ©ritable confiance en soi en allant sans peur vers l’expertise, au risque sinon d’ĂȘtre compĂ©tent, mais pas confiance en soi se construit Ă  travers une valse Ă  deux temps zone de confort et zone d’inconfort. La zone de confort est un cercle oĂč on se sent bien au chaud ainsi lorsqu’on en sort on va explorer le vaste monde, pour ensuite revenir au cercle pour se rassurer. Le pĂ©rimĂštre de nos explorations permet d’élargir notre zone de confort. Il faut bien se connaitre pour trouver son rythme propre, sa maniĂšre de Ă  se faire confiance avant de faire confiance Ă  ses compĂ©tences. Se faire confiance, c’est se savoir capable d’accueillir l’alĂ©a, non s’illusionner en se persuadant que la vie est prĂ©visible. L’expĂ©rience des autres est un peigne pour les chauves », dit un proverbe chinois. C’est notre expĂ©rience qui compte, pas celle des autres, parce que seule notre expĂ©rience peut nous apporter la confiance. L’expĂ©rience des autres peut nous apporter au plus un peu de compĂ©tence, mais plus que la compĂ©tence acquise c’est le chemin parcouru et la maniĂšre dont nous l’avons parcouru qui crĂ©e notre vĂ©ritable expĂ©rience. Personne ne peut parcourir ce chemin Ă  notre Écoutez-vous Faire confiance Ă  son intuition Ils n’ont pas appris Ă  s’écouter, on n’a jamais lu sur un bulletin scolaire fais-toi confiance ou fais davantage confiance Ă  ton jugement »Les Ă©tudes PISA, qui permettent de comparer les systĂšmes Ă©ducatifs des diffĂ©rentes nations, montrent qu’il y a chez les jeunes français un fort dĂ©calage entre leurs connaissances et leurs rĂ©sultats aux QCM. Ils savent beaucoup de choses, mais Ă  l’heure de trancher entre plusieurs rĂ©ponses ils hĂ©sitent et se trompent plus que la s’écouter, c’est intĂ©grer le savoir et ne pas oublier de le questionner. RĂ©ussir Ă  s’écouter n’est toutefois pas aisĂ©. Pour y arriver, il faut dĂ©jĂ  arrĂȘter de se soumettre aux vĂ©ritĂ©s Ă©crit Aie le courage de te servir de ton propre entendement. VoilĂ  la devise des LumiĂšres. » La confiance en soi est un idĂ©al moderne, portĂ© par l’essor des principes dĂ©mocratiques et les travaux des philosophes des cette vielle Europe fier de son passĂ© multimillĂ©naire et sĂ»r de trouver en lui toutes les rĂ©ponses aux questions du prĂ©sent pourrait expliquer de façon sous-jacente ce manque d’esprit d’initiative, de prise de risque favorisant le chemin vers la confiance. Tandis, qu’aux États-unis, par exemple, nous sommes face Ă  une contrĂ©e jeune, dĂ©couverte par la grĂące d’une erreur et valorisant l’esprit pionnier, qui est l’esprit mĂȘme de la confiance en DĂ©cidez la confiance dans le douteComment peut se traduire le manque de confiance en soi ? Par de la mauvaise foi ! Quand nous sommes incapables de trouver l’élan nĂ©cessaire pour se lancer, nous avons tendance Ă  invoquer le manque d’arguments, de donnĂ©es, de connaissances.. Choisir » et dĂ©cider » deux logiques c’est choisir logiquement, rationnellement, entre deux destinations de vacances, si l’une prĂ©sente objectivement plus d’avantages que l’autre et correspond mieux Ă  nos attentes pour un budget Ă©gal, nous allons la choisir. Pas besoin de vĂ©ritable confiance en nous-mĂȘmes pour effectuer du latin decidere couper », c’est parce que nous ne savons » pas qu’il faut dĂ©cider. Et c’est difficile, il est tellement plus facile de choisir. On souffre parce que nous voudrions choisir lĂ  oĂč la vie nous demande de humain reste assez mal Ă  l’aise face Ă  l’incertitude, et pourtant beaucoup de personnes semblent attendre qu’un logiciel de traitement de donnĂ©s analyse les problĂšmes qui peuvent en dĂ©couler face Ă  une dĂ©cision et qui pourrait nous indiquer la bonne option. Mais ce logiciel n’existe pas. Et c’est ainsi que la vie est belle, rien est prĂ©vu Ă  l’avance. La vie n’est pas une science exacte. Plus nous consentons Ă  la possibilitĂ© de l’erreur, plus nous nous Ă©prouvons comme des sujets libres, capables de trancher. Il y a une joie particuliĂšre Ă  se sentir capable. Apprenons Ă  nos enfants, le plus tĂŽt possible, la diffĂ©rence entre choisir et dĂ©cider. Disons-leur qu’ils ne doivent pas attendre d’avoir Ă©radiquĂ© tous les doutes pour se dĂ©cider. Leur libertĂ©, c’est d’y aller dans le Passez Ă  l’acte agir pour prendre confianceComprendre les vertus de l’action implique de ne pas dĂ©finir l’action simplement comme ce qui vient aprĂšs l’action. Nous sommes les enfants de siĂšcles de platonisme ou de rationalisme occidental, de dĂ©valorisation de l’action au profit d’activitĂ©s intellectuelles ou contemplatives. D’oĂč notre difficultĂ© Ă  comprendre la puissance premiĂšre de l’action. MĂȘme si la rĂ©flexion doit souvent prĂ©cĂ©der l’action, cette derniĂšre ne peut ĂȘtre vue comme de moindre valeur que la pensĂ©e. Le secret de l’action, c’est de s’y mettre ».Nous sommes les enfants de ces millions d’annĂ©es d’évolution, pour survivre sur cette terre au milieu des dangers qui nous menaçaient, nous avons dĂ» agir et dans Malaise dans la civilisation montre que une sociĂ©tĂ© se construit sur le renoncement des individus Ă  leur singularitĂ©. Pour qu’il y ait sociĂ©tĂ©, il faut avant tout de la norme. D’oĂč le malaise, il est donc normal que nous Ă©prouvions des crises de confiance, au point de nous demander parfois s’il est simplement possible d’oser un jour devenir Restez fidĂšle Ă  son dĂ©sir l’antidote Ă  la crise de confianceLa comparaison aux autres est le poison de notre Ă©poque. Via les rĂ©seaux sociaux on se jauge quotidiennement, la comparaison nous blesse sans nous instruire, elle est source inĂ©puisable de frustrations. Qui plus est, les institutions y contribuent aussi. L’école française est une Ă©cole de classements, de rangs- avec les copies rendues devant tout le monde-, qui sait distiller le poison de la comparaison dĂšs le plus jeune Ăąge. Elle insuffle aux enfants l’idĂ©e que leur valeur se mesure non par rapport Ă  eux-mĂȘmes mais par rapport aux autres. Dans toutes ces scĂšnes d’enfance, c’est la comparaison qui nous a fait somme, la confiance en soi nĂ©cessite une forte conscience de soi. Il faut du temps pour changer sa vie, prendre conscience de qui nous sommes dans l’instant et se dire plus jamais je reculerai ». Le processus va prendre du temps. Garder Ă  l’esprit que nous avons tous deux grands pouvoirs le POUVOIR DE DÉCISION et le POUVOIR DE L’ACTION. Croyez en vous, ne soyez pas timide de vos ambitions et quoi qu’il arrive l’obstacle est le chemin.
RicƓursouligne que cette estime ou cette valorisation de soi est « plus fondamentale que le respect de soi » (201) : elle vient en effet en premier, comme condition de possibilitĂ© du respect de soi. Le respect de soi nous fait parvenir Ă  une autre Ă©tape, dĂ©rivĂ©e, mais importante. Pour que nous puissions passer de Pestime au respect envers

Bienvenue sur Penser et Agir ! Depuis 2012 nous accompagnons les actifs de plus de 30 ans qui veulent prendre leur revanche sur la vie en dĂ©veloppant un projet qui a du SENS. AprĂšs avoir accompagnĂ© plus de 2 500 clients, nous lançons une formation continue gratuite par e-mail Le club des Actionneurs. Entrez votre prĂ©nom et votre email sur la page suivante pour y accĂ©der Cliquez ici pour vous inscrire gratuitement dĂ©jĂ  + de 17 000 inscrits ! C’est gratuit, et vous pourrez vous dĂ©sinscrire Ă  tout moment. Comment peut-on se connaĂźtre soi-mĂȘme ? Comment atteindre la connaissance de soi ? Ce sont des questions que bon nombre de personnes se posent assez souvent. Pour certains, ce n’est rien de bien compliquĂ©. Il n’y a pas mieux que soi-mĂȘme pour se connaĂźtre Ă  la perfection. Beaucoup prĂ©tendent donc bien se connaĂźtre alors qu’en rĂ©alitĂ© ils se trompent. Pour d’autres, il est impossible de se cerner, car l’ĂȘtre humain est assez complexe, Ă©volutif et changeant. Vous voulez connaĂźtre mon avis sur le sujet ? Je vous invite Ă  lire cet article. Sommaire1 Que veut dire se connaĂźtre soi-mĂȘme » ?2 Apprendre Ă  se connaĂźtre Ă  travers 5 actions

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Kant et la morale de la loi un formalisme Ă©thiqueTable des MatiĂšres1 Kant et la morale de la loi un formalisme Ă©thique2 Kant et la bonne volontĂ© La puretĂ© des intentions 3 Kant et les impĂ©ratifs 4 Les formules de l'impĂ©ratif catĂ©gorique La morale de Kant se lit principalement dans deux ouvrages majeurs – La MĂ©taphysique des MƓurs – La Critique de la raison pratique Kant cherche, aprĂšs la critique de la raison pure, Ă  fonder une science a priori de la conduite et de la morale, rĂ©pondant ainsi Ă  la question Que dois-je faire ? Kant et la bonne volontĂ© La puretĂ© des intentions Kant part du concept de “bonne volontĂ©â€. Pour le philosophe allemand, l'intelligence, le courage, etc. ne sont pas des choses absolument bonnes ; leur valeur dĂ©pend de l'usage qu'on en fait. Il en est de mĂȘme du bonheur il n'est pas un bien en soi, puisqu'il peut ĂȘtre source de corruption celui qui n'est pas animĂ© de bonne volontĂ©. Qu'est-ce qu'une bonne volontĂ© ? Ce n'est pas une volontĂ© qui atteint ses objectifs, c'est une volontĂ© dont les intentions sont pures. Qu'est-ce qu'un volontĂ© pure ? Une volontĂ© qui obĂ©it au concept du devoir. Ainsi, la bonne volontĂ© c'est agir par devoir. [adad-5] Kant distingue agir conformĂ©ment au devoir et agir par devoir. Ainsi, le commerçant qui sert loyalement ses clients agit conformĂ©ment au devoir, mais ses motivations sont celles de l'intĂ©rĂȘt, et non du devoir. Ce type d'action se range dans celui de la lĂ©galitĂ©, et non de la moralitĂ©. La moralitĂ© dĂ©signe une action faite en voulant accomplir son devoir “Une action accomplie par devoir tire sa valeur morale non pas du but qui doit ĂȘtre atteint par elle, mais de la maxime d'aprĂšs laquelle elle est dĂ©cidĂ©e” Le formalisme de Kant en morale renvoie Ă  l'idĂ©e qu'il suffise qu'on applique une rĂšgle pour ĂȘtre moral. Cette rĂšgle est celle de l'universalitĂ© puis-je universaliser la maxime de mon action ? Ainsi, si je me demande si le mensonge est moral, ma question est mentir peut-il ĂȘtre Ă©rigĂ© en valeur universelle ? La rĂ©ponse est bien sĂ»r non, car la vĂ©ritĂ© perdrait toute valeur, et alors il deviendrait inutile de mentir. Kant et les impĂ©ratifs Kant veut remonter Ă  l'origine a priori hors de l'expĂ©rience du fondement de la morale, car il se peut qu'aucun ĂȘtre n'ait jamais agi par devoir dans le monde. Empirisme et morale font trĂšs mauvais mĂ©nage, l'une ne pouvant fonder la seconde. Les impĂ©ratifs hypothĂ©tiques Les impĂ©ratifs hypothĂ©tiques reprĂ©sentent une action comme nĂ©cessaire pour parvenir Ă  une certaine fin. Leur principe est qui veut la fin veut les moyens. Par exemple les impĂ©ratifs de l'habilitĂ©, qui prescrivent les moyens utiles pour obtenir un rĂ©sultat, sont hypothĂ©tiques. Comme ceux de la prudence. Ces impĂ©ratifs donnent des rĂšgles. Les impĂ©ratifs catĂ©goriques Pour Kant, les impĂ©ratifs catĂ©goriques se distinguent en ce qu'ils posent une action comme nĂ©cessaire et inconditionnelle, indĂ©pendamment de la fin Ă  atteindre. Ces impĂ©ratifs donnent des lois, quelque que soit l'inclination du sujet. Il n'y a donc qu'un seul impĂ©ratif catĂ©gorique, et sa formule gĂ©nĂ©rale est celle-ci “Agis uniquement d'aprĂšs la maxime qui fait que tu peux vouloir en mĂȘme temps qu'elle devienne une loi universelle” Les formules de l'impĂ©ratif catĂ©gorique 1/ “Agis comme si la maxime de ton action devait ĂȘtre Ă©rigĂ©e par ta volontĂ© en loi universelle de la nature” Par exemple, on ne peut vouloir se suicider et que cet acte devienne une loi de la nature car cela dĂ©truirait l'humanitĂ©. Le suicide est ainsi immoral. Or, qu'est-ce que l'immoralitĂ© ? C'est se considĂ©rer comme une exception, s'accorder des privilĂšges. Et mĂȘme quand nous agissons contrairement au devoir, nous savons oĂč est notre devoir. Nous ne respectons pas dans ce cas la loi morale, mais celle-ci reste pour nous respectable. 2/ “Le principe subjectif du dĂ©sir est le mobile, le principe objectif du devoir est le motif” On dĂ©sire des choses et on respecte des personnes, selon Kant. Ainsi, les choses ont une valeur pour nous, alors que les personnes ont une valeur absolue, non relative. Le sujet est une fin en soi “Agis de telle sorte que tu traites l'humanitĂ© [
] toujours comme un fin et jamais simplement comme un moyen” Celui qui se suicide se traite comme un moyen, et non comme une fin en soi. 3/ Ces deux formules en crĂ©e une troisiĂšme, instituant l'homme comme l'auteur de la morale “La moralitĂ© est l'idĂ©e de la volontĂ© de tout ĂȘtre raisonnable conçue comme volontĂ© instituant une lĂ©gislation universelle” La volontĂ© est en effet autonome, elle se donne Ă  elle-mĂȘme sa loi. Nous obĂ©issons Ă  la loi morale parce que nous nous donnons Ă  nous-mĂȘme cette loi. RĂ©sumons ainsi la morale Kant De la loi morale dĂ©coule la dignitĂ© de la personne. Car se donnant Ă  lui-mĂȘme sa loi, l'homme a non seulement un prix, c'est-Ă -dire une valeur relative, mais une dignitĂ©, c'est-Ă -dire une valeur intrinsĂšque “L'autonomie est donc le principe de la dignitĂ© de la nature humaine et de toute nature raisonnable“.
DĂ©finitionrĂ©flexion. avec . rĂ©flexion est employĂ© comme nom fĂ©minin singulier. EmployĂ© comme nom. 1. action de rĂ©flĂ©chir en concentrant sa pensĂ©e sur une question donnĂ©e 2. conclusion ainsi obtenue 3. action de se rĂ©flĂ©chir en parlant de la lumiĂšre, d'une onde, d'un son 4. remarque faite Ă  soi-mĂȘme ou aux autres. Quelques mots au hasard. banal - prudent - tĂ©lĂ©phoner
La conscience est un pouvoir de reprĂ©sentation permettant Ă  l'homme d'avoir la connaissance des choses et de lui-mĂȘme. Il sait qu'elles existent et il a la connaissance immĂ©diate de sa propre existence ainsi que de ses Ă©tats et de ses actes. Le terme signifie Ă©tymologiquement avec la connaissance de ». La conscience est un savoir accompagnant la vie, les pensĂ©es et les actes d'une personne. C'est mĂȘme, si l'on en croit Locke, la conscience de soi qui fonde la possibilitĂ© de se savoir une seule et mĂȘme personne tout au long de sa vie. En ce sens il semble y avoir une Ă©quivalence entre la conscience de soi et la connaissance de soi. Pourtant suffit-il de s'apercevoir, de se donner la reprĂ©sentation de soi-mĂȘme pour prĂ©tendre avoir une vĂ©ritable connaissance de soi ? La notion de connaissance connote en effet l'idĂ©e d'un savoir obĂ©issant Ă  une exigence de luciditĂ© et d'objectivitĂ©. ConnaĂźtre en ce sens consiste Ă  dĂ©jouer les puissances trompeuses promptes Ă  abuser l'esprit dans sa recherche de la vĂ©ritĂ©. La notion connote aussi celle d'un effort d'intelligibilitĂ©. ConnaĂźtre consiste Ă  rendre raison des choses par l'intelligence des causes, celles-ci n'Ă©tant jamais donnĂ©es mais dĂ©couvertes par un exigeant travail de recherche. Si l'on donne Ă  la notion de connaissance, son sens fort, il ne va donc plus du tout de soi que la conscience de soi soit une connaissance de soi. Le doute s'impose, par ailleurs, car nous faisons souvent l'expĂ©rience de l'opacitĂ© de notre ĂȘtre. Nous sommes tristes mais nous ne comprenons pas pourquoi, nous sommes traversĂ©s par un dĂ©sir mais il nous Ă©tonne. Nous soupçonnons, dans telle situation, qu'il y a en nous quantitĂ© de choses dont nous ignorons l'existence et nous dĂ©couvrons parfois dans la stupĂ©faction, l'Ă©cart existant entre l'image que nous nous faisons de nous-mĂȘmes et celle que les autres nous renvoient. Pire, nous nous surprenons Ă  nous mentir et Ă  mentir aux autres comme s'il Ă©tait impossible d'assumer certaines dimensions de notre ĂȘtre. Et il faut souvent la mĂ©diation d'autrui ou de certaines Ă©preuves pour nous dessiller et comprendre que nous ne sommes pas ce que nous avions l'illusion d'ĂȘtre. Il apparaĂźt donc que la conscience de soi, qui est une condition nĂ©cessaire de la connaissance de soi, n'en est pas une condition suffisante. La question est alors de savoir pourquoi il en est ainsi. Qu'est-ce qui expose la conscience de soi Ă  l'illusion et la condamne souvent Ă  ĂȘtre une mĂ©connaissance de soi ? Pour autant, le terme de connaissance est-il appropriĂ© pour dĂ©signer l'opĂ©ration permettant de se saisir dans son identitĂ© humaine et dans son identitĂ© personnelle ? Car le propre d'un sujet est de ne pas avoir la consistance et la permanence des objets. Si la connaissance implique des procĂ©dures d'objectivation, n'est-elle pas par principe condamnĂ©e Ă  manquer l'identitĂ© d'un sujet ? Et qu'est-ce que le sujet ou le moi en dehors de la conscience qu'il a de lui-mĂȘme ? Une fiction peut-ĂȘtre comme le montre Hume, auquel cas la conscience de soi n'aurait pas d'objet et si elle en a un, elle est disqualifiĂ©e par la rĂ©flexion prĂ©cĂ©dente dans toute prĂ©tention Ă  l'objectivitĂ©. Alors faut-il renoncer Ă  la connaissance de soi-mĂȘme ou bien faut-il comprendre que l'identitĂ© humaine et l'identitĂ© personnelle sont plus un projet qu'une donnĂ©e ; une dĂ©cision qu'un ĂȘtre ; une destinĂ©e qu'un destin? Si c'est bien ainsi qu'il faut interprĂ©ter le connais-toi toi-mĂȘme » socratique, cela signifie que seule la conscience d'ĂȘtre un esprit ou une libertĂ© est une vĂ©ritable connaissance de soi. Mais cette connaissance est une tĂąche Ă  assumer, non le savoir objectif d'un supposĂ© objet. I La conscience de soi est une connaissance immĂ©diate de soi-mĂȘme et du monde. La conscience est la modalitĂ© d'existence de l'ĂȘtre humain. DĂšs que la conscience s'Ă©veille c'est le monde qui surgit avec moi et autrui situĂ©s en lui. Impossible d'Ă©chapper au savoir de sa propre existence, Ă  l'intuition de ses Ă©tats et de ses actes. Je fais tel geste et mĂȘme si c'est sous une forme confuse j'en ai conscience. Je m'ennuie dans ce cours et je le sais. Certes la conscience peut ĂȘtre vague, engluĂ©e dans les automatismes, reste que dĂšs qu'il y a conscience il y a connaissance. Il y a mĂȘme sentiment d'ĂȘtre une seule et mĂȘme personne tout au long de sa vie car Ă©tant toujours prĂ©sent par la conscience Ă  moi-mĂȘme, je vis la multiplicitĂ© et la diversitĂ© de mes Ă©tats comme miens. La conscience est donc une forme immĂ©diate de connaissance or une connaissance immĂ©diate peut-elle ĂȘtre une vĂ©ritable connaissance ? Sous sa forme spontanĂ©e, la conscience n'est-elle pas exposĂ©e au prĂ©jugĂ©, Ă  l'illusion, Ă  la naĂŻvetĂ©, aux piĂšges des fausses Ă©vidences ? Platon a pointĂ© dans l'allĂ©gorie de la caverne les risques d'un rapport au rĂ©el non mĂ©diatisĂ© par la rĂ©flexion et l'ascĂšse de notre part sensible. Le danger est toujours de confondre l'apparence des choses avec les choses elles-mĂȘmes. Par exemple, pour ce qui concerne notre question, est-il possible pour un sujet d'entretenir avec lui un rapport soucieux d'objectivitĂ© ? N'est-il pas beaucoup trop intĂ©ressĂ© Ă  construire une image gratifiante de lui-mĂȘme pour ĂȘtre le meilleur placĂ© pour se connaĂźtre ? Ce soupçon invite Ă  poser la question du statut de l'introspection et Ă  comprendre que sans la distance de l'extĂ©rioritĂ© et de l'objectivitĂ©, il est vain de prĂ©tendre Ă  une connaissance objective de quoi que ce soit. Or dans le cas de la connaissance de soi, il est impossible de disjoindre le sujet et l'objet de la connaissance. De mĂȘme, peut-il entrevoir que ce moi qu'il a conscience d'ĂȘtre est peut-ĂȘtre introuvable dĂšs lors qu'on se mĂȘle de le chercher sĂ©rieusement ? Chacun parle, en effet, spontanĂ©ment de lui comme s'il Ă©tait un ĂȘtre ayant une consistance et une permanence propres. Et les illusions intimistes sont monnaie courante. On invoque un moi profond », qui serait Ă  retrouver derriĂšre les multiples visages que chacun est pour chacun comme si la personne Ă©tait quelque chose en dehors des rĂŽles sociaux qu'elle incarne, des actes qui la rĂ©vĂšlent ou des mĂ©tamorphoses qu'elle subit. Or la rĂ©flexion pascalienne sur le moi nous affranchit de cette naĂŻvetĂ©. Le moi est inassignable car tout ce qui le caractĂ©rise dans sa singularitĂ© concrĂšte est multiple, divers et pĂ©rissable. Alors pourquoi ne peut-on pas Ă©tablir l'Ă©quivalence de la conscience de soi et de la connaissance de soi ? II Une connaissance non mĂ©diatisĂ©e n'est pas une vĂ©ritable connaissance. La conscience de soi est mĂ©connaissance de soi. Ce dĂ©veloppement exige d'exploiter les thĂšmes suivants Pascal et sa critique de l'intĂ©rĂȘt ou de l'amour-propre. Pascal souligne combien la conscience immĂ©diate est investie par des affects, des dĂ©sirs, des intĂ©rĂȘts sensibles. Ses reprĂ©sentations sont construites sur d'autres exigences que le souci de la vĂ©ritĂ©. D'oĂč les images de soi que chacun construit Ă  son avantage et l'hostilitĂ© Ă  l'Ă©gard de tous ceux qui dĂ©rangent Narcisse dans ses aveuglements. Cf. PensĂ©e B82 Notre propre intĂ©rĂȘt est encore un merveilleux instrument pour nous crever les yeux agrĂ©ablement. Il n'est pas permis au plus Ă©quitable homme du monde d'ĂȘtre juge en sa propre cause ». PensĂ©e B 100 La nature de l'amour-propre et de ce moi humain est de n'aimer que soi et de ne considĂ©rer que soi. Mais que fera-t-il ? Il ne saurait empĂȘcher que cet objet qu'il aime ne soit plein de dĂ©fauts et de misĂšres il veut ĂȘtre grand, et il se voit petit ; il veut ĂȘtre heureux, et il se voit misĂ©rable; il veut ĂȘtre parfait, et il se voit plein d'imperfections ; il veut ĂȘtre l'objet de l'amour et de l'estime des hommes, et il voit que ses dĂ©fauts ne mĂ©ritent que leur aversion et leur mĂ©pris. Cet embarras oĂč il se trouve produit en lui la plus injuste et la plus criminelle passion qu'il soit possible de s'imaginer; car il conçoit une haine mortelle contre cette vĂ©ritĂ© qui le reprend, et qui le convainc de ses dĂ©fauts. Il dĂ©sirerait de l'anĂ©antir, et, ne pouvant la dĂ©truire en elle-mĂȘme, il la dĂ©truit, autant qu'il peut, dans sa connaissance et dans celle des autres; c'est-Ă -dire qu'il met tout son soin Ă  couvrir ses dĂ©fauts et aux autres et Ă  soi-mĂȘme, et qu'il ne peut souffrir qu'on les lui fasse voir, ni qu'on les voie. C'est sans doute un mal que d'ĂȘtre plein de dĂ©fauts mais c'est encore un plus grand mal que d'en ĂȘtre plein et de ne les vouloir pas reconnaĂźtre, puisque c'est ajouter encore celui d'une illusion volontaire ». Sartre et la thĂ©matique de la mauvaise foi. Mensonge Ă  soi et mensonge aux autres car il est difficile d'assumer les multiples responsabilitĂ©s qui nous incombent tant dans notre facticitĂ© que dans notre transcendance. Notre libertĂ© nous angoisse et nous expose sans cesse Ă  nous dĂ©fausser d'une certaine vĂ©ritĂ© de nous-mĂȘmes parce qu'elle nous dĂ©range. Rien n'est plus inaccessible Ă  l'homme que la sincĂ©ritĂ© puisqu'il n'existe pas dans l'identitĂ© de soi avec soi et l'authenticitĂ© n'est pas la vertu la mieux partagĂ©e. Il y faut un courage qui fait la plupart du temps dĂ©faut. Ici, il est intĂ©ressant de pointer cette tendance si courante du sujet Ă  s'identifier Ă  son rĂŽle social. On pense bien sĂ»r Ă  l'analyse sartrienne du garçon de cafĂ©. Il joue avec un tel sĂ©rieux son rĂŽle qu'il se prend pour un garçon de cafĂ©, qu'il confond sa personne avec son personnage. Et l'on observe que lorsque le rĂŽle est gratifiant, la personne a l'impression de "n'ĂȘtre plus rien" lorsqu'elle en est dĂ©possĂ©dĂ©e. Drame des disqualifications, de la retraite. "Dans toute carriĂšre publique, une fois que l'on a construit son personnage et que le bruit qu'il fait revient Ă  son auteur et lui enseigne ce qu'il paraĂźt, celui-ci joue son personnage ou plutĂŽt son personnage le joue" ValĂ©ry MĂ©langes. Freud et le thĂšme de l'inconscient. S'il est vrai, comme l'analyse Freud, que notre psychisme est pour l'essentiel inconscient, il est clair que la conscience de soi ne peut pas ĂȘtre le moyen de se connaĂźtre. Le moi en est rĂ©duit Ă  se contenter de renseignements rares et fragmentaires sur ce qui se passe en dehors de sa conscience dans sa vie psychique ». Freud montre que la luciditĂ© est barrĂ©e par principe car ce qu'il appelle inconscient, c'est l'Ă©cart entre le sens que chacun donne consciemment Ă  ses faits et gestes et le sens que ces mĂȘmes faits et gestes ont dans l'interprĂ©tation analytique. Seule la mĂ©diation d'un analyste permet au sujet de nouer un rapport plus lucide avec lui-mĂȘme. Descartes et le thĂšme de l'opacitĂ© de l'union de l'Ăąme et du corps, les phĂ©nomĂ©nologues et le thĂšme de l'opacitĂ© du corps. Etre l'union d'une Ăąme et d'un corps Descartes ou ĂȘtre un corps phĂ©nomĂ©nologie c'est vivre d'une vie qui n'est pas transparente Ă  l'entendement. J'ai bien conscience de ma dĂ©prime passion de l'Ăąme mais sa genĂšse, les causes qui l'expliquent me demeurent inconnues. Ainsi en est-il chaque fois que mes Ă©tats ne procĂšdent pas de l'initiative de ma pensĂ©e. Je subis dans la confusion mes Ă©tats d'Ăąme. Ma seule libertĂ© consiste Ă  me disposer d'une maniĂšre raisonnable Ă  leur endroit. Ce que Descartes appelle faire un bon usage des passions de l'Ăąme». Idem pour ce qui se passe dans mon corps. Pour l'essentiel je l'ignore. J'ai bien conscience de mon corps mais je suis privĂ© de la connaissance de sa vie propre. Spinoza et le thĂšme du rapport imaginaire Ă  soi-mĂȘme. Les hommes ont conscience de leurs actes mais ils ignorent les causes qui les dĂ©terminent. Seule la connaissance rationnelle, peut dĂ©raciner les prĂ©jugĂ©s en permettant une connaissance adĂ©quate. L'objectivitĂ©, la vĂ©ritĂ© d'une connaissance sont des conquĂȘtes non des donnĂ©es immĂ©diates. Sartre et le thĂšme de la nĂ©cessaire mĂ©diation d'autrui. Sans la distance que me donne sur moi-mĂȘme le regard de l'autre, je ne suis guĂšre en situation de rompre l'intimitĂ© de moi avec moi afin de me voir comme une conscience peut me voir. Le regard d'autrui en me chosifiant me met en demeure d'advenir Ă  la dimension de la conscience, celle-ci ne s'actualisant que comme mouvement de division, d'Ă©cart de soi Ă  soi. Le thĂšme de la nĂ©cessaire mĂ©diation des Ă©preuves et du temps. On peut jouer en imagination quantitĂ© de personnages. Celui du hĂ©ros ou au contraire celui du poltron. On peut rĂȘver disposer d'une libertĂ© sans limites. Seule l'Ă©preuve de la rĂ©alitĂ© nous permettra de prendre la mesure de notre courage ou de notre lĂąchetĂ© et de la marge de manoeuvre de notre libertĂ©. Par exemple, je pensais dans les temps heureux de la santĂ© que dans la maladie implacable je demanderais Ă  en finir et je dĂ©couvre que je lutte pour sauver un ultime Ă©clair de vie ; je pensais que la peur de mourir me rendrait lĂąche et je me dĂ©couvre courageux. Je me croyais capable de soulever des montagnes et je m'aperçois que je baisse les bras Ă  la premiĂšre difficultĂ©. Cf. St ExupĂ©ry dans Terre des hommes La terre nous en apprend plus long sur nous-mĂȘmes que tous les livres. Parce qu'elle nous rĂ©siste. L'homme se dĂ©couvre quand il se mesure avec l'obstacle. Mais pour l'atteindre, il lui faut un outil. Il lui faut un rabot ou une charrue. Le paysan dans son labour arrache peu Ă  peu quelque secret Ă  la nature, et la vĂ©ritĂ© qu'il dĂ©gage est universelle. De mĂȘme l'avion, l'outil des lignes aĂ©riennes, mĂȘle l'homme Ă  tous les vieux problĂšmes » et bien sĂ»r Ă  celui, ici, des conditions concrĂštes de la connaissance de soi. Sartre a dit cela aussi, d'une maniĂšre terrible pour tous les hommes qui, au lieu de se faire ĂȘtre, se contentent de se rĂȘver. L'homme n'est rien d'autre que son projet, il n'existe que dans la mesure oĂč il se rĂ©alise, il n'est rien d'autre que l'ensemble de ses actes, rien d'autre que sa vie. D'aprĂšs ceci, nous pouvons comprendre pourquoi notre doctrine fait horreur Ă  un certain nombre de gens. Car souvent ils n'ont qu'une seule maniĂšre de supporter leur misĂšre, c'est de penser Les circonstances ont Ă©tĂ© contre moi, je valais mieux que ce que j'ai Ă©tĂ© ; bien sĂ»r, je n'ai pas eu de grand amour, ou de grande amitiĂ© mais c'est parce que je n'ai pas rencontrĂ© un homme ou une femme qui en fusse digne ... Or, en rĂ©alitĂ©, pour l'existentialiste, il n'y a pas de possibilitĂ© d'amour autre que celle qui se manifeste dans un amour ... Un homme s'engage dans sa vie, dessine sa figure et en dehors de cette figure il n'y a rien » L'existentialisme est un humanisme. 1946. III VanitĂ© d'une connaissance de soi qui n'est pas conscience de la distance sĂ©parant le sujet de toutes ses expressions provisoires et inaccomplies. La connaissance de soi est donc une entreprise qui excĂšde les possibilitĂ©s de la conscience de soi immĂ©diate. Elle requiert de nombreuses mĂ©diations et est, au fond, toujours inachevĂ©e puisque l'identitĂ© d'un sujet n'est pas fixĂ©e une fois pour toutes. Elle se construit, se remanie continuellement en fonction des leçons de l'expĂ©rience et d'un projet d'existence. L'homme existe et il n'est que ce qu'il se fait, enseigne l'existentialisme. Il s'ensuit qu'on ne peut parler de l'ĂȘtre d'un homme qu'au passĂ©. Oui, il a Ă©tĂ© ceci ou cela mais impossible de dire ce qu'il est, puisque tant qu'il vit, il peut toujours surprendre et se vouloir autre que ce qu'il fut jusque lĂ . Telle est la condition du pour soi, c'est-Ă -dire de l'ĂȘtre impuissant Ă  ĂȘtre dans la clĂŽture et la plĂ©nitude de l'en soi. La vraie connaissance de soi n'est donc pas connaissance de ce que l'on est passivement. Certes, une personne intĂšgre de nombreuses donnĂ©es empiriques qu'elle n'a pas choisies. Elle est un homme ou une femme, un blanc ou un noir, un tempĂ©rament apathique ou nerveux etc. Il ne s'agit pas de nier qu'il y a des Ă©lĂ©ments reçus dans l'identitĂ© d'un homme. Mais prĂ©tendre rĂ©duire son ĂȘtre Ă  sa dimension de passivitĂ©, c'est s'identifier par sa facticitĂ©. Or, on se demande bien ce que peut ĂȘtre un "moi" en dehors de ce qui assure sa continuitĂ©, c'est-Ă -dire en dehors de la conscience qu'il a de lui-mĂȘme. Un mythe dit Hume et Montaigne, fin analyste de l'expĂ©rience humaine avoue "Je ne peins pas l'ĂȘtre, je peins le passage". C'est dire que toute rĂ©ification de soi dans l'invocation d'un prĂ©tendu ĂȘtre qui serait donnĂ© hors de la dĂ©cision de le faire exister de telle ou telle maniĂšre est une stratĂ©gie de mauvaise foi. Il n'y a pas de sujet hors de l'opĂ©ration par lequel il se pose, pas d'identitĂ© personnelle hors d'un processus d'identification. Le moi n'est pas un objet qui, hors de soi, serait Ă  connaĂźtre, c'est un sujet ne prenant consistance que par le mouvement de nier tout ce en quoi il ne peut pas se reconnaĂźtre. C'est dire qu'il n'a pas d'ĂȘtre parce que son ĂȘtre c'est la libertĂ©. Conclusion La conscience de soi n'est pas spontanĂ©ment une connaissance de soi. Il faut, pour prĂ©tendre Ă  une connaissance, quelle qu'elle soit, s'affranchir de tout ce qui aveugle car la luciditĂ© et le souci de la vĂ©ritĂ© sont des conquĂȘtes. Il y faut aussi de nombreuses mĂ©diations. Mais il convient de ne pas se tromper sur le sens d'une authentique connaissance de soi. Ce ne peut pas ĂȘtre une connaissance de type scientifique car un sujet ne peut pas ĂȘtre objectivĂ© sans ĂȘtre niĂ©. Se connaĂźtre revient donc, en derniĂšre analyse, Ă  se rĂ©flĂ©chir dans sa dignitĂ© de sujet et pour cette opĂ©ration la conscience suffit, Ă  condition de prĂ©ciser que cette conscience ne peut pas ĂȘtre la conscience spontanĂ©e. Pour qu'un sujet, une conscience ou une libertĂ© puisse faire l'expĂ©rience pure de son ĂȘtre, l'ascĂšse d'une mĂ©ditation mĂ©taphysique est nĂ©cessaire. Descartes a donnĂ© la mesure d'un tel exercice rĂ©flexif. Et cette mĂ©ditation a ceci de singulier qu'elle est moins dĂ©voilement d'une essence qu'assignation Ă  une tĂąche spirituelle et morale. Partager Marqueursamour-propre, condition nĂ©cessaire, condition suffisante, connaissance, conscience de soi, conscience immĂ©diate, conscience rĂ©flĂ©chie, conscience spontanĂ©e, illusion, mauvaise foi, regard d'autrui
NedĂ©pendre que de soi-mĂȘme est, Ă  notre avis, un grand bien, mais il ne s'ensuit pas qu'il faille toujours se contenter de peu. Simplement, quand l'abondance nous fait dĂ©faut, nous devons pouvoir nous contenter de peu, Ă©tant bien persuadĂ©s que ceux-lĂ  jouissent le mieux de la richesse qui en ont le moins besoin, et que tout ce qui est naturel s'obtient aisĂ©ment, tandis
La solution Ă  ce puzzle est constituéÚ de 9 lettres et commence par la lettre S CodyCross Solution ✅ pour ACTION FAITE DE SOI-MÊME SANS RÉFLEXION de mots flĂ©chĂ©s et mots croisĂ©s. DĂ©couvrez les bonnes rĂ©ponses, synonymes et autres types d'aide pour rĂ©soudre chaque puzzle Voici Les Solutions de CodyCross pour "ACTION FAITE DE SOI-MÊME SANS RÉFLEXION" CodyCross Arts Culinaires Groupe 138 Grille 1 1 1 Partagez cette question et demandez de l'aide Ă  vos amis! Recommander une rĂ©ponse ? Connaissez-vous la rĂ©ponse? profiter de l'occasion pour donner votre contribution! CODYCROSS Arts Culinaires Solution 138 Groupe 1 Similaires
Eneffet, nous avons prĂ©parĂ© les solutions de CodyCross Action faite de soi-mĂȘme, sans rĂ©flexion. Ce jeu est dĂ©veloppĂ© par Fanatee Games, contient plein de niveaux. C’est la tant
Depuis le dĂ©but de la pandĂ©mie, nombreux sont celles et ceux de nos amis, pas spĂ©cialement versĂ©s dans la spiritualitĂ© et souvent SRF » sans religion fixe qui s’inscrivent Ă  des stages de chamanisme, regardent des vidĂ©os sur les Ă©tats modifiĂ©s de conscience EMC ou lisent des ouvrages sur le fĂ©minin sacrĂ©. Avec une constante tout s’est effondrĂ© et, dans un climat troublĂ©, c’est le moment de changer et de s’autoriser, pour retrouver un peu de sens, Ă  ĂȘtre enfin soi. Comme si nous ne l’étions pas jusque-lĂ  ? Mais qu’est-ce que cela veut dire, au juste, devenir soi » ? Et pour faire quoi ?En quĂȘte de soiDevenir pleinement et sereinement soi, Les 5 Blessures qui empĂȘchent d’ĂȘtre soi-mĂȘme, Devenir soi la voie essentielle
 Chez Zeugma, belle librairie gĂ©nĂ©raliste de Montreuil, en rĂ©gion parisienne, les ouvrages de dĂ©veloppement personnel accueillent le lecteur dĂšs l’entrĂ©e. Le rayon se dĂ©veloppe Ă©normĂ©ment depuis la crise sanitaire, avec une augmentation de 46 % du chiffre d’affaires cette annĂ©e, explique Lucile Samak, fondatrice du lieu. Les gens sont tellement bombardĂ©s d’informations face auxquelles ils sont impuissants qu’ils viennent chercher dans ces livres de quoi se recentrer, des conseils pour changer ce qui est Ă  leur portĂ© leur vie, la façon de prendre soin de leur corps, de leur esprit. »→ À LIRE. IdentitĂ©, en parler sans se fĂącher », notre dossierLe marchĂ© de ces ouvrages, Ă  la fois refuges rassurants et promesse de nouvelles expĂ©riences, a rarement Ă©tĂ© aussi florissant selon les derniers chiffres du Syndicat national de l’édition SNE, le secteur bien-ĂȘtre, santĂ© et dĂ©veloppement personnel » a vu son chiffre d’affaires progresser de 7,5 % dans un marchĂ© qui a globalement pĂąti du Covid avec, par exemple, une chute spectaculaire de 25 % du secteur livres religieux », domaine apportant pourtant Ă©galement des rĂ©ponses Ă  cette quĂȘte intĂ©rieure. Un paradoxe ? Pas vraiment. Ces livres rĂ©pondent eux aussi Ă  une vraie soif de spiritualitĂ©, mais qui prend d’autres voies que les religions traditionnelles, poursuit Lucile Samak, avec l’écologie ou le fĂ©minisme comme terrain d’action. »Les pages des livres dĂ©roulent un discours positif et valorisant autour de notre place particuliĂšre Ă  tenir sur cette terre. / Pascal LemaĂźtre/La Croix Au fil de ces pages se dĂ©roule un discours positif et valorisant autour de notre place particuliĂšre Ă  tenir sur cette terre
 Ă  la seule condition d’un changement profond, suivant diffĂ©rentes mĂ©thodes appelant autant au travail sur le corps, au changement de nos habitudes qu’à la relecture de notre histoire et de nos dĂ©sirs exercices, routines quotidiennes, pensĂ©es positives et rĂ©gimes alimentaires
. À la clĂ©, la promesse de rĂ©ussir sa vie » en restant loin des normes matĂ©rialistes en vigueur et en osant s’accomplir » sans se soucier du regard des autres, avec une estime de soi regonflĂ©e. Une rĂ©volution intĂ©rieure souvent prĂ©sentĂ©e comme une rupture rapide, radicale
 et exclusive. Domaine de la performance » La formule “devenir soi” pose problĂšme car on est dĂ©jĂ  dans le domaine de la performance », analyse Jean-Michel Hirt, psychanalyste, spĂ©cialiste de psychologie clinique interculturelle et auteur de plusieurs essais sur le religieux dans la vie psychique, dont le rĂ©cent Le TĂ©moin des Ă©critures Actes Sud. “Oser ĂȘtre soi”, c’est comme oser porter telle couleur, c’est dans l’air nĂ©olibĂ©ral du temps. Il faut se vendre donc il faut mettre dans la vitrine la marchandise la plus exaltante et la plus dĂ©sirable. Il faut mĂȘme se dĂ©sirer soi-mĂȘme pour se mettre en reprĂ©sentation. »→ ANALYSE. Reconfinement comment contrer la vague de dĂ©pressions ?Ces livres sont souvent l’Ɠuvre d’influenceurs et de coachs de vie, qui prolongent leurs discours dans des vidĂ©os YouTube et sur les rĂ©seaux sociaux, charriant frĂ©quemment un discours spiritualiste qui remet au goĂ»t du jour certaines antiennes du Nouvel Âge » ayant circulĂ© dans les annĂ©es 1970 et 1980. Associant changement de soi et changement du monde, ces thĂ©ories convoquent, souvent trĂšs rapidement, les neurosciences, la physique quantique, les taux vibratoires du corps ou les Ă©tats modifiĂ©s de conscience EMC, afin d’introduire l’idĂ©e d’une Ă©nergie vitale » qui permettrait Ă  notre conscience de transformer l’esprit en matiĂšre et d’influer sur la rĂ©alitĂ© grĂące Ă  la force de son dĂ©sir propre. De plus en plus de gens ne se plaisent pas et voudraient ĂȘtre diffĂ©rents
 mais c’est sans limites ! »Jean-Michel Hirt, psychanalyste Cette idĂ©e d’un bonheur Ă  la force du poignet, c’est l’illusion des illusions !, rĂ©agit Jean-Michel Hirt. Les sentiments dĂ©pressifs liĂ©s Ă  la pandĂ©mie et, au-delĂ , Ă  la crise Ă©cologique sont trĂšs prĂ©sents, on a envie de croire que l’on pourrait avoir un homme qui serait Ă  nouveau naturel, dans une sorte d’harmonie. Mais le malheur, c’est que l’harmonie, je ne l’ai jamais rencontrĂ©e, ni en moi ni ailleurs. Au fond, la question posĂ©e, c’est “ça ne va pas, je ne suis pas bien, comment faire pour que ça aille mieux ?”, dans un contexte de montĂ©e de l’insatisfaction, une sorte de tristesse rĂ©gnante qui a pris des formes plus ou moins pathologiques, avec l’idĂ©e qu’on pourrait ĂȘtre autrement que nous-mĂȘmes, que ce soit physiquement ou psychiquement. De plus en plus de gens ne se plaisent pas et voudraient ĂȘtre diffĂ©rents
 mais c’est sans limites ! Cela devient un business, et beaucoup de marchands de bien-ĂȘtre, qui proposent de changer d’apparence ou de se sentir mieux, l’ont bien compris. »Pourtant, aussi piĂ©gĂ©e soit-elle, l’expression parle Ă  beaucoup d’entre nous. Oui, car cette interrogation a aussi du bon, continue Jean-Michel Hirt. Elle correspond Ă  une libĂ©ration par rapport Ă  une idĂ©e de soi-mĂȘme liĂ©e Ă  une forme de culture patriarcale oĂč chacun avait son rĂŽle bien dĂ©fini le pĂšre trĂšs autoritaire voire pĂ©nible Ă  vivre, des femmes pas sur un mĂȘme pied d’égalitĂ©, souvent exclues
 Une culture normĂ©e qui a tenu jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. »Des expĂ©riences qui rĂ©sonnentParfois, loin du pessimisme ambiant, les expĂ©riences de ce devenir soi » sont vives et joyeuses. Enza, ancienne professeure de lettres Ă  l’universitĂ©, se rappelle J’avais 6 ou 7 ans. En pleine nature, fascinĂ©e devant une telle immensitĂ©, j’ai soudain senti que je n’étais pas seule ; le monde entier m’appartenait et j’étais moi, Enza, unique ! Ce souvenir ne m’a jamais quittĂ©e. J’y puisais force et confiance. Puis mes grandes lectures m’ont nourrie. J’ai voulu ĂȘtre enseignante pour transmettre ces trĂ©sors qui m’avaient Ă©tĂ© donnĂ©s. Ce fut, trĂšs tĂŽt, un appel impĂ©rieux. Cette injonction, acceptĂ©e avec joie dans l’innocence, n’a pas toujours Ă©tĂ© facile Ă  vivre, mais elle a illuminĂ© ma vie tout le long de chemins souvent difficiles, fidĂšle Ă  l’enfant que je fus. » Si vous pouvez dĂ©jĂ  aimer et travailler, ce n’est pas si mal ! »FreudLoin des recettes toutes faites, ce devenir soi » est un chemin de vie Ă©minemment personnel et qui Ă©chappe, de fait, Ă  toute tentative de rĂ©cupĂ©ration, au cƓur de nos expĂ©riences et de ce que nous pouvons en tĂ©moigner.→ ENQUÊTE. Ce que la psychanalyse a encore Ă  nous dire C’est partir de ce qui ne va pas pour en faire le tour, prĂ©cise Jean-Michel Hirt, et explorer toutes les dimensions de sa vie psychique en laissant la parole vous emporter, car c’est elle qui va mettre en mots l’individu. Nous ne sommes que ces mots que nous pouvons avoir sur notre compte, sur notre histoire. Il faut apprendre Ă  jouer avec ces dissonances, pour Ă©viter la routine, les rĂ©pĂ©titions, comme dans une improvisation de jazz. On peut alors aspirer Ă  ĂȘtre un peu moins dans le malaise, Ă  connaĂźtre une forme de libertĂ© de vivre et de penser. Freud disait “La vie n’est pas une chambre d’enfant. À l’issue d’une analyse, si vous pouvez dĂ©jĂ  aimer et travailler, ce n’est pas si mal !” » Un chemin qui est, peut-ĂȘtre, celui de l’aventure d’une aventure spirituelleAu cƓur de nos sociĂ©tĂ©s matĂ©rialistes, devenir soi » ne serait-elle qu’une expression pour dĂ©signer notre recherche d’une existence simplement plus supportable ? Du cĂŽtĂ© des grandes traditions spirituelles, on en retrouve une lecture plus existe bien une part intime et singuliĂšre de chacun d’entre nous dont il faudrait prendre conscience. / Pascal LemaĂŻtre Qu’elle soit appelĂ©e soi ou Ăąme, il existe bien une part intime et singuliĂšre de chacun d’entre nous dont il faudrait prendre conscience et aller rechercher par un retournement du regard de l’extĂ©rieur vers l’intĂ©rieur. Une vĂ©ritable conversion », rĂ©sumĂ©e par cette parole de Dieu Ă  Abraham dans la GenĂšse Va vers ou pour toi » et poursuivie, avec tant d’autres, dans Les Confessions de saint Augustin Ne t’en va pas au-dehors, rentre en toi-mĂȘme ; au cƓur de l’homme habite la vĂ©ritĂ©. »→ CRITIQUE. Être soi-mĂȘme » de Claude RomanoCette quĂȘte de soi, verticale, est frĂ©quemment symbolisĂ©e par la mĂ©taphore de la montagne, vue comme l’image de l’épanouissement personnel et de la rencontre avec le divin. C’est l’ascension du mont Fuji au Japon, pĂšlerinage tant physique que spirituel pour les bouddhistes, la colline Arunachala pour les hindous rĂ©sidence des 33 dieux de la mythologie du Rig-VĂ©da, le mont SinaĂŻ ou le mont Carmel en IsraĂ«l, vignoble de Dieu », ou encore la montagne spirituelle de QĂąf que l’on trouve par exemple dans la cĂ©lĂšbre Ă©popĂ©e mystique du poĂšte persan AttĂąr, Le Langage des rencontre vers sa libertĂ©Mais pourquoi diable entreprendre un voyage si pĂ©rilleux ? Pour se laisser rejoindre par Dieu ou le principe divin selon les traditions afin, ensuite, de mieux rejoindre les autres, libertĂ© intĂ©rieure octroyĂ©e. Pour les chrĂ©tiens, Maxime le Confesseur 580-662 a cette formule Qui est parvenu au sommet de la libertĂ© intĂ©rieure possĂšde la charitĂ©, il ne fait plus de diffĂ©rence entre soi et autrui. » La charitĂ©, premiĂšre des trois vertus thĂ©ologales – qui, avec l’espĂ©rance et la foi, sont les principales forces nĂ©cessaires pour conduire son Ăąme et sa vie selon le christianisme –, est ici centrale pour Ă©tablir cette relation entre soi, Dieu et les autres. DĂ©finie par le catĂ©chisme de l’Église catholique, la charitĂ© est celle par laquelle nous aimons Dieu par-dessus toute chose pour lui-mĂȘme, et notre prochain comme nous-mĂȘme pour l’amour de Dieu ». MĂ©fions-nous de tous les marchands de bonheur »FrĂšre Anthony-Joseph PinelliFruit de cette charitĂ©, Ă  dĂ©faut d’extase ou d’union mystique rĂ©servĂ©e Ă  quelques-unes, quelque chose de prĂ©cieux, une amitiĂ©, une communion, que saint Augustin nomme la dilection. C’est, Ă©crit-il dans ses Lettres, L’achĂšvement de toutes nos Ɠuvres. 
 LĂ  est la fin ; c’est pour l’obtenir que nous courons, c’est vers elle que nous courons ; une fois arrivĂ©s, c’est en elle que nous nous reposerons. » Un amour pur et spirituel oĂč la paix, la joie et la misĂ©ricorde peuvent s’éprouver. La charitĂ©, ce n’est pas d’éprouver de grands sentiments, explique le frĂšre Anthony-Joseph Pinelli du couvent des Carmes de Paris. C’est engager notre volontĂ© pour faire du bien Ă  l’autre. La croissance spirituelle va toujours de pair avec un dĂ©centrement. Mais il faut pour cela que je me laisse dĂ©livrer du narcissisme prĂ©sent dans mon cƓur. MĂ©fions-nous de tous les marchands de bonheur. Une bonne mĂ©thode de discernement consiste Ă  se demander qui est au centre celui qui parle ou Dieu ? Le menteur se met au centre, le vĂ©ritable maĂźtre spirituel montre le chemin vers Dieu et laisse libre, y compris de ne pas l’emprunter. C’est la parabole du jeune homme riche dans les Évangiles. »Cette ouverture Ă  l’autre passe aussi par l’empathie et la compassion. / Pascal LemaĂźtre Un processus individuel, Ă©volutif et libre qui laisse donc la place Ă  l’inattendu de la rencontre et n’est pas, par dĂ©finition, maĂźtrisable. Nos trois dimensions – matĂ©rielle le corps, psychique et spirituelle – ne cessent de s’accorder, de se lier ou de se dĂ©lier, et l’on peut expliquer beaucoup d’épisodes de sa vie en fonction de ces liaisons ou de ces dĂ©liaisons, observe le psychanalyste Jean-Michel Hirt. Si l’homme ne vit que dans l’horizontalitĂ©, sans sa part spirituelle, il est comme mutilĂ©. Devenir soi, c’est devenir plus que soi, dans une rupture avec l’horizontalitĂ©, ce que l’on ne trouve pas du tout dans la perspective du dĂ©veloppement personnel. »→ ENTRETIEN. Michel Erman On se prolonge et on se dĂ©passe soi-mĂȘme dans l’ami »Cette ouverture Ă  l’autre qui passe aussi par l’empathie et la compassion est ce qui permet d’éviter l’illusion d’une toute-puissance sclĂ©rosante. Ce n’est pas ĂȘtre soi qui importe, poursuit Jean-Michel Hirt, mais oser ĂȘtre plus grand que soi. Un dĂ©passement non pas narcissique, mais qui implique l’autre et une forme de verticalitĂ©, qui s’exprime diversement selon les croyances de chacun. Dans la mystique arabo-musulmane, oĂč il n’y a pas d’incarnation, la rencontre de cette prĂ©sence divine se rĂ©alise chez quelqu’un d’autre, qui peut ĂȘtre n’importe qui mais dont il faut reconnaĂźtre la face ou part divine particuliĂšre. C’est la thĂ©ophanie. Les mystiques musulmans, comme Ibn Arabi, utilisent frĂ©quemment la mĂ©taphore de “polir son miroir”, pour qu’un jour, soi-mĂȘme comme un miroir, nous puissions rĂ©flĂ©chir Ă  notre tour Ă  la face du divin qui nous concerne. »Un travail du corps et de l’espritCette quĂȘte est un travail tout aussi mental que physique. Dans le christianisme, corps et Ăąme forment d’ailleurs un tout indissociable, signe de la personne humaine prise dans ses trois dimensions rĂ©conciliĂ©es. Le corps et l’ñme ne sont jamais sans le monde »François Varillon, Ă©crivainComme l’écrivait François Varillon dans Joie de croire, joie de vivre Bayard L’ñme n’est jamais sans le corps, le corps n’est jamais sans l’ñme, le corps et l’ñme ne sont jamais sans le monde. » Les modes d’accĂšs Ă  cette dimension spirituelle sont trĂšs diffĂ©rents l’ascĂšse pour les chrĂ©tiens, la pĂ©nĂ©tration du texte jusqu’à ĂȘtre texte soi-mĂȘme pour les juifs et dans de trĂšs nombreuses traditions, des formes multiples de mĂ©ditations.→ RELIRE. Dans l’hindouisme, des femmes Ă  la fois centrales et subordonnĂ©es Dans l’hindouisme, par exemple il existe deux voies mĂ©ditatives d’accĂšs Ă  ce soi », explique Martine Le Peutrec, animatrice au centre parisien inter-religieux Forum 104 de sĂ©ances de mĂ©ditation dans la voie du sage indien Ramana Maharshi, qui a justement centrĂ© son enseignement sur la recherche de la nature ultime de notre rĂ©alitĂ© intĂ©rieure. Il y a une voie directe, le jnana yoga, voie de la connaissance faite d’une introspection qui pose la question “qui suis-je ?” jusqu’à la source de l’ĂȘtre, et une voie de l’abandon, le bhakti yoga, dĂ©votion totale Ă  cette force plus grande que nous, et qui correspond Ă  l’“ainsi soit-il” chrĂ©tien. » Alors, pour soi, rĂ©flexion ou abandon ? Cela donne
 Ă  silencieuse, une voie d’accĂšsLa tradition chrĂ©tienne a dĂ©veloppĂ© une technique de mĂ©ditation Ă©prouvĂ©e, permettant Ă  chacun de s’accomplir sans s’oublier. L’oraison silencieuse a Ă©tĂ© prĂ©cisĂ©ment dĂ©crite par les deux grands rĂ©formateurs de l’ordre du Carmel au XVIe siĂšcle, Jean de la Croix et ThĂ©rĂšse d’Avila. Par rapport Ă  d’autres, cette mĂ©ditation a pour spĂ©cificitĂ© non seulement l’intĂ©rioritĂ©, le recueillement, mais surtout la rencontre d’une personne autre que moi le Christ », explique le frĂšre carme dĂ©chaux Anthony-Joseph son livre Le ChĂąteau intĂ©rieur, Ă©crit en 1577, ThĂ©rĂšse d’Avila propose l’image du chĂąteau pour symboliser l’ñme, la dimension spirituelle de la personne humaine, capable d’entrer en relation avec Dieu. Elle considĂšre que l’oraison est la porte de ce chĂąteau intĂ©rieur. On dirait un guerrier qui se retire dans une forteresse pour se mettre Ă  couvert des attaques de l’ennemi, Ă©crit-elle. Ainsi, l’ñme appelle au-dedans d’elle-mĂȘme tous ses sens et les dĂ©tache des objets extĂ©rieurs avec un tel empire que les yeux du corps se ferment d’eux-mĂȘmes aux choses visibles, afin que ceux de l’ñme acquiĂšrent un regard plus pĂ©nĂ©trant. » Dans ce chĂąteau, elle dĂ©crit sept demeures, qui balisent l’aventure de l’oraison, depuis le chemin de ronde Ă  l’extĂ©rieur, jusqu’à la demeure la plus intĂ©rieure, oĂč Dieu lui-mĂȘme rĂ©side et dĂ©sire nous unir Ă  lui.→ EXPLICATION. L’oraison, une amitiĂ© avec le Christ »Dans ce parcours, une place trĂšs importante est faite Ă  la connaissance de soi». La connaissance de nous-mĂȘme est le pain avec lequel il faut, dans cette voie de l’oraison, prendre tous les autres mets », continue ThĂ©rĂšse d’Avila. Cette observation, qui nĂ©cessite intelligence, volontĂ©, persĂ©vĂ©rance mais surtout charitĂ©, est posĂ©e dĂšs la premiĂšre demeure. Quelle ignorance ne serait pas, mes filles, celle d’une personne Ă  qui l’on demanderait qui elle est, et qui ne connĂ»t pas elle-mĂȘme ou qui ne sĂ»t pas quel est son pĂšre, quelle est sa mĂšre, ni quel est son pays ! Ce serait lĂ  une insigne stupiditĂ©. Or, la nĂŽtre est incomparablement plus grande dĂšs lors que nous ne cherchons pas Ă  savoir ce que nous sommes, et que nous ne nous occupons que de notre corps. » Dans l’oraison, c’est Dieu qui donne la grĂące de se connaĂźtre vraiment »FrĂšre Anthony-Joseph PinelliMais, pour elle, cette connaissance de soi n’est pas une fin. Ce n’est que le dĂ©but d’une ouverture essentielle, orientĂ©e vers la rencontre du Christ, explique le frĂšre Anthony-Joseph Pinelli. Dans l’oraison, c’est Dieu qui donne la grĂące de se connaĂźtre vraiment. C’est sous sa lumiĂšre qu’est rĂ©vĂ©lĂ©e la vĂ©ritĂ© la plus profonde de mon ĂȘtre. Elle commence d’ailleurs son livre en parlant de la beautĂ© inaliĂ©nable de l’ñme de toute personne. » Mais que permet cette rencontre avec le Christ ? Ce chemin, Ă©crit ThĂ©rĂšse dans la septiĂšme et derniĂšre demeure du chĂąteau intĂ©rieur, n’a qu’un but produire des et dĂ©sorientations Nous sommes appelĂ©s Ă  nous dĂ©ployer jusqu’à “donner du fruit”, autour de nous, en portant l’attention aux autres, dĂ©taille Anthony-Joseph Pinelli. Je ne me dĂ©veloppe jamais seulement pour moi-mĂȘme mais pour le bien de tous, et l’authenticitĂ© de l’union Ă  Dieu dans l’oraison va toujours se mesurer aux effets dans ma propre vie et autour de moi. Celui qui s’imagine ĂȘtre uni Ă  Dieu mais se coupe de l’autre est dans l’illusion. ThĂ©rĂšse parle “d’ñmes encapuchonnĂ©es”, ces personnes repliĂ©es sur leur propre priĂšre sans s’en rendre compte. »L’oraison ne consiste pas Ă  faire le vide en nous, de s’oublier ou, comme dans les traditions asiatiques, de dissoudre l’individu l’ego dans le grand tout ». Ce qui est fondamental, poursuit le frĂšre carme, est que l’ouverture sur plus grand que soi est sans concurrence avec notre ĂȘtre personnel. Au contraire, plus je suis uni au Christ, plus je deviens la personne rĂ©elle que je suis amenĂ© Ă  ĂȘtre. »→ À LIRE. Fabrice Midal La mĂ©ditation ouvre un espace pour rĂ©humaniser le monde »Le chemin, bien sĂ»r, ne se fait pas sans embĂ»ches, et comporte des pĂ©riodes de crises, de dĂ©solations, de dĂ©sorientations, appelĂ©es par Jean de la Croix des nuits ». Et quand ThĂ©rĂšse d’Avila parle du pĂ©chĂ©, c’est d’un dĂ©calage par rapport Ă  l’amour de Dieu et de son prochain dont il est question. Elle prend l’image d’un voile noir qui recouvre le chĂąteau de l’ñme et empĂȘche la lumiĂšre de Dieu, toujours prĂ©sent au plus profond du chĂąteau, de rayonner. Mais la source de lumiĂšre est toujours lĂ . Il y a une circulation entre la connaissance de soi et la connaissance de Dieu la connaissance de soi est ouverte Ă  la rencontre de l’Autre qu’est Dieu. » Sois toi-mĂȘme, tous les autres sont dĂ©jĂ  pris »Oscar Wilde Il n’y a pas de recettes, conclut-il. C’est un chemin de libertĂ©, toujours personnel et en communion avec nos frĂšres et sƓurs. » Le but de la vie chrĂ©tienne, comme le disait saint Augustin, est bien Soyez ce que vous voyez, et recevez ce que vous ĂȘtes, le corps du Christ ».Au terme de ce pĂ©riple, simple survol de cette quĂȘte sans fin, dont la destination ne peut ĂȘtre inscrite sur aucune carte d’identitĂ© sous peine de l’entraver, peut-ĂȘtre faut-il garder en mĂ©moire le bon mot de l’auteur du Portrait de Dorian Gray, Oscar Wilde, contre tous les faux reflets Sois toi-mĂȘme, tous les autres sont dĂ©jĂ  pris. » .
LidentitĂ© personnelle est donc fondamentalement liĂ©e au fait de se dire soi-mĂȘme. Il avance aussi une thĂšse tĂ©lĂ©ologique qui tient dans la position suivante : « la visĂ©e de la vie bonne avec et pour autrui dans les institutions justes ». pour l’accomplir, il faut supposer la reconnaissance de soi et d’autrui. La reconnaissance de soi et la reconnaissance de l’autre sont
“Ne rougis pas de ce qui vient de l’opinion, de mĂȘme, ne te soustrais pas Ă  ce qui vient de la vĂ©ritĂ©.” EpictĂšte, Sentences, XIV 6 Nous sommes souvent confrontĂ©s, d’une maniĂšre ou d’une autre, au jugement de l’autre, que celui-ci soit juste ou non. A partir de cette sentence d’EpictĂšte, on peut voir se dessiner une attitude ambivalente vis-Ă -vis des jugements que l’autre porte sur nous. D’oĂč cette question, Ă  laquelle j’aimerais rĂ©pondre ici d’un point de vue stoĂŻcien que faire du jugement que les autres portent sur nous? Comment rĂ©agir face aux critiques et face aux louanges? Et quel impact le jugement de l’autre peut-il avoir sur nous? Le philosophe face au jugement de l’autre L’ataraxie est le but premier de la philosophie stoĂŻcienne, le bonheur stoĂŻcien Ă©tant dĂ©fini, prĂ©cisĂ©ment, par l’absence de trouble. Or, les jugements que les autres portent sur moi sont une source constante de troubles. Que ce soit au travail, ou Ă  la maison, en privĂ© comme en public, un certain nombre de dĂ©cisions et de propos sont susceptibles, au quotidien, de susciter la louange ou la critique de celles et ceux qui m’entourent. Si la louange ne pose gĂ©nĂ©ralement pas de problĂšme particulier au contraire!, la critique est parfois difficile Ă  avaler, en particulier lorsqu’elle n’est pas justifiĂ©e, mais aussi lorsqu’elle l’est. Il y a donc un travail nĂ©cessaire Ă  effectuer sur le jugement que les autres portent sur moi, afin de ne plus ĂȘtre troublĂ©, et d’apprĂ©hender ce jugement de l’autre de maniĂšre rationnelle, ce que proposent les stoĂŻciens, et en particulier EpictĂšte. Tout d’abord, il est important de comprendre, pour EpictĂšte, que le jugement de l’autre fait partie des choses qui ne dĂ©pendent pas de moi “Parmi les choses qui existent, les unes dĂ©pendent de nous, les autres ne dĂ©pendent pas de nous. DĂ©pendent de nous jugement de valeur, impulsion Ă  agir, dĂ©sir, aversion, en un mot tout ce qui est notre affaire Ă  nous. Ne dĂ©pendent pas de nous, le corps, nos possessions, les opinions que les autres ont de nous, les magistratures, en un mot, tout ce qui n’est pas notre affaire Ă  nous.” Arrien, Manuel d’EpictĂšte, 1,1 Le jugement que les autres portent sur nous Ă©tant quelque chose qui ne dĂ©pend pas de nous, il est nĂ©cessaire de s’en dĂ©tacher, pour rester libre et non esclave, comme le rappellent ces deux citations du Manuel “Le maĂźtre de chaque homme, c’est celui qui a pouvoir sur les choses que cet homme veut, ou bien ne veut pas, soit pour les lui procurer soit pour les lui enlever. Quiconque veut ĂȘtre libre ne doit ni vouloir ni refuser quoi que ce soit des choses qui dĂ©pendent des autres. Sinon, il est nĂ©cessaire qu’il soit esclave.” Arrien, Manuel d’EpictĂšte, 14, 2 “Si quelqu’un livrait ton corps au premier venu, tu serais indignĂ©; mais, que tu livres ta disposition intĂ©rieure au premier venu, en sorte que, s’il t’injurie, celle-ci soit plongĂ©e dans le trouble et la confusion, tu n’éprouves pas de honte Ă  cause de cela?” Arrien, Manuel d’EpictĂšte, 28 Parce que le jugement de l’autre ne dĂ©pend pas de nous, et parce qu’il est important, pour les stoĂŻciens, de prĂ©server notre libertĂ© intĂ©rieure, il ne faut pas rechercher la louange des autres, ni leur approbation, car car cela nous rendrait esclave de leur jugement, jugement que l’on ne peut pas contrĂŽler. Ce qui compte, dĂšs lors, pour le philosophe stoĂŻcien, ce n’est pas le paraĂźtre, mais ce qu’il est vraiment. MĂšne-t-il une vie vertueuse? C’est de son choix de vie que le philosophe doit se soucier, et non du regard de l’autre sur lui “Si un jour il t’arrive de te tourner vers l’extĂ©rieur, en voulant plaire Ă  quelqu’un, sache que tu as abandonnĂ© la rĂšgle de vie que tu as choisie. Contente-toi donc en toute circonstance d’ĂȘtre philosophe, mais si tu veux en outre le paraĂźtre, c’est Ă  toi qu’il faut le paraĂźtre et cela suffit.” Arrien, Manuel d’EpictĂšte, 23 “Garde-toi de l’ostentation ou de la vantardise. RĂ©vĂšle la mission qui t’a Ă©tĂ© confiĂ©e par Zeus, par tes actes, et, mĂȘme si personne ne le remarque, qu’il te suffise d’ĂȘtre toi-mĂȘme en bonne santĂ© morale et heureux.” EpictĂšte, Entretiens, III, 24, 118 “Un homme de bien n’agit jamais pour paraĂźtre, mais pour avoir bien agi.” EpictĂšte, Entretiens, III, 24, 50 “De mĂȘme que le soleil n’attend pas les priĂšres et les incantations pour poindre Ă  l’horizon, mais brille immĂ©diatement et est saluĂ© par tous, toi non plus n’attends pas d’ĂȘtre acclamĂ©, applaudi et louĂ© pour bien agir, mais rends volontairement service et, comme lui, tu seras aimĂ©.” EpictĂšte, Sentences, LXXVII 67 “Si tu veux qu’on parle bien de toi, apprends Ă  bien parler. Et l’ayant fait, cherche Ă  bien agir, et ainsi tu bĂ©nĂ©ficieras du fait que l’on parle bien de toi.” EpictĂšte, Sentences, XV 7 Ces diffĂ©rentes citations confirment la position d’EpictĂšte le philosophe doit se concentrer sur son action, tĂącher de bien agir, et non chercher Ă  plaire. Seule cette attitude lui permettra d’échapper aux troubles suscitĂ©s par le jugement d’autrui. Le philosophe face aux critiques injustifiĂ©es Il semble, nĂ©anmoins, Ă  bien lire la sentence d’EpictĂšte citĂ©e au dĂ©but de ce billet, que l’attitude du philosophe ne sera pas la mĂȘme selon la vĂ©racitĂ© du jugement portĂ© sur lui. Tel jugement vient de l’opinion, et n’est pas justifiĂ©e? Il ne faut pas en tenir compte. Tel jugement est vrai? Il ne faut pas l’éviter, mais le prendre en compte et agir en consĂ©quence. Ce n’est pas la personne qui juge mais la nature du jugement de l’ordre de l’opinion, ou, au contraire, de l’ordre de la vĂ©ritĂ© qui dĂ©termine la maniĂšre de rĂ©agir du philosophe. Qu’en est-il face aux critiques, pour commencer? Face aux critiques injustifiĂ©es, le philosophe stoĂŻcien doit apprendre dans un premier temps Ă  supporter la critique et le regard nĂ©gatif de l’autre sur lui, comme le confirment ces deux passages du Manuel d’EpictĂšte “Si tu veux progresser, supporte de paraĂźtre un insensĂ© et un sot, pour ce qui est des choses extĂ©rieures.” Arrien, Manuel d’EpictĂšte, 13 “Si tu dĂ©sires ĂȘtre philosophe, prĂ©pare-toi tout de suite Ă  ce que l’on rie de toi, Ă  ce que la foule se moque de toi, Ă  ce que l’on dise “Le voilĂ  qui nous est revenu subitement philosophe!” “D’oĂč nous a-t-il ramenĂ© ce sourcil arrogant?”” Arrien, Manuel d’EpictĂšte, 22 De mĂȘme, l’homme politique, lorsqu’il agit de maniĂšre juste, ne doit pas tenir compte de la clameur de la foule, comme le rappelle EpictĂšte dans les deux sentences suivantes “Comme l’oie ne craint pas les cris stridents ni le mouton les bĂȘlements, ne t’effraye pas de la lame d’une foule insensĂ©e.” EpictĂšte, Sentences, LXXII 64 “De mĂȘme que la foule ne doit pas t’embarrasser quand elle te demande confusĂ©ment ce qui t’appartient en propre, tu ne dois pas ĂȘtre troublĂ© face Ă  une multitude qui t’embarrasse injustement.” EpictĂšte, Sentences, LXXIII 65 L’indiffĂ©rence, on le voit, est donc la rĂ©action appropriĂ©e, selon EpictĂšte, face aux critiques de l’insensĂ©, de celui qui, en se contentant de juger le paraĂźtre, ne voit pas le bien vers lequel le philosophe dirige son choix de vie. Pour aider le progressant Ă  ne pas ĂȘtre troublĂ© par les critiques injustifiĂ©es des autres, EpictĂšte rappelle la distinction entre la chose et le jugement qu’il porte sur cette chose. En l’occurrence, ce qui trouble le philosophe progressant, ce ne sont pas les jugements que les autres portent sur lui, mais le jugement qu’il porte sur ce jugement de l’autre “Souviens-toi que ce qui t’outrage, ce n’est ni celui qui t’injurie ni celui qui te frappe, mais ton jugement qui te fait penser que ces gens t’outragent. Donc quand quelqu’un t’irrite, sache que c’est ton jugement de valeur qui t’irrite.” Arrien, Manuel d’EpictĂšte, 20 Aucune Ă©motion nĂ©gative ne doit donc venir troubler le philosophe qui se trouve confrontĂ© aux critiques, dĂšs lors que son action est juste et que le jugement portĂ© sur lui est erronĂ©. Surtout, la critique de l’autre ne doit pas l’empĂȘcher de bien faire, ce sur quoi insiste EpictĂšte Ă  plusieurs reprises dans le Manuel, reconnaissant ainsi les difficultĂ©s du progressant face Ă  la critique rĂ©currente Ă  son Ă©gard, et la tentation de ne pas montrer ce qui pourrait attiser la critique de l’autre “Quand tu fais quelque action aprĂšs avoir pris la dĂ©cision de la faire, ne cherche pas Ă  Ă©viter d’ĂȘtre vu en train de la faire, mĂȘme si la foule devait en juger autrement.” Arrien, Manuel d’EpictĂšte, 35 Le philosophe face aux critiques justifiĂ©es Nous avons vu quelle devait ĂȘtre la rĂ©action du philosophe face aux critiques injustifiĂ©es, ce sur quoi insiste particuliĂšrement EpictĂšte dans ses diffĂ©rents textes. Mais qu’en est-il du jugement correct de l’autre sur moi? Comment doit rĂ©agir le philosophe? Faut-il, comme on pourrait le penser dans un premier temps, rester indiffĂ©rent, puisque l’opinion de l’autre ne dĂ©pend pas de moi? Ou bien faut-il, au contraire, profiter de cette critique pour essayer de s’amĂ©liorer, mieux se connaĂźtre soi-mĂȘme, prendre conscience de ses dĂ©fauts et y remĂ©dier? “Si quelqu’un t’annonce qu’un tel a dit du mal de toi, ne rĂ©fute pas ce que l’on a dit, mais rĂ©ponds “C’est certainement qu’il ignorait les autres vices qui sont en moi, car autrement il n’aurait pas parlĂ© uniquement de ceux-lĂ .”” Arrien, Manuel d’EpictĂšte, 33,9 Ici, EpictĂšte suggĂšre non seulement de ne pas ĂȘtre troublĂ© par les critiques des autres, mais de ne pas les rĂ©futer, soit parce qu’elles sont vraies, soit parce qu’elles sont mĂȘme en-deça de la vĂ©ritĂ©. Le travail sur soi que doit faire le philosophe stoĂŻcien face au jugement correct de l’autre n’est pas prĂ©cisĂ© ici, et comme je viens de le rappeler, EpictĂšte se concentre davantage sur les critiques injustifiĂ©es qui visent le philosophe. La citation de dĂ©part, nĂ©anmoins, suggĂšre trĂšs fortement l’attitude du philosophe face aux jugements nĂ©gatifs justifiĂ©s “Ne rougis pas de ce qui vient de l’opinion, de mĂȘme, ne te soustrais pas Ă  ce qui vient de la vĂ©ritĂ©.” EpictĂšte, Sentences, XIV 6 Jusepe de Ribera, Le philosophe au miroir 1652 Si aucune honte, aucun trouble ne doit rĂ©sulter d’une simple opinion, comme on l’a vu, le philosophe ne doit pas par contre se soustraire Ă  la critique lorsque celle-ci est justifiĂ©e. Plus encore, le philosophe doit saisir cette opportunitĂ© pour mieux prendre conscience de ses vices, de ce qu’il doit rĂ©former en lui pour devenir meilleur. Si la critique est juste, si le jugement de l’autre sur moi est vrai, je dois l’accepter, ne pas fuir ce jugement, et remettre en question mon attitude, faisant ainsi le lien entre jugement de l’autre et jugement de soi. Ce que confirme Marc AurĂšle dans les PensĂ©es Si l’on peut me convaincre et me montrer que je juge ou que j’agis Ă  tort, je serai content de changer; car je cherche la vĂ©ritĂ©, qui ne peut ĂȘtre un dommage pour personne; or celui qui persiste dans son erreur ou son ignorance subit un dommage.» Marc-AurĂšle, PensĂ©es, VI, 21 Du jugement de l’autre au jugement de soi Le jugement de l’autre, lorsqu’il est justifiĂ©, doit donc conduire le philosophe Ă  un exercice d’introspection. Du jugement de l’autre au jugement de soi, il n’y a qu’un pas, qu’EpictĂšte n’hĂ©site pas Ă  franchir, en particulier lorsqu’il dĂ©conseille au philosophe progressant de juger l’autre “Ne prononce pas de sentence dans un autre tribunal que le tien, avant de t’ĂȘtre justement Ă©valuĂ©.” EpictĂšte, Sentences, LVIII 50 Avant de juger qui que ce soit, il faut d’abord et avant tout se juger soi-mĂȘme, et dĂ©terminer ainsi ce qui, dans notre vie, doit ĂȘtre rĂ©formĂ© ou non. Devenir son propre juge voilĂ  ce Ă  quoi EpictĂšte nous invite ici. Il s’agit de passer du jugement de l’autre au jugement de soi, de se questionner soi-mĂȘme, de prendre le temps de se regarder en face et de se poser la question qui suis-je? Quelles sont mes qualitĂ©s, mes dĂ©fauts? Et comment puis-je changer? Socrate Ă  droite et Alcibiade Ă  gauche, dĂ©tail de l’Ecole d’AthĂšnes, de RaphaĂ«l Le jugement de soi par soi, s’il n’est pas une tĂąche aisĂ©e, pourrait paraĂźtre le meilleur moyen de se connaĂźtre soi-mĂȘme, et le jugement de l’autre, en ce sens, n’ĂȘtre que le point de dĂ©part d’un jugement de soi plus approfondi. Mais il n’est pas aisĂ© de se juger soi-mĂȘme en vĂ©ritĂ©, et le jugement de l’autre pourrait bien, chez les stoĂŻciens comme dans la majoritĂ© des Ă©coles philosophiques de l’AntiquitĂ©, ĂȘtre un Ă©lĂ©ment essentiel, un passage obligĂ© de la connaissance de soi. C’est pourquoi la figure du maĂźtre, ou du directeur de conscience, est si importante, Ă  l’image de Socrate guidant Alcibiade. Le progressant, pour EpictĂšte, a besoin du jugement du maĂźtre, de la mĂȘme maniĂšre que Lucilius a besoin des lettres de SĂ©nĂšque et de son jugement sur lui pour progresser dans le mode de vie philosophique. Le jugement que l’autre, en tant que maĂźtre, porte sur moi a donc un rĂŽle important dans mon progrĂšs spirituel vers une vie meilleure, comme le rappelle ce fragment des Entretiens ” Quand Agrippinus Ă©tait gouverneur, il tentait de persuader ceux qu’il avait condamnĂ©s qu’il fallait qu’ils le soient. “Car”, disait-il, ” ce n’est pas comme un ennemi ni comme un brigand que je rends mon jugement contre eux, mais comme un curateur et un protecteur, de mĂȘme que le mĂ©decin rĂ©conforte le patient qu’il opĂšre et le persuade de se livrer de lui-mĂȘme Ă  l’opĂ©ration”.” EpictĂšte, Fragments, XXII On voit bien ici, avec la mĂ©taphore mĂ©dicale, que le jugement de l’autre peut avoir une fonction thĂ©rapeutique, et aider le philosophe progressant Ă  se connaĂźtre lui-mĂȘme, connaĂźtre ses vices ou ses dĂ©fauts, et se corriger lui-mĂȘme. L’autre, dans ce cadre, peut avoir un rĂŽle crucial dans la transformation de soi que demandent l’activitĂ© philosophique et la conversion au mode de vie philosophique. Le jugement de l’autre, loin d’y rester indiffĂ©rent, le progressant doit donc en tenir compte dĂšs lors que celui-ci est vrai. Qu’il vienne du maĂźtre ou de la foule, le jugement de l’autre peut et doit ĂȘtre l’occasion, pour le progressant, de prendre conscience de ses vices et de se rĂ©former. CrĂ©dits photographiques J’accuse, par Lachlan Hardy, Licence CC BY; Jusepe de Ribera, Le philosophe au miroir 1652 ; Le Louvre-Lens, par OliBac, Licence CC BY. Citer ce billet MaĂ«l Goarzin, "Jugement de l’autre et jugement de soi le philosophe face aux critiques EpictĂšte – Septembre 2015". PubliĂ© sur Comment vivre au quotidien? le 3 dĂ©cembre 2015. ConsultĂ© le 17 aoĂ»t 2022. Lien
Faitesen un devoir de le rendre aussi beau que possible: il deviendra votre fidĂšle compagnon. Prenez l’habitude d’y Ă©crire vos pensĂ©es et d’y Ă©laborer diffĂ©rents projets. Tenir un journal est l’une des choses qui vous permettent de mieux gĂ©rer votre stress et votre anxiĂ©tĂ©. 10 / 20. fizkes/Shutterstock. Cours du 18 mars 05 Qu’est-ce que le plaisir ? Le plaisir concerne l’existence, dans son irrĂ©ductibilitĂ© il s’éprouve. Mais cela ne suffit pas comme pour la douleur, sa question est celle d’une insistance. Car si la douleur reste au-delĂ  du savoir, elle le fait pour elle-mĂȘme c’est-Ă -dire pour rien, dans la nĂ©cessitĂ© que le sensible est pour lui-mĂȘme. Il en est de mĂȘme du plaisir, qui n’est pas plus qu’elle connaissance ni l’estimation du plaisant ; de sorte qu’on ne pensera leur distinction la douleur est un mal, le plaisir est un bien qu’à reconnaĂźtre d’abord, sous le nom d’insistance, une premiĂšre communautĂ© d’essence. Qu’est-ce en somme qu’une insistance distinguĂ©e ? telle est formellement la question Ă  laquelle nous devons rĂ©pondre pour penser le plaisir. En quoi le plaisir est-il un bien ? La notion du bien est celle de la finalitĂ©, Ă©videmment, mais c’est aussi celle de la reprĂ©sentation. C’est d’ailleurs la dĂ©finition du bien moral, qu’il soit identique Ă  la reprĂ©sentabilitĂ© de son sujet. On parle de bien quand la nĂ©cessitĂ© qu’un vivant est pour lui-mĂȘme se rĂ©alise, et il le fait Ă  travers un moyen oĂč il se reprĂ©sente. Dire que le plaisir est un bien, c’est dire d’une part qu’il rĂ©pond Ă  la nĂ©cessitĂ© que le sujet du monde est pour lui-mĂȘme – le plaisir sera donc le principe du service des biens – et d’autre part qu’il le fait Ă  chaque fois Ă  travers des rĂ©alitĂ©s oĂč il se reprĂ©sente comme ayant Ă  s’accomplir. Sous le terme de bien, c’est donc la corrĂ©lation de la finalitĂ© et de la reprĂ©sentation qu’on entend, et c’est de cette corrĂ©lation qu’il s’agit dans le principe dit de plaisir, dont on peut dire qu’il dĂ©finit le monde comme structure. Comme finalitĂ©, la nĂ©cessitĂ© qui dĂ©finit le bien ce qui doit ĂȘtre » est identique Ă  la reconnaissance d’une valeur qui fasse horizon et par lĂ  constitue en monde » son champ d’ouverture. C’est le mĂȘme de dire que tout vivant est pour lui-mĂȘme sa propre fin vivre, c’est vouloir vivre et de dire que tout vivant, de lui Ă  lui, se trouve par lĂ  mĂȘme avoir toujours dĂ©jĂ  ouvert l’espace d’un monde. La finalitĂ© est la structure du monde comme tel on peut interprĂ©ter le platonisme comme thĂ©matisation de cette Ă©vidence. Le plaisir Ă©tant un bien, il revient au mĂȘme de dire qu’il assure le rapport que le vivant est transcendantalement pour lui-mĂȘme ou qu’il assure le monde d’ĂȘtre le monde. La jouissance contredit le monde et n’est donc pas du cĂŽtĂ© du bien, alors que le plaisir en est l’assurance. Plus simplement principe de plaisir », principe de vie » ou principe de mondanĂ©itĂ© », c’est pareil tout se ramĂšne Ă  une nĂ©cessitĂ© qui, du sujet Ă  lui-mĂȘme, se trouve par lĂ  mĂȘme nĂ©cessitĂ© de comprĂ©hension. Il y a un plaisir de comprendre c’est-Ă -dire de rĂ©duire l’altĂ©ritĂ©, et inversement tout plaisir est une comprĂ©hension. Dans la comprĂ©hension, c’est le sujet qui compte et non pas l’objet, de sorte qu’on peut la dire mue par le principe de plaisir. Concernant le plaisir lui-mĂȘme le gĂąteau que j’ai du plaisir Ă  manger m’assure qu’en lui c’est de moi comme sensibilitĂ© qu’il allait depuis toujours en secret. Bref, le principe de plaisir consiste Ă  dire que la vĂ©ritĂ© est l’affaire exclusive du sujet en tant que, comme sensible, il est Ă  lui-mĂȘme sa propre affaire. Il est tautologique, Ă  propos de la vie et donc de la reprĂ©sentation, de parler de principe de plaisir ». Principe de plaisir ou nĂ©cessitĂ© transcendantale d’une dĂ©finition de la vĂ©ritĂ© en termes de reprĂ©sentation, c’est la mĂȘme chose nĂ©cessitĂ©, pour l’étant, qu’il soit de nature mondaine. Dans le plaisir le monde est assurĂ© comme tel, et d’abord contre l’altĂ©ritĂ©. Le gĂąteau n’est un autre qu’en apparence, puisqu’il Ă©tait dĂ©jĂ  fait de la nĂ©cessitĂ© que ma sensibilitĂ© Ă©tait depuis toujours pour elle-mĂȘme, sauf que, si l’on peut dire, il ne le savait pas. Qu’il se mette Ă  le savoir, pour garder la mĂȘme formulation, et c’est le plaisir ! Bien sĂ»r le terme de savoir s’entend ici non pas comme la production d’un ordre idĂ©el qu’il faudra se reprĂ©senter abstraitement, mais au sens oĂč il est impossible d’avoir mal, ou d’éprouver du plaisir, sans le savoir sans en ĂȘtre la reconnaissance. Au-delĂ  de la nĂ©cessitĂ© subjective de la comprĂ©hension des choses qui dĂ©finit la vie ici un aliment, lĂ  un obstacle, au-delĂ  mĂȘme de la nĂ©cessitĂ©, elle aussi subjective, de la comprĂ©hension que la vie est d’elle-mĂȘme dans l’ĂȘtre du vivant, il va de son ĂȘtre, le plaisir est une inhĂ©rence de la reconnaissance de soi, de l’implication de soi en soi. La douleur aussi, rappellera-t-on avoir mal, c’est savoir qu’on a mal. AssurĂ©ment. Sauf que l’opposition apparaĂźt quand on se demande oĂč se situe ledit savoir dans le sujet, ou dans l’objet ? Si c’est dans le sujet comme impossibilitĂ© de l’objet, on est dans la douleur, comme on le voit avec l’exemple de la plaque chauffante qui passe du chaud au brĂ»lant. Mais ce pourrait aussi ĂȘtre dans l’objet, comme dans l’exemple du gĂąteau dont le mangeur reconnaĂźt qu’il impliquait depuis toujours en lui sa sensibilitĂ©. Tout plaisir apparaĂźt donc comme un plaisir de la retrouvaille celle de sa propre sensation qui s’entendait jusque lĂ  Ă  vide, privĂ©e de son objet et qui apparaĂźt comme la vraie nature de l’objet
 J’éprouve du plaisir Ă  manger quand je reconnais dans l’objet ce savoir trĂšs particulier dont, comme sensibilitĂ©, je dĂ©couvre que j’étais fait depuis toujours, et que j’ignorais la maniĂšre dont j’étais ma propre affaire. Je dĂ©couvre en effet mes goĂ»ts dans les mets qui me sĂ©duisent et je les aurais toujours ignorĂ©s si tel ami voulant me surprendre ou la carte de tel nouveau restaurant ne me les avait prĂ©sentĂ©s. Mes goĂ»ts Ă©taient donc indistinctement manque de leur objet et manque d’eux-mĂȘmes, et c’est Ă  partir de cela seulement que le plaisir peut ĂȘtre pensĂ©. Rien lĂ  de trĂšs Ă©tonnant le goĂ»t n’est-il pas l’identitĂ© du sentant mon palais et du senti le gĂąteau et par consĂ©quent, pour la rĂ©flexion dont la notion de plaisir est insĂ©parable,indistinctement l’aperception de soi par le sujet manquant et l’aperception de son objet trouvĂ© ? RĂ©flexion, justement. Le sujet du plaisir est le sujet de la rĂ©flexion celui du bien. La douleur procĂšderait de la mĂȘme indistinction ? Non. Tant qu’on est en deçà, dans le froid, le tiĂšde et le chaud, il n’y a assurĂ©ment pas de diffĂ©rence entre le ressenti de ma main et la qualitĂ© thermique de la plaque. Mais quand elle devient brĂ»lante, il n’y a plus d’objet ! La qualitĂ© d’ĂȘtre brĂ»lante n’est pas propre Ă  la plaque, ni d’ailleurs celle d’ĂȘtre brĂ»lĂ©e Ă  ma main il n’y a plus ni plaque ni main, au sens oĂč celle-ci n’est plus sentante mais simple lieu pour la douleur qui vaut pour elle-mĂȘme c’est-Ă -dire pour rien. La douleur ne reprĂ©sente rien la douleur a seulement pour rĂ©alitĂ© que ça » irradie dans la main. C’est le rien – qu’on distingue donc de l’indistinction du sentant et du senti – qui se mettait Ă  valoir pour lui-mĂȘme, et donc Ă  la fois contre le sujet et contre l’existence. Dans le plaisir, au contraire, le sujet qui s’assure de lui-mĂȘme dans l’objet est rĂ©assurĂ© je me rĂ©gale j’ai bien fait de commander ce gĂąteau », comme est rĂ©assurĂ© le monde il y a tout de mĂȘme de bons restaurants dans cette ville ! » dans une finalitĂ© oĂč le premier moment qu’en moi il aille de moi cause le second le monde est ouvert par la diffĂ©rence que je suis avec moi-mĂȘme. L’objet qui cause le plaisir assure donc le monde d’ĂȘtre le monde dans le moment mĂȘme oĂč il atteste au sujet que les rĂ©alitĂ©s du monde, apprĂ©hendĂ©es dans la rĂ©paration de leur perte, sont faites du savoir de soi dont lui-mĂȘme est sensiblement fait, en tant qu’il est sa propre affaire c’est-Ă -dire son propre manque. Je rappelle qu’ĂȘtre sujet, c’est avoir Ă  ĂȘtre sujet. Cette affaire », on l’a donc compris, c’est la perte de soi dont l’objet du plaisir se dĂ©finit d’ĂȘtre partiellement la rĂ©paration. Par l’objet dont il fait la retrouvaille, le sujet qui manque de lui-mĂȘme se rĂ©pare partiellement, et c’est cela qui constitue le plaisir comme un bien. Car si c’est de s’attaquer au sujet comme tel, c’est-Ă -dire en mĂȘme temps Ă  travers la possibilitĂ© de l’objet pure brĂ»lure et Ă  travers la rĂ©cusation de la rĂ©flexion ça » fait mal et ma rĂ©flexion a perdu tout caractĂšre constituant, que la douleur est un mal, il apparaĂźt que le plaisir est un bien d’en ĂȘtre la rĂ©paration actuelle, la piĂšce », si l’on peut dire, Ă©tant cette nature que la sensibilitĂ© est depuis toujours dans son rapport Ă  elle-mĂȘme et dont la sĂ©duction avoir envie du gĂąteau est en mĂȘme temps la mĂ©connaissance et la reconnaissance. Par quoi on mentionne l’espace de la reprĂ©sentation. Si l’on nomme classiquement jouissance » cette nature perdue qu’on retrouve comme la rĂ©alitĂ© mĂȘme de l’objet du plaisir, il faut dire que la jouissance est premiĂšre elle serait la nature du sujet mais aussi celle de l’objet, car on ne jouirait jamais que de ce qui serait dĂ©jĂ  en soi-mĂȘme jouissance et que le plaisir naĂźt de ce qu’elle soit cantonnĂ©e dans l’objet avec lequel le sujet est en rapport – ce rapport, ou mise Ă  distance, Ă©tant la mondanĂ©itĂ© mĂȘme du monde. Il n’y a de plaisir que mondain par opposition Ă  la jouissance qui est toujours antimondaine, puisqu’elle rĂ©cuse cette distance, et donc que comme assurance rĂ©ciproque du sujet et du monde depuis ce rapport du sujet Ă  l’objet. Plaisir que la rĂ©sistance de l’objet pare Ă  l’insistance du vrai Contrairement Ă  ce qui se passe dans la jouissance, il n’y a de plaisir que par la distance. La distance, concrĂštement, c’est d’abord que l’objet rĂ©siste. Si l’objet ne rĂ©siste pas, il n’y a pas du tout de plaisir, mais s’il n’est que rĂ©sistance, comme dans l’exemple d’un breuvage amer, il n’y en a pas du tout non plus. Bref, c’est la rĂ©sistance elle-mĂȘme qui est appropriĂ©e, dans le plaisir, qui est un sentiment, c’est-Ă -dire une rĂ©flexion, d’avoir cette appropriation pour objet originel. Les choses qui nous font plaisir le font donc au sens oĂč, en maintenant la distance et donc le manque, elles permettent qu’on revienne rĂ©flexivement Ă  soi. Tout plaisir est plaisir de la retrouvaille et ainsi de la constitution rĂ©currente d’un manque qui soit, comme nature secrĂšte de l’objet et mĂ©connue du sujet, la reconnaissance que celui-ci, en tant que sujet, Ă©tait de son propre enjeu Ă  l’extĂ©rieur de lui-mĂȘme. La question philosophique du plaisir apparaĂźt ainsi l’enjeu rĂ©el du sujet lui Ă©tait extĂ©rieur, il ne le savait pas, mais il le reconnaĂźt dans le moment mĂȘme oĂč il en nie l’altĂ©ritĂ© le gĂąteau, on le mange. Telle est la leçon du plaisir, comme tension entre l’insistance de l’existant le goĂ»t du gĂąteau et l’appropriation subjective je le mange parce qu’elle est une rĂ©flexion, c’est-Ă -dire une appropriation de soi par soi la nature secrĂšte du gĂąteau – il faut le manger pour s’en rendre compte – est la nature mĂ©connue du sujet. Insistons sur cette appropriation de soi par soi que j’indique en opposant le goĂ»t secret du gĂąteau Ă  la mĂ©connaissance de son propre goĂ»t par le sujet – indication qui m’est Ă©videmment suggĂ©rĂ©e par le double sens, objectif et subjectif, de la notion de goĂ»t ». Et certes, chacun sait qu’avoir du goĂ»t, c’est savoir goĂ»ter ce qui a du goĂ»t que la matĂ©rialitĂ© insistante du sensible, et prĂ©cisĂ©ment en tant qu’insistante il y a des choses qui n’ont pas de goĂ»t elles ne sont que ce qu’il y a Ă  savoir qu’elles sont, amĂšne le sujet Ă  se tenir dans sa propre formalitĂ© rĂ©flexive. La question du plaisir renvoie ainsi Ă  celle du sens que le sujet est, comme sujet, pour lui-mĂȘme – dont l’insistance n’est pas la douleur mai la souffrance. Parce qu’il concerne toujours une rĂ©alitĂ© qui vaut par sa signification et non pas par elle-mĂȘme, le plaisir renvoie Ă  la souffrance plutĂŽt qu’à la douleur. C’est la faim qui est douloureuse, par exemple, et non pas l’absence du gĂąteau telle qu’on la dĂ©couvre, ou plus exactement telle qu’on la constitue rĂ©trospectivement, dans le plaisir qu’on a de le manger. Cette absence est alors une souffrance qu’il faut dĂšs lors considĂ©rer comme inhĂ©rente au plaisir lui-mĂȘme. Plus simplement l’objet retrouvĂ© apparaĂźt par lĂ  mĂȘme comme l’objet perdu et que c’est de soi comme souffrant depuis toujours de cette perte il s’agit bien d’une souffrance et non d’une douleur qu’il est la satisfaction. Et si l’on Ă©prouve un plaisir particulier Ă  manger quand la faim commence Ă  nous tenailler, c’est que cette douleur est aussi une souffrance un manque de sens il me faut des aliments or il n’y en a pas que la rĂ©ponse en termes de plaisir Ă  la question de la vie viendra combler. Dans la souffrance, c’est le sens qui manque. Tout se passe donc comme si le plaisir comblait ce manque non pas avec du rĂ©el, comme quand on parle de la satisfaction du besoin, mais avec des rĂ©alitĂ©s qui suscitent la position imaginaire de soi inhĂ©rente Ă  la mondanĂ©itĂ© de l’étant disponible je rappelle que le monde est l’ordre de la comprĂ©hension, ou le domaine du signifiĂ©, ou de la disponibilitĂ© originelle de l’étant. Pour qu’on parle de plaisir, il faudra donc que l’objet produise un effet de restauration pour une existence subjective dont l’indĂ©fini renvoi de tout Ă  tout ce qu’on peut nommer le sens, par opposition Ă  la signification est la perte. L’image la signification, la comprĂ©hension pare Ă  ce renvoi et c’est ce qui procure du plaisir. Sans image, pas de plaisir possible. La comprĂ©hension de l’objet, prĂ©cisĂ©ment en tant que comprĂ©hension et donc institution de soi en sujet imaginaire, vient parer au manque. C’est le procĂšs de parer au manque de sens qui est le plaisir proprement dit – lequel ne rĂ©sout donc pas la souffrance, mais la repousse au sens oĂč l’imaginaire obture l’irrĂ©ductibilitĂ© de la vĂ©ritĂ© au savoir. Le plaisir ne rĂ©side absolument pas dans la rĂ©duction des tensions, non seulement parce qu’il y a des tensions agrĂ©ables, ainsi que Freud l’admet lui-mĂȘme, mais surtout parce que cette rĂ©duction, cause possible et non pas nature du plaisir, produit un retour du sujet Ă  lui-mĂȘme – la tension Ă©tant au contraire un Ă©loignement de soi. C’est la retrouvaille de soi comme restauration de la dimension reprĂ©sentative des choses, dont on peut Ă  la limite concevoir qu’elles soient remplacĂ©es par leur hallucination comme dans l’exemple du sein pour le nouveau-nĂ©, que rĂ©side le plaisir s’il n’y a Ă  la limite que de l’hallucination, alors le sujet n’est rien d’autre que son propre imaginaire et c’est d’avoir trouvĂ© dans le sein le chemin de cette autarcie que le bĂ©bĂ© le constitue en objet de plaisir. Le rapport Ă  l’objet du plaisir est expressĂ©ment un rapport de comprĂ©hension. Dans tous les sens du terme. Non seulement c’est la dĂ©finition mĂȘme de l’agrĂ©able qu’on le recherche pour importer du plaisir dans notre vie, mais encore l’appropriation elle-mĂȘme – avec la retrouvaille et donc la perte qu’elle suppose – est un plaisir. Cela signifie qu’il appartient au plaisir d’ĂȘtre son propre redoublement, conformĂ©ment au concept du sensible qui n’est pas simplement sensible aux rĂ©alitĂ©s mais qui l’est d’abord Ă  sa propre sensibilitĂ©. Un vivant est affectĂ© d’abord par ceci qu’il s’affecte lui-mĂȘme en Ă©tant affectĂ© par les rĂ©alitĂ©s extĂ©rieures. Le plaisir n’est pas seulement inhĂ©rent au compris l’agrĂ©able mais encore Ă  la comprĂ©hension elle-mĂȘme dans laquelle le sujet est dĂšs lors assurĂ©, indistinctement par l’objet et par lui-mĂȘme, d’ĂȘtre sujet pour cette comprĂ©hension. Il y a donc une dimension reprĂ©sentative du plaisir, et c’est pourquoi il s’entend expressĂ©ment Ă  l’encontre de toute vĂ©ritĂ©. Je disais que la douleur ne peut ĂȘtre rĂ©flĂ©chie autrement que comme une menace il se peut toujours que cela devienne pire. Puisque le plaisir relĂšve de la mĂȘme insistance, il faut indiquer en quoi il consiste. Sa dimension rĂ©flexive en est indication il se peut toujours que cela devienne moins rĂ©el. Je veux dire qu’il appartient Ă  tout plaisir de nous mettre sur la pente de l’hallucination, et qu’on ne le comprendrait pas sans cette nĂ©cessitĂ© dont le paradoxe est qu’elle concerne l’existence comme telle – autrement dit la rĂ©sistance de l’objet Ă  sa comprĂ©hension. Car l’objet du plaisir n’est pas un simple existant, mais c’est un insistant au sens oĂč son existence s’entend contre sa comprĂ©hension, laquelle se dĂ©ploie actuellement elle-mĂȘme comme objet originel du plaisir pour cette raison, prĂ©cisĂ©ment. LĂ  mĂȘme oĂč l’indĂ©pendance de l’objet insiste contre une comprĂ©hension qui interdirait, Ă  la limite, de distinguer le rĂȘve et la veille, s’impose l’éventualitĂ© qu’il ne s’agisse finalement plus que de reprĂ©sentation. C’est que la finalitĂ© est insĂ©parable du plaisir, comme tout le monde sait, mais l’essentiel est pour nous d’indiquer que cette finalitĂ© est en quelque sorte rĂ©gressive, puisque la fin du plaisir est l’hallucination l’existence de l’intuitus intellectus oĂč il n’y aurait pas de diffĂ©rence entre concevoir et intuitionner et oĂč l’intuition serait l’assurance que le sujet se donnerait actuellement Ă  lui-mĂȘme de sa rĂ©alitĂ© de sujet. Les notions de plaisir, de finalitĂ© et de mondanĂ©itĂ© sont en stricte corrĂ©lation, et la rĂ©fĂ©rence au dieu d’Aristote et Ă  son statut de cause finale est particuliĂšrement propre Ă  Ă©clairer cela. En toute rĂ©alitĂ© agrĂ©able, il s’agit qu’elle finalise le monde. Mais en quoi consiste cette finalitĂ© ? RĂ©ponse en ce que l’insistance qui constitue l’objet du plaisir sans elle la comprĂ©hension ne serait pas un acte de rĂ©duction ne diffĂšre plus de son intuition, puisqu’en cet objet ne compte que le plaisir qu’il importe, justement, et non pas lui-mĂȘme. Il appartient donc au monde d’ĂȘtre finalisĂ© sur un accomplissement divin » du sujet Ă  l’horizon des finalitĂ©s se profile l’éventualitĂ© que rien ne compte que soi comme sujet sensible. Ce qui revient bien Ă  rassembler dans cette sensibilitĂ© Ă  la fois la conception et l’intuition. C’est pourquoi il appartient bien au plaisir d’ĂȘtre finalisĂ© sur l’hallucination, comme on le voit dans l’exemple du nouveau nĂ© pour qui rien ne compte que lui-mĂȘme comme ĂȘtre sensible, comme ĂȘtre originellement autoaffectĂ© avant de l’ĂȘtre par des rĂ©alitĂ©s qui, de toute façon, ne comptent pas par exemple la mĂšre ou l’hallucination de la mĂšre, pour lui, c’est Ă©quivalent. Tel est l’horizon constitutif du plaisir rĂ©sorber l’insistance dont il procĂšde, comme la douleur oĂč s’en Ă©prouve l’irrĂ©ductibilitĂ©, et faire que rien ne compte que soi. Les ĂȘtres vouĂ©s au plaisir nous donnent cette figure extrĂȘme de la misĂšre qu’ils aient rĂ©ussi Ă  bannir jusqu’à l’éventualitĂ© que la notion de vĂ©ritĂ©, et donc celle d’ĂȘtre mis au pied de son propre mur de sujet, puisse avoir un sens. Non seulement le vrai ne dĂ©pend pas des alĂ©as de notre comprĂ©hension, mais surtout ce n’est pas d’elle qu’il dĂ©pend pour ĂȘtre vrai c’est d’une autoritĂ© dont la comprĂ©hension est par dĂ©finition bannie, puisqu’on ne peut pas plus comprendre qu’on autorise l’artiste ne signe qu’en Ă©trangetĂ© radicale Ă  lui-mĂȘme qu’on ne peut comprendre, pour ce qui s’impose comme vrai, qu’il le fasse. Et certes, s’il y a des raisons Ă  la vĂ©ritĂ©, alors il n’y a pas d’autoritĂ© et ce n’est donc pas la vĂ©ritĂ© pas de dĂ©cision singuliĂšre mais seulement un choix commun. Personne n’a jamais ignorĂ© que le principe de plaisir » Ă©tait Ă©thique avant d’ĂȘtre descriptif, et qu’il Ă©tait la constitution Ă©thique du commun en tant que tel, par opposition au singulier oĂč la question est toujours celle de s’autoriser de soi. Que le plaisir, par la saturation d’imaginaire qu’il engage, rĂ©ponde Ă  la souffrance et non pas Ă  la douleur, c’est ce qu’on indique Ă©galement en disant qu’il n’y a de plaisir que du sens – tel que l’unitĂ© de l’image peut brusquement le saturer. Pas de plaisir sans image, je viens de le dire, et pas d’image sans que le sens ne soit obnubilĂ© par l’écran et par l’instantanĂ©itĂ©. Bien entendu les images qu’on pourrait dire vraies » s’entendent de dĂ©construire d’abord cette premiĂšre nĂ©cessitĂ© elles surprennent par un point d’absence qui les travaille secrĂštement, mais dont on pourrait dire que la fonction de l’imaginaire, et donc de l’éventuel plaisir, est de l’effacer. Car les vraies images ne sont agrĂ©ables qu’en tant qu’images c’est par exemple un paysage paisible dans lequel on imagine qu’on pourrait vivre, leur vĂ©ritĂ© passant dĂšs lors par une dĂ©ception de cet agrĂ©ment, par la mise en Ă©vidence qu’il reposait sur un malentendu 
et brusquement, on aperçoit dans un coin un personnage qui regarde fixement le spectateur !, mise en Ă©vidence Ă  partir de quoi seulement on pourra parler de vĂ©ritĂ©. On le fera hors d’un plaisir qui ne subsistera que comme un moment non vrai, ou alors comme une parade de second degrĂ©, comme dans le plaisir paradigmatique de l’intellectuel satisfait d’avoir dĂ©codĂ© le tableau, et par lĂ  d’y avoir Ă©chappĂ© il a Ă©tĂ© un en tant que » par exemple un professeur brillant alors que le tableau le mettait au pied de sa responsabilitĂ© de sujet – puisqu’il le sommait de dĂ©cider de son statut d’Ɠuvre c’est-Ă -dire de chose vraie, hors de toutes les raisons qui en disaient la plus ou moins grande valeur. N’oublions pas en effet que du tout venant des productions Ă  l’Ɠuvre, la diffĂ©rence n’est pas de degrĂ© mais d’autoritĂ©. Le plaisir esthĂ©tique, pour rester dans le fil de cet exemple, a expressĂ©ment pour fonction de barrer cette nĂ©cessitĂ© quand je reconnais en moi la disposition rĂ©pondant Ă  la nĂ©cessitĂ© dans laquelle une certaine Ɠuvre est supposĂ©e ĂȘtre plaire universellement, je m’estime quitte de la question de la vĂ©ritĂ©. Et certes j’éprouve sur le mode de la lĂ©gitimation que je suis n’importe qui le propre du beau, c’est bien qu’il ait Ă  plaire Ă  n’importe qui au sujet de la rĂ©flexion lĂ  oĂč, comme vraie c’est ce qu’a produit un auteur, l’Ɠuvre me sommait de changer ma vie », c’est-Ă -dire, prĂ©cisĂ©ment, de cesser de trahir ma propre singularitĂ© – la promesse que je suis depuis toujours sans le savoir. On aperçoit donc la fonction mĂ©taphysique du plaisir que l’irrĂ©ductibilitĂ© de la vĂ©ritĂ© au savoir soit occultĂ©e par le rapport Ă  l’objet, en tant que ce rapport se met Ă  valoir pour lui-mĂȘme – puisque c’est la comprĂ©hension avant le compris qui est l’objet originel le plaisir est un sentiment. En quoi nous retrouvons la structure qui rend la douleur intelligible que le sensible soit affectĂ© par le fait mĂȘme d’ĂȘtre sensible avant de l’ĂȘtre par l’objet. Sauf qu’ici il s’agit non pas de la douleur mais de la souffrance, oĂč en effet le sensible s’est toujours dĂ©jĂ  affectĂ© lui-mĂȘme. Dans le plaisir il s’agit que l’imaginaire pare au non sens comme place du sujet en acte. Le sujet de la comprĂ©hension n’est pas ce sujet, puisqu’on n’est sujet que sans le savoir et que l’évidence de l’avoir Ă©tĂ©, dans les dĂ©cisions, n’apparaĂźt qu’aprĂšs coup. Etre consciemment sujet, comme on l’est dans ses choix dont le principe de plaisir est toujours le moteur, c’est ĂȘtre un semblant de sujet qu’on ait parĂ© Ă  l’éventualitĂ© que le savoir soit faillĂ©. Disons-le autrement la fonction du plaisir est de parer, pour le sujet, Ă  sa propre impossibilitĂ© – qui est son existence mĂȘme de sujet, par opposition Ă  sa vie de semblant. Car tel est l’enjeu du principe de plaisir », dont on peut dire en ce sens qu’il est l’ordre a priori du monde comme tel qu’il n’y ait pas de vrai !Et le vrai, forcĂ©ment, il insiste Ă  la comprĂ©hension. La rĂ©sistance de l’objet qui conditionne le plaisir doit donc, pour nous, se penser Ă  l’encontre de l’insistance du vrai dans la vie. C’est pourquoi il convient de rapporter la question du plaisir non pas Ă  celle de la douleur, comme on aurait pu l’imaginer en pointant une opposition triviale, mais bien Ă  celle de la souffrance. La vĂ©ritĂ© et la finalitĂ© qui dĂ©finit le plaisir s’excluent. Cela ne veut Ă©videmment pas dire qu’il faut Ă©viter le plaisir puisqu’il est le principal des biens, mais que le principe de plaisir » nomme l’exclusivitĂ© Ă  la vĂ©ritĂ© propre. Dire que nos vies sont gouvernĂ©es par le principe de plaisir, c’est dire qu’elles sont Ă  chaque fois la vie de n’importe qui ou, si l’on prĂ©fĂšre, qu’elles sont sans vĂ©ritĂ©. Le surcroĂźt comme distinction de l’insistance La douleur insiste parce qu’elle excĂšde l’existence et que c’est justement cet excĂšs, la puretĂ© du rapport qui n’est plus rapport parce qu’il n’y a plus de termes qui se rapporteraient l’un Ă  l’autre la plaque, la main, qui la constitue comme mal elle vaut en quelque sorte pour elle-mĂȘme, c’est-Ă -dire pour rien, depuis l’en deçà de l’existence. La condition premiĂšre du plaisir Ă©tant la rĂ©sistance de l’objet, on parlera de la mĂȘme insistance, en ce qui le concerne. D’un autre cĂŽtĂ©, la dynamique du plaisir est qu’il tende Ă  l’hallucination, Ă  ce que l’existence ne compte plus. Eh bien, c’est Ă  partir de cette contradiction qu’il faut penser la rĂ©alitĂ© du plaisir, qui ne s’estime mais qui s’éprouve et dont la limite serait – non sera – que les choses agrĂ©ables ne soient plus rien d’autre, dans leur rĂ©alitĂ©, que des stimulations cĂ©rĂ©brales. Identique Ă  sa propre insistance, le plaisir est le rĂ©el de cette contradiction. On devine ce qui est en cause ici le fameux surcroĂźt » dont nous parle Aristote en pointant que l’accomplissement de l’action est, en plus, surajoutĂ©e pour rien Ă  sa perfection, le plaisir qui couronne ainsi l’effectuation de l’agent comme agent. Tout le monde est d’accord sur cette observation, qui vaut notamment pour le plaisir de travailler alors que la notion de travail est au contraire plutĂŽt celle de la peine. Or on mĂ©connaĂźt habituellement ce qui est impliquĂ© lĂ  que le plaisir est paradoxalement exclusif de la finalitĂ© ! Car enfin, c’est l’action qui est faite de finalitĂ©, et lui, il vient en plus. Pour rien, donc. Le plaisir a pour caractĂšre paradoxal d’échapper Ă  la finalitĂ© qui le constitue pourtant. Ainsi la question de la nature du plaisir rĂ©pond-elle Ă  celle de sa rĂ©alitĂ© que je viens d’indiquer. Et certes, la nature du plaisir ne saurait s’entendre extĂ©rieurement Ă  sa rĂ©alitĂ©, puisque le plaisir, c’est qu’on Ă©prouve du plaisir
Bref, mon idĂ©e est qu’à l’excĂšs de l’existence qui dĂ©finit la douleur correspond un excĂšs Ă  l’essence pour la plaisir, prĂ©cisĂ©ment en tant qu’il n’y a pas d’essence du plaisir sinon comme celle de l’épreuve de l’identitĂ©, Ă  travers la retrouvaille dont on a parlĂ© entre une sensibilitĂ© secrĂšte de l’objet et une sensibilitĂ© mĂ©connue du sujet. Entendons-nous je ne suis pas en train d’imaginer on ne sait quelle hypostase qui, sous le nom d’essence, aurait assez de rĂ©alitĂ© et une rĂ©alitĂ© toute mĂ©taphysique ! pour ĂȘtre excĂ©dĂ©e par quelque chose qui, d’ĂȘtre Ă©prouvĂ© et non pas jugĂ©, relĂšve assurĂ©ment de l’existence. Je parle ici de la rĂ©sistance de l’objet au sujet, dans et au-delĂ  de la communautĂ© de nature dont le plaisir est la reconnaissance je reconnais comme la nature secrĂšte du gĂąteau le rapport de sensibilitĂ© que j’étais avec moi-mĂȘme, mais cette reconnaissance est une Ă©preuve et non un jugement, en ce sens que cette nature secrĂšte du gĂąteau, je ne puis la reconnaĂźtre qu’à la mĂ©connaĂźtre, puisque c’est bien du gĂąteau qu’il s’agit, et pas de moi. La rĂ©sistance du gĂąteau, qui existe bien en lui-mĂȘme et n’est en rien comparable Ă  une annexe de mon palais, a ma propre mĂ©connaissance de sa nature secrĂšte » pour rĂ©pondant. C’est d’ĂȘtre sĂ©parĂ© de cette nature qui est pourtant la mienne que je dois l’éprouver et non pas simplement la reconnaĂźtre comme je reconnais de loin une personne dans la rue. Le plaisir est une Ă©preuve de la division subjective en mĂȘme temps qu’il est l’expĂ©rience de sa rĂ©paration. A propos de l’objet cette Ă©preuvequ’on fait du mĂ©connu en tant que tel est en mĂȘme temps l’expĂ©rience de sa reconnaissance. Tel est donc le secret, qui permet enfin de penser ce surcroĂźt » dont nous avons compris qu’il correspond Ă  l’insistance de la douleur au-de lĂ  de chacun des termes du rapport brĂ»lure comme rapport entre un brĂ»lant et un brĂ»lĂ©, alors qu’il n’y a plus de plaque et que la main est un pur lieu. L’épreuve et l’expĂ©rience, comme je l’ai dit souvent, sont exclusives l’une de l’autre et j’ai l’habitude de l’indiquer en rappelant que l’épreuve marque alors que l’expĂ©rience enrichit. Eh bien dans le plaisir, on ne niera pas qu’on ait quelque chose comme un enrichissement et, contrairement Ă  ce qui se passe dans la douleur, absolument pas une marque si le plaisir marque, c’est qu’il Ă©tait en mĂȘme temps, et le plus souvent de maniĂšre inconsciente, jouissante on a Ă©tĂ© subverti de jouir. D’un autre cĂŽtĂ©, il n’y a de plaisir que par la rĂ©sistance de l’objet, et donc que par l’épreuve qu’on fait de son altĂ©ritĂ©. AltĂ©ritĂ© pure, par consĂ©quent, et expressĂ©ment rĂ©flexive. Kant nous a faire reconnaĂźtre la nĂ©cessitĂ© de maintenir la dimension rĂ©flexive du plaisir. J’en dĂ©duis que l’épreuve ne concerne absolument pas l’objet, mais – dans la pure rĂ©flexion, donc – son altĂ©ritĂ©. L’objet, lui, on n’en fait pas l’épreuve on en fait l’expĂ©rience. Or comme il n’y a pas de rĂ©flexion de la nature de l’objet, tout entiĂšre mobilisĂ©e qu’est la rĂ©flexion par l’altĂ©ritĂ© en tant que telle, autrement dit par la rĂ©sistance dudit objet, cette expĂ©rience qui devrait donner lieu Ă  un savoir ne le fait Ă©videmment pas. Reste donc un enrichissement, qui est le reste rĂ©flexif de l’expĂ©rience, mais qui n’est pas un savoir, puisqu’il n’y a pas de position pour soi de la nature de l’objet. L’expĂ©rience enrichit Ă  cause de sa dimension rĂ©flexive, et ici la rĂ©flexion ne trouve rien qui la dĂ©termine le plaisir ne fait pas connaĂźtre. Eh bien je propos de voir dans cet enrichissement pur – qu’on pourrait aussi dĂ©signer Ă  travers l’oxymore d’une expĂ©rience sans le savoir » la nature propre du plaisir. J’insiste sur l’idĂ©e d’oxymore une expĂ©rience est une mobilisation de savoir en vue d’un surcroĂźt de savoir. Eh bien je dis que c’est expressĂ©ment de ce surcroĂźt qu’il s’agit dans l’indication donnĂ©e par le Philosophe le surcroĂźt du savoir rĂ©sultant sur le savoir mobilisĂ©, sauf qu’ici, la rĂ©sistance de l’objet Ă  tout savoir le plaisir ne se donne pas Ă  penser mais Ă  Ă©prouver non dans le concept mais dans l’existence fait de ce surcroĂźt un pur surcroĂźt. Ce que j’indique donc en parlant d’expĂ©rience sans le savoir. Nul ne peut nier que le plaisir, qui n’enseigne rien de la nature des choses, ne soit un bien qu’on ait Ă  s’approprier. Une richesse, donc ce qui reste de l’expĂ©rimenté  quand le savoir ne compte pas alors mĂȘme qu’on est en train de l’identifier Ă  la vĂ©ritĂ© puisqu’on est dans l’horizon de l’expĂ©rience. On ne peut donc suivre entiĂšrement Aristote qui dit que le plaisir vient par surcroĂźt celui-ci n’est pas la modalitĂ© de sa survenue le plaisir, qui reste alors impensĂ©, viendrait on ne sait d’oĂč ni pourquoi pour couronner l’action accomplie mais sa nature mĂȘme la distinction actuelle de l’épreuve et de l’expĂ©rience. Dans un vocabulaire diffĂ©rent, je forgerais alors la notion de secondaritĂ© de la jouissance ». A mon avis, cette dĂ©finition serait juste elle indiquerait que la jouissance est originaire et que le plaisir s’entend d’une secondaritĂ© conquise sur elle, dans l’exclusivitĂ© Ă  la dĂ©termination dont elle est littĂ©ralement faite et que la rĂ©flexion reprendrait alors. Mais elle me semble trop abstraite. Ayant pensĂ© le plaisir Ă  partir de l’insistance propre Ă  la douleur et l’ayant rapportĂ© Ă  la souffrance, je prĂ©fĂšre articuler sa dĂ©finition Ă  la question du savoir, telle qu’elle apparaĂźt dans les paradoxes de la rĂ©flexion qui est Ă  la fois Ă©preuve et reconnaissance. Je parle donc de l’écart, dont la subjectivitĂ© est forcĂ©ment faite d’oĂč le principe de plaisir » comme nĂ©cessitĂ© transcendantale, entre l’épreuve et l’expĂ©rience. VoilĂ . Je pense avoir rĂ©pondu aux principales questions que posait la notion de plaisir. Nous reviendrons Ă  la souffrance dans les prochaines sĂ©ances. Je vous remercie de votre attention. .
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